Ile-de-France

Économie : les défaillances d’entreprises en forte hausse en Île-de-France

Publié le 07/08/2023

Anticipées par de nombreux acteurs économiques après la fin des aides d’État, les défaillances d’entreprises ne cessent d’augmenter depuis la rentrée 2022. La tendance, en Île-de-France comme partout ailleurs dans le pays, est alimentée par un contexte international défavorable. Le recours aux procédures collectives pour pallier les difficultés des entreprises menace près de 120 000 emplois franciliens révèle, dans son dernier bulletin, l’Observatoire consulaire des entreprises en difficulté (OCED) de la CCI Paris Île-de-France.

Presque trois ans et demi après le début de la crise Covid et la mise à l’arrêt forcée de l’économie mondiale, le retour aux affaires du « monde d’avant » est rude pour beaucoup d’entreprises. Le nombre d’ouvertures de procédures collectives a retrouvé son niveau d’avant-crise. Tant sur le plan national (+ 49 %) que régional (+ 58 %), les défaillances se sont multipliées ces derniers mois. Selon les données collectées par l’Observatoire consulaire des entreprises en difficulté (OCED) de la CCI Paris Île-de-France, « suivant la tendance à la hausse constatée depuis début 2022, le nombre de procédures augmente de plus en plus depuis septembre 2022. Au 1er mai 2023, le niveau atteint en Île-de-France le niveau de fin 2019 ». Ainsi, dans toute la région, en l’espace d’un an, plus de 10 700 entreprises ont été engagées dans l’une de ces procédures. Et qu’elles soient « amiables » (mandataire ad hoc, conciliation) ou judiciaires (sauvegarde ou redressement), la tendance est significative – respectivement en hausse de 60 % et 67 % – et signe la fin d’une ère entamée pendant la crise sanitaire : celle du « quoi qu’il en coûte ». Logiquement la quantité de liquidations a elle aussi fortement augmenté (+ 57 %) pour s’établir au-dessus de la barre des 9 000 procédures ouvertes sur douze mois.

Un vent économique contraire

« Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de crise énergétique, de forte inflation, ou encore de tensions sur les marchés financiers », explique l’OCED en citant également d’autres paramètres jugés comme défavorables pour les acteurs économiques : augmentation des prix des produits à la consommation et des services ; dégradation du climat des affaires dans l’ensemble des secteurs ; consommation des ménages en recul ; recul du volume des ventes dans le commerce.

Concrètement, ces données collectées auprès de neuf tribunaux de commerce franciliens ne sont pas sans conséquences sur l’emploi régional. Ainsi 8 700 personnes ont perdu directement leur emploi à la suite d’une liquidation judiciaire ces douze derniers mois. Un chiffre « supérieur au niveau de fin 2019 », précise l’Observatoire. Aussi ce sont près de 33 000 salariés qui sont menacés par l’ouverture d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire alors que celles-ci ne permettent, en moyenne, qu’à 30 à 40 % des entreprises de trouver des solutions à leurs difficultés. Moins préoccupantes pour l’économie, les procédures dites « amiables » engagent tout de même l’avenir professionnel de plus de 86 000 salariés en Île-de-France. Néanmoins, rappelle l’OCED, « c’est un signal particulièrement positif car c’est dans le cadre de ces procédures que les emplois ont le plus de chances d’être pérennisés ».

Des crises internationales

Cette remontée spectaculaire des défaillances et des procédures collectives est-elle révélatrice d’une économie qui marque le pas après la relance post-Covid ? Dans son dernier bulletin, l’Observatoire cite plusieurs facteurs susceptibles de contrebalancer les faits observés. Parmi eux, la décrue des difficultés d’approvisionnement, le recul du prix du pétrole et du gaz ou encore la stabilité du taux de chômage sont substantiels. Autrement dit, la bonne santé économique du pays et de l’Île-de-France – première région créatrice de richesses – semble dépendre davantage des soubresauts de l’actualité internationale que des circonstances intérieures. Après une pandémie internationale et le déclenchement d’une guerre aux portes de l’Europe, les entreprises ont besoin, assurément, de stabilité pour se développer.

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