Le Rendez-vous de l’économie en Seine-Saint-Denis
La Chambre de commerce et d’industrie de Seine-Saint-Denis (93) a invité les acteurs du territoire pour son Rendez-vous de l’économie, organisé le 22 novembre 2018, à Bobigny. De nombreux participants sont venus débattre et témoigner des questions de conjonctures et d’attractivité du département. Une enquête réalisée par l’institut Médiamétrie a permis la mise en lumière des opportunités et freins de la Seine-Saint-Denis.
Le Rendez-vous de l’économie en Seine-Saint-Denis.
Le département de la Seine-Saint-Denis est connu pour sa diversité et son dynamisme même s’il souffre aussi d’une mauvaise image. Le Rendez-vous de l’économie, organisé par la Xhambre de commerce et d’industrie de la Seine-Saint-Denis (CCI 93) et la direction départementale de la Banque de France, était l’occasion de réunir les dirigeants d’entreprises, élus et acteurs locaux afin d’échanger sur l’évolution de la conjoncture. Ce 22 novembre 2018, ils étaient donc nombreux à participer à cet événement, organisé à la CCI 93, à Bobigny. Guy Detrouselle, directeur du pôle local de Médiamétrie, est venu présenter l’enquête de conjoncture réalisée par l’institut, en septembre 2017. Le débat portait ensuite autour de la question : « Entre attractivité économique et problématiques sociales, la Seine-Saint-Denis est-elle une terre d’opportunités économique et d’investissement ? ».
Depuis septembre 2018, la CCI 93 a créé un club conjoncture qui rassemble les acteurs institutionnels, tient des indicateurs sur la conjoncture du département et suit son évolution. Avec la participation de la Banque de France, les premières tendances en France et en Seine-Saint-Denis pour 2019 ont été révélées. Pour Serge Deloye, directeur Banque de France de Seine-Saint-Denis : « La croissance française est trop faible par rapport au taux de chômage. Cela montre que les chefs d’entreprise ont du mal à embaucher et qu’il est nécessaire de redresser la compétitivité française ». Au niveau régional, la croissance se confirme dans les services marchands et de l’industrie ainsi que pour le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Cela devrait s’intensifier avec les Jeux olympiques de 2024 et la construction du Grand Paris. En Seine-Saint-Denis, les indicateurs montrent également un niveau élevé concernant la création d’entreprise, avec 7 012 nouveaux enregistrements au 2e trimestre 2018, soit une hausse de 36,4 % par rapport à l’année dernière.
L’enquête de conjoncture de Médiamétrie s’est basée sur le témoignage d’environ 4 000 dirigeants de PME de moins de 500 salariés. Après plusieurs trimestres encourageants, l’économie du département semble marquer une pause, avec certains indicateurs positifs et d’autres, moins favorables. D’après l’enquête, 79 % des chefs d’entreprises ne souhaitent pas sortir du département. Leurs principales raisons sont la proximité entre la production et les clients ainsi que l’accessibilité en transport en commun.
Cependant, la moitié des répondants ont indiqué que leur situation financière était mauvaise. Concernant leur chiffre d’affaires, la Seine-Saint-Denis a un solde négatif, légèrement inférieur de celui de toute l’Ile-de-France, mais il pourrait redevenir positif dans les six prochains mois. Le niveau d’investissement est en hausse avec une priorité sur le remplacement des équipements usagés, pour gagner en efficacité ou pour développer de nouvelles activités. Le taux de chômage, quant à lui, reste le même avec une petite baisse au printemps dernier. En comparaison, en France, la situation économique était positive l’année dernière, mais une détérioration est très probable cette année.
Opportunités et freins du département
Selon la présidente de la CCI 93, Danielle Dubrac, « Il y a beaucoup d’opportunités dans le département, au niveau des transports, des logements, etc., mais nous avons besoin d’un travail sur l’image ». La Seine-Saint-Denis est considérée comme un territoire d’innovation, seulement, il faudrait que cela profite à la population et à la jeunesse qui est discriminée quand elle vient des quartiers populaires. D’après Pôle emploi, les secteurs qui recrutent le plus sont le tertiaire et le bâtiment, mais la difficulté est de trouver des personnes qualifiées sur les métiers techniques. La question de la sécurité est également une problématique du département malgré une légère baisse de la délinquance. Pour y remédier, de plus en plus de communes s’équipent de vidéosurveillances et la CCI a demandé des référents pour les entreprises dans les commissariats.
Dans divers secteurs d’activités, les perspectives pour les mois à venir sont tout de même encourageantes, grâce à la dynamique du Grand Paris. « Nous voulons ouvrir le département au design et à la mode. Le développement des métiers d’art aide à l’insertion et le savoir-faire a une portée positive », explique Marina Ribeiro, responsable du pôle des métiers d’art de la Maison Revel. Avec le nouveau réseau de transports et ses 68 nouvelles gares, les projets urbains se développent. Bien que les JO 2024 n’aient lieu que dans sept ans, 34 % des dirigeants d’entreprise pensent qu’ils auront un impact positif sur leur activité. « Il est important que les équipements olympiques laissent un héritage et c’est un des objectifs de la Solidéo », explique Jean-Sebastian Lamontagne, secrétaire général de la préfecture Seine-Saint-Denis. En effet, la société de livraison des ouvrages olympiques et paralympiques (Solidéo) garantit la livraison de l’ensemble des équipements à l’automne 2023 et assure un héritage matériel, durable et utile aux habitants après les Jeux. L’enjeu est que le développement économique actuel bénéficie à la population de Seine-Saint-Denis, sans oublier de répondre à ses besoins futurs.