Première édition du Prix de l’entrepreneur social et solidaire : la Fondation Arsene s’engage

Publié le 02/08/2019

Le cabinet Arsene est le premier cabinet d’avocats indépendants, exclusivement spécialisé en fiscalité. En 2017, les associés décident de créer une Fondation éponyme, sous l’égide de la Fondation de France. Son but ? Soutenir des projets d’intérêt général en faveur de l’enfance et de la jeunesse en difficulté, dans des domaines comme l’éducation, la santé, l’insertion professionnelle ou la création d’entreprise. La première édition du Prix de l’entrepreneur social et solidaire s’est tenue le 27 juin dernier, avec pour partenaire, l’association Nos Quartiers ont des Talents (NQT). Le prix vise à distribuer 10 000 euros, destinés à trois projets de l’économie sociale et solidaire, portés par de jeunes entrepreneurs.

 

Ce n’est sans doute pas un hasard si la première édition du Prix de l’entrepreneur social et solidaire, lancée par la Fondation Arsene, s’est tenue dans les locaux parisiens de l’incubateur solidaire Makesens, qui accompagne des entreprises œuvrant pour une société plus inclusive et durable. Une façon de marquer son empreinte résolument engagée. Pour cette première édition, la toute jeune Fondation, émanation du cabinet éponyme, était bien décidée à mettre des initiatives militantes en lumière. Sur une quinzaine de dossiers reçus après le lancement du prix, trois finalistes ont été sélectionnés. Ce sont ces trois visages que les participants ont pu découvrir lors de leurs présentations sur scène, dans un dispositif digne de « The Voice ». Le but de l’exercice ? « Pitcher » en direct, en quelques minutes seulement leur idée, devant un jury de professionnels, présidé par l’entrepreneuse Carole Juge.

Ce 27 juin, Mallaury Castaing était la première à se lancer sur scène pour présenter son projet : Résidence Résilience, qui cherche à concilier transformation environnementale du parc immobilier et solutions de logements des personnes âgées dans un lieu de vie adaptée. « Pensé lors du concours des 24h de l’innovation sociale avec une équipe que je ne connaissais pas, le projet a gagné le premier prix. J’ai décidé d’aller plus loin », explique-t-elle. Devant le constat du nombre important de logements énergivores, et des enjeux sociétaux (boom des personnes âgées et manque de logements pour les plus socialement fragiles), elle a pensé un système qui permettrait à des propriétaires âgés de louer leur logement, destiné à être repensé du point de vue de leur consommation d’énergie, où des familles socialement fragilisées pourraient habiter, tandis qu’eux pourraient se fixer dans une résidence collective.

À sa suite, Mathilda Milik présentait son projet : Treepinature, ayant pour but de diminuer ou d’éradiquer le plastique des festivals grâce à de la vaisselle biodégradable et compostable. « Seulement 57 % de la vaisselle en plastique sont recyclés lors des festivals ! », a-t-elle constaté au cours de ses recherches. En réaction, elle proposait des pièces biodégradables et compostables, en bambou. D’autant plus pertinent quand on sait que la loi va prochainement changer et prohiber l’utilisation du plastique à usage unique d’ici 2021…

Enfin, Hocine Youbi a pu présenter son projet : Les Grimpeurs, première plate-forme encourageant les jeunes à poursuivre leurs études et leurs projets, à l’étranger, notamment, grâce à la démocratisation de l’accès à l’information concernant les bourses auxquels ils ont droit et dont ils ne connaissent même pas l’existence. Un vrai gâchis des cerveaux, selon le jeune homme.

Après délibération, le jury a livré ses impressions et son verdict. Hocine Youbi, 28 ans, est sorti grand gagnant. En plus du prix du public, il remporte en effet une dotation de 6 000 euros et 15 heures d’accompagnement juridique par l’un des avocats du cabinet Arsene.

Á l’origine, le fondateur des Grimpeurs est parti d’un constat personnel. « Un quart des bourses dans le monde ne sont pas attribuées faute de candidats, déplore-t-il. J’ai eu la chance de pouvoir obtenir des bourses et de me donner les moyens de mes ambitions. Mais beaucoup d’étudiants sont limités, non par manque de talent mais par manque de temps et par la complexité administrative. Avec les Grimpeurs, je veux offrir aux jeunes la possibilité d’étudier à l’international, grâce à des bourses. Je pense qu’il faut aussi démystifier les bourses, qui sont systématiquement associées à des critères sociaux. Mais encore faut-il le capital culturel, tel que défini par Bourdieu, pour connaître les moyens d’y avoir accès. Les gens l’ignorent mais la grande majorité des bourses s’obtiennent sur le mérite », insiste encore l’entrepreneur.

 

Un coup de pouce et un accompagnement

Le cabinet Arsene, créé en 2004, a beau être un cabinet d’affaires, il n’en reste pas moins que les valeurs de collectif et de transmission sont unanimement partagées par ses membres, avance son président, Frédéric Donnedieu de Vabres. « Notre cabinet s’inscrit déjà dans une démarche de transmission, très collective. Nous ne nous définissons pas comme une simple addition d’avocats », explique-t-il. La Fondation, « qui nous trottait dans la tête depuis longtemps », quant à elle, dispose d’un million d’euros à déployer sur dix ans, sous l’égide de la Fondation de France, autour d’une démarche citoyenne. Déjà sept projets d’intérêt général d’aide à l’enfance et à la jeunesse en difficultés ont été financés et accompagnés, comme l’association 1001 mots, qui lutte contre l’échec scolaire dès le plus jeune âge, ou encore la Cravate solidaire, qui collecte des tenues professionnelles destinées à des personnes aidées.

Frédéric Donnedieu de Vabres, associé, président de la Fondation Arsene

Le Prix de l’entrepreneur social et solidaire s’inscrit dans cette même veine : aider des jeunes, en l’occurrence des jeunes entrepreneurs.

Avant la remise des prix, les trois lauréats avaient en effet bénéficié d’un coaching par un « mentor » du cabinet. « Nous avons seulement présenté le projet, et j’ai été émerveillé par la mobilisation des collaborateurs. Dans un emploi du temps déjà surchargé, ils ont su trouver du temps pour assurer le coaching des jeunes avec un professionnalisme incroyable », raconte Frédéric Donnedieu de Vabres. Pour ces avocats fiscalistes, l’occasion sans doute de mettre à profit leurs compétences dans une démarche différente de leur mission de conseil habituel. « Le métier de fiscaliste se trouve dans une ambiguïté grandissante, reconnaît Frédéric Donnedieu de Vabres (notamment par les souhaits de certains clients d’optimiser fiscalement leur entreprise, ndla). Par ce prix, le cabinet ne cherche pas à redorer son image, affirme-t-il, mais bien à aider des jeunes grâce à leurs compétences et expertise ».

Frédéric Donnedieu de Vabres reconnaît certes qu’il existe un fossé entre « les collaborateurs du cabinet, des « cols blancs », très éduqués, formés, et les jeunes entrepreneurs qui n’ont pas forcément la même formation », mais le secret réside dans « notre attitude. Nous n’avons pas géré les entretiens avec les candidats comme des entretiens de recrutement. Nous les avons fait venir, avons discuté avec eux. Nous leur avons fait parler de leur projet simplement. ’‘Expliquez-nous votre projet en 2 minutes’’, le fameux ‘‘elevator speech’’, a été le credo. Peut-être ont-ils été impressionnés, mais nous les avons affectueusement bousculés. Notre force ? Montrer une vraie empathie pour les jeunes », explique-t-il encore.

 

Une aide sur-mesure

Hocine Youbi (Les Grimpeurs)

Hocine Youbi, dont les Grimpeurs est le premier projet entrepreneurial, a beaucoup appris lors de ce mois d’accompagnement. « La plus grande plus-value que j’en retire a été le regard extérieur que m’a procuré Emma Rigal, avocate chez Arsene. Elle a pu me dire quels points manquaient de clarté et me conseiller pour que certains aspects du projet aient plus de résonance, explique-t-il. Discuter avec elle m’a aussi permis de me poser les bonnes questions, ainsi que d’avoir un éclairage sur les chiffres, d’améliorer la rigueur de mes sources pour étayer mon argumentation. C’est déterminant pour que de potentiels investisseurs ou business angels puissent en voir la viabilité ».

Emma Rigal (avocate, Arsene)

De son côté, Emma Rigal, 28 ans, collaboratrice depuis trois ans au sein du cabinet Arsene, évoque une expérience également concluante. « Participer à la Fondation Arsene résultait tout d’abord d’une volonté personnelle. Mais nous avons aussi la chance d’être soutenus par un environnement professionnel composé d’avocats, ce qui constitue le volet plus institutionnel de cet engagement. En priorité, il s’agissait de découvrir une personne, d’accompagner son projet en le respectant, car nous devons garder en tête que ce n’est pas le nôtre ». Grâce à des coups de téléphone, des rendez-vous réguliers, elle a ainsi pu aider Hocine Youbi. « Emmener quelqu’un plus loin, apporter sa petite pierre à l’édifice, c’est valorisant. J’aime l’idée que cela pourra aider aider Hocine dans ses démarches futures ».

Pour une start-up, ce qui « pose problème, c’est la question de la légitimité et de la reconnaissance. Depuis le prix, j’ai une patate d’enfer. Qu’un grand cabinet comme Arsene trouve le projet Les Grimpeurs digne d’intérêt, cela donne davantage confiance », se réjouit le jeune entrepreneur.

Quid du futur des Grimpeurs ? « Pour le moment, la version 1 du site est mise en ligne depuis dix jours, accessible gratuitement pour les étudiants. D’ici décembre, la version 2 sera prête, destinée aux établissements d’enseignement supérieur et aux fondations, ce qui permettra de monétiser la plate-forme », explique-t-il.

Devant le succès de cette première édition, Frédéric Donnedieu de Vabres espère bien pérenniser l’initiative, consolider et non disperser les soutiens. « Nous voulons bien choisir les initiatives afin de les soutenir durablement. Pour le Prix, nous espérons nous inscrire dans la durée, et motiver encore plus d’avocats bénévoles ». Fier de cette initiative, il tient néanmoins à ne pas communiquer de façon ostentatoire… Efficacité, et discrétion. Des qualités dans le conseil fiscal, comme dans les projets d’intérêt général.

LPA 02 Août. 2019, n° 146x3, p.4

Référence : LPA 02 Août. 2019, n° 146x3, p.4

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