Seine-Saint-Denis (93)

L’ANRU débloque 100 millions d’euros pour réhabiliter deux cités de Montreuil

Publié le 20/10/2021
Urbanisation, cités
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Lundi 4 octobre, le maire de Montreuil et président d’Est Ensemble, Patrice Bessac, accueillait le président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), le directeur régional d’Action logement et le sous-préfet de Bobigny pour acter le lancement de la réhabilitation de deux cités de la ville, La Noue et Le Morillon. Des quartiers pour lesquels l’ANRU débloque 100 millions d’euros.

Depuis une dizaine d’années, Montreuil est devenue une ville attractive. Le centre ville s’est largement gentrifié, séduisant les jeunes cadres parisiens. Mais d’autres quartiers de la ville sont restés à l’écart de cette dynamique. C’est le cas de deux cités: celle de la Noue, à la frontière de Bagnolet, à quelques encablures du quartier très prisé de la Croix de Chavaux, et celle du Morillon, tout à l’Est, à la limite du Val-de-Marne. Ces deux quartiers, aujourd’hui sales et délabrés, devraient radicalement changer, si on en croit les promesses faites le 4 octobre par le maire de la ville et président d’Est Ensemble, Patrice Bessac, le directeur régional d’action logement Ile-de-France, Olivier Bajard, et le directeur de l’ANRU, Olivier Klein.

Le maire de Montreuil, réélu pour un deuxième mandat en 2020, était tout sourire pour annoncer que 100 millions d’euros seraient débloqués par l’ANRU pour ces deux quartiers, répartis à hauteur de 70 millions d’euros pour La Noue et 30 millions pour Le Morillon. Il a dévoilé un pan des coulisses de la négociation, laissant entendre que la ville avait du batailler pour que l’agence revoie son financement à la hausse. « On nous annonçait six millions, cela n’était pas à la hauteur du Morillon ». Il s’est félicité d’avoir bataillé de manière « ferme » et « souriante » aux côtés de son adjoint en charge de la politique de la ville Gaylord Le Chequer pour décrocher cette somme.

« Les habitants avaient besoin de ces 30 millions », a-t-il insisté, disant au passage « son immense reconnaissance à l’ANRU de les avoir écoutés ».

Pour l’occasion, la place du Morillon, d’ordinaire sale et peu avenante malgré ses quelques façades ornée de graffitis, avait presque des airs de fête. Juste avant l’arrivée de la délégation, des employés municipaux s’étaient mobilisés pour la nettoyer au karcher, sous l’œil goguenard des habitants des cités voisines, peu habitués à ce genre d’égards. Ceux-si, arrivant au compte-gouttes, se plaignaient de ne pas avoir été informés de la signature de cet engagement. Aux abords de la tribune, ils se concertaient pour déplorer, à voix basse, s’inquiétant de savoir si leur logement serait détruit ou leur loyer augmenté. Gaylord Le Chequer, premier adjoint au maire de Montreuil, en charge de la rénovation urbaine, a tenté de les rassurer. « Là où on démolit, on reloge », a-t-il promis.

À quoi ressemblera, dans dix ans, le quartier du Morillon ? Gaylord Le Chequer l’a brossé à gros traits. « Je vous parle sur une place qui est en fait une rampe de parking », a-t-il concédé, la place se terminant en effet par un accès à un parc de stationnement sous-terrain. Le quartier, a-t-il assuré, a été pensé comme une « vraie place de village », avec des lieux de rencontre, un service jeunesse. Il sera aussi « désenclavé » par l’arrivée prochaine du tram, qui permettra aux habitants d’aller très rapidement à la piscine écologique des Murs à Pêches de Montreuil ou à la médiathèque de Noisy-le-Sec.

Patrice Bessac a détaillé le projet de réhabilitation des deux cités. Il l’a plusieurs fois qualifié d’« atypique », car il privilégie la réhabilitation à la démolition et à la reconstruction. Il consiste d’abord en une rénovation profonde de l’habitat pour 2 200 ménages, avec au programme un agrandissement des cuisines et des salles de bain, des créations d’espaces extérieurs et une rénovation énergétique. « C’est un point important pour la facture énergique et pour la facture climatique », a précisé l’élu. « À Est Ensemble, le logement est de loin la principale source d’émission de gaz à effet de serre et un élément de précarité énergétique pour des foyers modestes ». En plus des logements individuels, les espaces publics devraient être repensés pour permettre une meilleure circulation dans les quartiers et une mobilité vers le centre-ville ou les villes de banlieue avoisinantes. Trois groupes scolaires devraient être construits, ainsi qu’une salle polyvalente demandée de longue date par les habitants du Morillon. Répondant à une inquiétude latente des habitants des quartiers populaires, qui craignent que la réhabilitation, en rendant leur quartier plus attractif, ne les chasse plus loin, il a redit l’engagement de Montreuil pour la mixité et la diversité sociale et a insisté sur sa volonté de « conserver une part importante pour l’habitat populaire ».

Olivier Bajard, directeur régional d’Action logement, acteur du logement social en Île-de-France, a profité de son allocution pour donner une autre image des quartiers faisant l’objet d’une politique de la ville. « Le logement social n’est pas une fatalité », a-t-il dit, avant de rappeler qu’il avait lui-même « grandi aux Minguettes et que cela ne [l’]empêchait pas de porter un costume trois pièces à cinquante ans. Ces endroits sont des lieux de développement humain et social. Aujourd’hui, on reconstruit et on repense pour rendre ces logements agréables. L’avenir de la France il est là ».

Le président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Olivier Klein, a à son tour souligné l’ampleur de l’engagement de l’Agence, multiplié par quatre depuis le début du projet. Il a précisé que l’ANRU envoyait là un signal, et serait certainement suivi par d’autres acteurs. Il a estimé qu’au total, les cités de Montreuil devraient bénéficier de quatre fois plus que les fonds alloués par l’ANRU. « Près de 400 millions d’euros devraient être dépensés dans les 10 ans à venir pour les quartiers populaires de Montreuil ». L’ANRU compte, sur l’ensemble du territoire, plus de 1 000 chantiers en cours et 400 réalisations terminées. « J’espère pouvoir revenir ici, visiter des chantiers, poser les premières pierre », a-t-il conclu.

Alaric Malves, sous-préfet de Bobigny, a pris la parole en dernier. Il a rappelé que, entre les quartiers de La Noue et du Morillon, « 11 000 habitants vont voir leur logement réhabilité». Changer la vie des habitants est ce qui nous anime. Cela a du sens, dans un département comme la Seine-Saint-Denis ».

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