L’ACPR fait le bilan de la situation des assureurs soumis à Solvabilité II fin 2020

Publié le 10/11/2021

L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a publié le 8 novembre dernier une synthèse qui présente la situation des assureurs soumis à la directive Solvabilité II en France à la fin de l’année 2020.

Le rapport précise que l’année 2020 a été marquée par la combinaison d’une crise sanitaire et économique d’ampleur sans précédent et d’un nouvel épisode de baisse des taux d’intérêt. Le secteur français de l’assurance a démontré sa résilience, mais le contexte macroéconomique est incertain.

L’activité d’assurance-vie est en recul sur l’année 2020 et les primes collectées en affaires directes ont baissé de 18,3 % par rapport à 2019. Si les mois de confinement ont entraîné une hausse de l’épargne des ménages français, cette épargne a davantage bénéficié aux supports les plus liquides, tels que les comptes courants et comptes d’épargne. La collecte en assurance-vie a été particulièrement affectée entre mi-mars et début juin 2020, puis a retrouvé un niveau proche de sa moyenne de long terme au cours du second semestre et le deuxième confinement n’a pas pesé significativement sur la collecte.

La décollecte nette tous supports enregistrée sur l’ensemble de l’année 2020 (-7,0 milliards d’euros) résulte pour l’essentiel de la contraction de la collecte brute pendant le premier confinement. Le premier confinement (mars, avril et mai 2020) présente ainsi des niveaux de décollectes mensuelles de près de -2,5 milliards d’euros en moyenne. Cette décollecte est essentiellement expliquée par le recul des supports en euros encouragé par les assureurs (-30,9 milliards d’euros de décollecte nette). La collecte sur les supports en unités de compte est restée quant à elle dynamique (23,9 milliards d’euros de collecte nette) et les arbitrages des supports euros vers les unités de compte atteignent un montant de 1,1 milliard. En dépit du contexte de crise sanitaire, les rachats diminuent en 2020. Après quelques semaines de hausse mi-mars, les rachats d’assurance-vie ont connu une baisse significative à partir d’avril.

L’évolution des sinistres en assurance-vie a été peu affectée par la crise sanitaire. Bien que les sinistres augmentent en 2020, cette évolution s’inscrit dans une tendance de croissance de long terme. Ils s’élèvent à 41,9 milliards d’euros en fin d’année (soit une croissance de +7 % par rapport à l’année précédente). Le secteur poursuit sa transformation en réponse à l’environnement durable de taux bas qui affecte le rendement des portefeuilles obligataires et pèse sur les revenus financiers des assureurs. L’attractivité des supports en unités de compte tire en partie sa source dans les stratégies d’offre des assureurs, incitant les assurés à investir dans ces supports, de façon à s’adapter au contexte de taux bas. L’ACPR appelle toutefois les assureurs à être particulièrement transparents et vigilants sur le devoir de conseil relative à la commercialisation de ce type de produit.

L’activité d’assurance non vie progresse légèrement en 2020, mais la situation diffère selon les branches d’activité. Les primes acquises d’assurance non vie en affaires directes augmentent de 0,9 % entre 2019 et 2020 et les sinistres en affaires directes progressent de 2,3 %. Le ratio combiné de l’activité non vie évolue peu en 2020 et passe de 96,7 % au 4e trimestre 2019 à 96,5 % au 4e trimestre 2020.

Cependant, la crise sanitaire a eu un impact significatif sur plusieurs lignes d’activité. Alors que les primes et les sinistres sur la protection du revenu et sur les dommages aux biens ont augmenté, les restrictions de circulation qui ont marqué l’année 2020, en raison notamment de la mise en place du confinement, ont entraîné une forte diminution des sinistres sur les lignes d’activité de l’assurance automobile. L’évolution de la sinistralité de l’assurance santé a connu une forte inflexion des sinistres au 1er semestre 2020, quasiment rattrapée au 4e trimestre. Le niveau de la sinistralité demeure néanmoins en deçà de son niveau de fin 2019.

L’allocation de l’actif des assureurs évolue peu. Les placements des organismes d’assurance français s’élèvent à 2 743 milliards d’euros en valeur de marché à la fin de l’année 2020, en hausse de 2,9 % par rapport au semestre précédent (2 666 milliards d’euros) et de 1,2 % par rapport à la fin de l’année 2019 (2 711 milliards d’euros). Bien que la structure des placements des assureurs évolue peu, la valeur de certaines classes d’actifs a connu des évolutions importantes au cours de l’année 2020 en raison de la forte volatilité des indices boursiers et de l’évolution des taux d’intérêt durant la crise sanitaire. Passées les fortes incertitudes sur les conséquences du 1er confinement (de mars à juin 2020), les marchés se sont rétablis, et l’allocation observée sur les actifs des assureurs à la fin de l’année 2020 diffère peu de celle de fin 2019 : les obligations souveraines représentent 28 % des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 26 % et les actions 11% (contre respectivement 27%, 27% et 11%). Dans ce contexte, les assureurs ont continué à privilégier des contreparties principalement situées en France ou dans la zone euro. Une telle stratégie d’allocation d’actifs leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité, pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité. Ces actifs les plus liquides représentent la moitié de leurs actifs. Les assureurs non vie sont quant à eux capables de couvrir en moyenne l’équivalent de 28 mois de sinistres.

En 2020, en dépit d’une nouvelle baisse taux d’intérêt conjuguée à la crise sanitaire, la situation financière des assureurs est solide. Dans un contexte déjà historiquement bas, la volatilité des marchés actions et la hausse des primes de risque sur les obligations d’entreprise en début d’année ont affecté le taux moyen de couverture de solvabilité requis (CSR) des organismes d’assurance. Ce dernier a diminué significativement notamment au 1er semestre, en raison de ces mouvements de marché et de l’accentuation de la baisse des taux en début d’année, passant de 267 % à 243 % entre la fin 2019 et fin 2020 selon les premières estimations annuelles. Après la baisse observée au premier semestre 2020, le ratio de couverture de solvabilité s’est redressé au dernier trimestre 2020. La courbe des taux d’intérêt sans risque de fin 2020 se trouve toujours en retrait de celle de fin août 2019 caractérisant le 1er épisode de taux négatifs. Toutefois, le niveau de solvabilité des assureurs demeure solide et, à un niveau agrégé, les fonds propres disponibles représentent toujours plus de deux fois le capital de solvabilité requis.

Sources :
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