Appréciation concrète du lien de subordination : un utile rappel de la Cour de cassation

Publié le 05/10/2023
Appréciation concrète du lien de subordination : un utile rappel de la Cour de cassation
Court of Cassation on Seine in Paris, France

Après la rupture de son contrat de prestation de services, un justiciable demande de requalification de cette relation contractuelle en contrat de travail.

Les personnes physiques, dans l’exécution de l’activité donnant lieu à immatriculation aux registres qu’énumère l’article L. 8221-6, sont présumées ne pas être liées avec le donneur d’ordre par un contrat de travail. L’existence d’un contrat de travail peut toutefois être établie lorsque ces personnes fournissent des prestations dans des conditions qui les placent dans un lien de subordination juridique permanente à l’égard du donneur d’ordre.

Le lien de subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné. Peut constituer un indice de subordination le travail au sein d’un service organisé lorsque l’employeur en détermine unilatéralement les conditions d’exécution.

Pour débouter le prestataire de sa demande, l’arrêt retient que l’intéressé ne rapporte pas la preuve qu’il exerçait ses fonctions dans le cadre d’un service organisé, qu’il se contente d’affirmer, sans produire aucun élément, qu’il n’avait aucune liberté quant à la manière de réaliser son travail dans le choix des lieux d’achat et des biens commandés, qu’il ne justifie pas plus d’un pouvoir de contrôle par la société de son activité et de la faculté pour cette dernière de sanctionner ses agissements, qu’il n’est pas démontré que la société exerçait un contrôle assorti d’un pouvoir de sanction sur le port de la tenue de l’entreprise, qu’il ne ressort pas plus des éléments de la cause qu’il aurait été tenu de rendre compte de son activité à la société, que la réalité d’un pouvoir de notation de la société n’est pas plus démontrée, que la seule référence au contrat de prestation de service qui prévoit un droit d’audit et de contrôle de la société n’est pas suffisante, l’existence d’une relation de travail dépendant des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité du travailleur.

L’arrêt retient encore qu’il ne peut être tiré aucune conséquence du contenu de l’article du contrat, que le demandeur qualifie de clause d’exclusivité ou de non concurrence, l’existence d’une relation de travail dépendant des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité du travailleur, et que la lettre de résiliation du contrat de prestations de service, envoyée par la société dans le cadre de cet article, qui prévoit que tout manquement du prestataire à l’un de ses engagements contractuels peut entraîner la résiliation du contrat après mise en demeure comportant l’indication des manquements auxquels il doit être mis fin, n’établit pas plus la réalité d’un lien de subordination juridique.

En se déterminant ainsi, sans analyser concrètement les conditions effectives dans lesquelles le livreur exerçait son activité, telles que fixées par les stipulations contractuelles, l’intéressé faisant valoir qu’il devait livrer des biens pour le compte de la société sans pouvoir se constituer une clientèle propre ou travailler pour une société concurrente, devait utiliser une carte bancaire fournie par la société pour effectuer les achats qui étaient ensuite livrés, ce dont il déduisait être intégré dans un service organisé, qu’il était rémunéré en fonction d’un taux horaire fixe et avait l’obligation de porter une tenue au logo de la société sous peine de sanction consistant en la résiliation du contrat et d’accepter la commande dès lors qu’il était connecté sans pouvoir la refuser, la cour d’appel prive sa décision de base légale.

Sources :
Rédaction
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