Grand Paris

Immobilier : le marché francilien porté par la banlieue

Publié le 23/06/2021

Les notaires du Grand Paris viennent de dévoiler les chiffres de l’immobilier du premier trimestre 2021 en Île-de-France. Conséquence directe de l’année écoulée, marquée par le sceau du Covid-19, c’est en banlieue que les principales hausses des volumes de ventes et des prix sont constatées. À Paris, le marché paraît encore groggy.

Entre assurances et doutes, le marché immobilier en Île-de-France hésite pour ce premier bilan 2021. D’abord, il y a les certitudes : le volume des ventes se maintient à un niveau élevé sur les trois premiers mois de l’année. 160 000 transactions ont été réalisées durant cette période dans la région. Un chiffre en recul, certes, mais qui révèle une nouvelle fois la robustesse du marché face à la crise. Les prix continuent quant à eux de croître : + 0,1 % sur le dernier trimestre, + 4,7 % sur un an.

Pour les notaires du Grand Paris, « La crise actuelle a bel et bien remis l’immobilier et le logement au centre des préoccupations des ménages. Des taux de crédit à l’habitat toujours exceptionnellement attractifs, un accès au crédit fluide, avec une importante épargne cumulée à défaut de pouvoir être dépensée, accompagnent ce désir renouvelé d’accession à la propriété ».

Attractivité périphérique

Principal acteur de cette bonne dynamique : la banlieue, et notamment la grande couronne où le nombre de ventes trimestrielles de maisons anciennes a par exemple bondi de 8 %. De manière générale, les prix suivent la même tendance, aussi bien en petite qu’en grande couronne. Sur un an, le prix de vente des maisons anciennes, proche de Paris, s’est envolé de 7,4 % pour s’établir, en moyenne, à 411 200 €. La hausse est de 6,9 % en grande couronne, pour un coût d’achat moyen de 308 300 €.

Le marché des maisons se trouve ainsi renforcé par la pandémie. « La crise sanitaire et le confinement semblent conduire à des mouvements de transformation de la demande des acquéreurs dont on ne sait pas encore dire s’ils sont dictés par les circonstances ou par une transformation plus profonde et définitive des modes de vie et des façons de travailler et de se loger », précisent les notaires du Grand Paris. Avant d’ajouter : « Les bénéfices dans les cœurs des grandes villes sont amoindris avec les contraintes des confinements. On observe d’ailleurs que la conjoncture immobilière a été meilleure en France qu’en Île-de-France et en petite et grande couronnes – avec une prime à la maison individuelle – que dans Paris ».

À Paris justement, moteur historique et référence du marché immobilier de la région, la tendance est davantage à la modération, et le flou s’installe. Le volume des ventes a chuté de 14 % sur un an, plus forte baisse de l’ensemble du marché, et le prix de vente des appartements anciens a augmenté de 1,7 %, soit la progression la plus lente cette fois-ci. Fin mars 2021, le prix du mètre carré parisien s’élevait, en moyenne, à 10 640 €, en deçà du record de novembre dernier (10 860 € le m²). Faut-il, dès lors, deviner dans ces données un renversement du marché le plus cher et couru de France ? Non, d’après les notaires du Grand Paris. Pour eux, ces « ajustements de prix porteraient essentiellement sur des biens avec des défauts, ou de très grande taille. Mais parallèlement, les vendeurs seraient désormais plus à l’écoute des recommandations de professionnels et enclins à davantage de modération, ce qui pourrait progressivement apporter de la fluidité au marché parisien ».

En résumé, les spécialistes parient davantage sur une normalisation des prix plutôt que sur leur retournement. Preuve à l’appui, c’est dans les arrondissements parisiens les plus exorbitants que les tarifs se tarissent. Dans les VIIe et le VIe arrondissements, les plus cotés de la capitale (respectivement 13 490 € et 14 280 € le m²), les prix n’ont augmenté que de 0,1 % et 0,2 % sur un an. A contrario, dans les XXe et XVIIe arrondissements, parmi les moins chers, les prix ont crû de 3,5 % et 4,6 % par rapport à l’an dernier. Les confinements successifs n’ont semblent-ils pas éteint tout désir d’acquisition au sein de la capitale. Cette même capitale vidée d’une partie de ses habitants après le premier confinement, et à qui l’on prédisait le pire. À l’heure de la réouverture des commerces et des lieux culturels, les prédictions ont bien changé.

Doutes sur l’avenir

D’après leurs avant-contrats, les notaires du Grand Paris misent sur une stabilisation des prix dans la capitale d’ici le mois de juillet prochain. Une nouvelle fois, les maisons en grande couronne et l’immobilier hors Paris devraient tirer le marché francilien avec une hausse encore soutenue des volumes de vente et des prix.

Attention tout de même, alertent les notaires, « On peut craindre à plus long terme que des incertitudes nouvelles n’apparaissent si des ajustements économiques sévères et jusqu’à présent différés devaient intervenir au sortir de la crise. Le marché du logement, qui bénéficie plus que jamais de l’intérêt et de la confiance des ménages, pourrait alors s’en trouver bousculé ». À l’instar du reste de l’économie et de la société, le marché de l’immobilier francilien pourrait ne pas résister à une nouvelle vague épidémique corrélée à un énième confinement. La confiance des acteurs n’y résisterait pas. Pour l’heure, aucun vaccin ne permet de se prémunir contre le doute, un virus nuisible en économie.

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