Au-delà des étoiles

Publié le 04/05/2017

V. van Gogh, Le Semeur, 1888.

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Depuis la Renaissance, le paysage a permis de traduire ce qui est ressenti intérieurement, en introduisant le spectateur dans des expériences immédiates qui ont une qualité spirituelle. Les peintres ont ainsi eu un rôle d’intermédiaires entre une nature qui se découvre autrement et l’être humain en quête d’une spiritualité. Goethe écrivit : « La Nature ! Elle nous entoure et nous étreint, impuissants que nous sommes à nous séparer d’elle… Nous vivons en son sein et ne la connaissons pas. Elle nous parle sans cesse, mais ne trahit pas son secret… Elle est toujours pensée et toujours réfléchie, bien que ce ne soit pas à la façon de l’homme, mais à celle de la Nature ».

L’exposition du musée d’Orsay a été conçue avec l’Art Gallery of Ontario, de Toronto, et elle nous propose de regarder différemment les peintures de paysages de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Pour cela, l’accent a été mis sur les interrogations mystiques des artistes de cette période, qui allèrent au-delà des apparences physiques et dépassèrent la réalité formelle du paysage, dans le but d’approcher la vie qu’il cache. Ce fut pour retrouver un certain lien, une certaine unité avec la nature et le cosmos. Ces démarches, ces quêtes, sont caractéristiques d’une démarche spirituelle, parallèlement à ce que proposent les religions. Pour les peintres de paysages de cette période, il y eut un souhait, une volonté d’exprimer les interrogations de l’homme face à la nature. Interrogations liées, nous le pensons, à des livres comme La Théorie des couleurs, de Goethe, ou Du spirituel dans l’art, de Vassily Kandinsky, au questionnement de Paul Gauguin ou des pointillistes, au besoin d’avoir le paysage devant soi, quand les peintres décidèrent de poser leur chevalet devant le motif.

Ces réflexions trouvèrent aussi leurs origines dans les échanges avec les artistes d’Europe du Nord et les artistes canadiens dans la représentation du sacré dans la nature. Ce sujet toucha les peintres appartenant aux courants impressionniste, symboliste et nabi. Ils  portèrent leurs regards vers l’infini, se lancèrent dans une quête de lumière, une recherche de fusion de l’homme dans le Tout, une expérience des forces transcendantes de la nature. Ce fut à la fois des situations sensibles et spirituelles, éprouvées et recherchées, autant par les peintres que par les spectateurs de leurs œuvres.

LPA 04 Mai. 2017, n° 125f4, p.16

Référence : LPA 04 Mai. 2017, n° 125f4, p.16

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