Autour de Don Quichotte
Miguel de Cervantes, Public domain, via Wikimedia Commons
Lire dans le texte l’histoire d’El ingenioso hidalgo D. Quixote de la Mancha (Madrid, Juan de la Cuesta, 1605), n’est sans doute pas donné au premier lettré espagnol venu. À l’époque de sa parution, il en fut pourtant vendu plus de trente mille exemplaires, un chiffre considérable pour l’époque. Nous n’en conseillerions pourtant pas la lecture, car Miguel Cervantes n’avait pu en surveiller l’impression. Cette première édition comporte en effet de nombreuses fautes, à un tel point qu’elle fut retirée des librairies en quelques semaines pour être remplacée par une deuxième impression, après quelques corrections. celles-ci manquaient de justesse et aggravèrent les défauts de l’édition princeps. On se remit donc à l’ouvrage pour en composer une troisième. Cervantès, cette fois, corrigea lui-même plusieurs fautes et, manifestement, améliora le contenu en supprimant des passages et en en ajoutant d’autres, explique Benages y Fonbuena, auteur d’une bibliographie des œuvres de Cervantès.
On se plaît à rapporter que Cervantès ne se pressa pas pour achever la suite des aventures de son héros. Il y fut poussé par la parution, en 1614, d’une « Suite du Don Quichotte » apocryphe. Il reprit donc la plume et fit paraître l’année suivante la Segunda parte (Madrid, La Cuesta). La première traduction en français de la première partie de Don Quixote, fut réalisée par César Oudin (1560-1625) et publiée par Jean Foüet en 1616. La seconde, en 1618, par François de Rosset (1571-1619). Les deux tomes étaient édités séparément jusqu’à ce que ces deux traductions fussent réunies pour la première fois par l’imprimeur rouennais, Jean Berthelin, en 1646. Un exemplaire de cette édition, paru sous le titre Le valeureux Dom Quixote de la Manche, ou l’Histoire de ses grands exploits d’armes, fidèles amours et Adventures estranges (deux tomes en un volume in-8), relié en plein vélin rigide ivoire de l’époque, a été adjugé 2 100 €, à Drouot, le 7 juin 2024 par la maison Gros Delettrez, Julien Remaut étant au marteau assisté par Jacques Benelli, lors de la dispersion de la Collection RC, autour de Don Quichotte.
Même si ces deux traductions contemporaines, dans l’esprit du XVIIe, restent souples, la compréhension du texte restait toutefois malaisée à cause de la manière de Sancho Pansa de ne s’exprimer qu’à l’aide de proverbes, afin de résumer la sagesse populaire. François de Rosset entreprit de recenser et traduire la plupart des proverbes espagnols. Cet ouvrage parut pour la première fois en 1605. Un exemplaire d’une nouvelle édition, revue et corrigée « pour y voir clair », sous le titre Refranes o proverbios castellanos traduzidos en lengua francesa (Paris, Pierre Moêt, 1659), relié en pleine basane, a été vendu 120 €, le 7 juin 2024. Et l’on ne saurait négliger la gloire de Don Quichotte. Un petit Almanach inconnu, titré Les aventures de Don Quichotte, orné de « jolies gravures » (Paris, Marcilly / Caillot, [1804-1805], recouvert en papier dominoté, placé dans un étui richement orné d’un losange central et d’écoinçons dorés et polychromes avec différents fers décoratifs, a trouvé preneur à 450 €.
Référence : AJU015j7