Bacci, archiatre du pape, aux thermes
Le Floc’h
Non loin de la villa Adriana, les curistes se pressent aux Bagni di Tivoli. Ceux-là peuvent imaginer qu’ils y ont été conduits par Pline l’Ancien, qui a décrit son eau sulfurée surgissant à une température constante de 23°C. Dans sa monumentale Histoire naturelle, comptant trente-sept volumes, publiée vers 77, il mentionne cette eau sous le nom de Aquae Albulae Sanctissimae, ce qui signifie les « sanctissimes eaux blanches ». L’empereur Auguste y avait établi au début du Ier siècle la première station thermale connue sous le nom de bains d’Agrippa près du lago della Regina. On oublia les termes après la chute de l’empire jusqu’à ce que le cardinal Hippolyte d’Este (1509-1572) fasse construire un canal pour collecter les eaux et revitalise le thermalisme.
Il fallait bien un médecin savant pour se pencher sur les thermes, en ce début de la Renaissance. Celui-ci, Andrea Bacci (1524-1600) était aussi un brillant naturaliste ; il se définissait lui-même Andrea Baccius Philosophus, Medicus Elpidianus et Civis Romanus. Pour preuve, il a écrit des travaux sur l’hydrologie, la pharmacologie, la zoologie, la minéralogie et l’œnologie, et encore sur les eaux thermales. Cette dernière spécialité lui valut une certaine renommée, grâce à son ouvrage, De Thermis. Liber primus, in quo de ratione, ac natura Aquarum sponte manantium agitur libri septem (Venise, Apud Felicem Valgrisum, 1571. Cet ouvrage fut réimprimé plusieurs fois, notamment en 1576 et 1588, toujours à Venise. Un exemplaire de l’édition romaine de 1622 par, Jacob Mascard, (petit in-folio), relié postérieurement en plein veau havane, les plats ornés d’un encadrement de triple filets dorés, le dos à 6 nerfs ornés, la pièce de titre de maroquin rouge, toutes les tranches dorées, a été adjugé 300 €, à Saint-Cloud, le 31 octobre 2024 par la maison Le Floc’h, assistée par Nicolas Asvisio. Celui-ci note que dans ce petit ouvrage, « on trouve notamment en fin de volume de courtes parties sur les bains de lait, d’huile, de vin, de sang. » Sinon, dans ce livre, Bacci – au nom si doux – étudie la nature des eaux en général, donne des notions sur les fontaines, les lacs et les sources thermales, la manière de faire usage des bains pour la guérison des maladies, etc. Les livres V et VI concernent les eaux métalliques et les eaux sulfureuses, et le livre VII se rapporte aux bains sous la Rome antique.
Protégé par le cardinal Ascanio Colonna, Andrea Bacci fut nommé archiatre, c’est-à-dire médecin personnel du pape Sixte Quint (1521-1585-1590) ; il enseigna aussi la botanique à l’université Sapienza de Rome. Andrea Bacci a laissé une douzaine d’ouvrages dont De naturali vinorum historia (Rome, Nicolas Mutio, 1596, 7 volumes) considéré comme son œuvre la plus importante. Un exemplaire de cette édition originale, relié à l’époque en veau brun, a été adjugé 3 500 €, à Drouot, le 16 juin 2022 par la maison Collin du Bocage.
Référence : AJU016e4