Correspondances : un dialogue entre arts et activisme au Crédac d’Ivry-sur-Seine

Publié le 07/11/2024

Le centre d’art contemporain d’Ivry-sur-Seine (94), le Crédac, propose jusqu’au 15 décembre une exposition immersive : « Correspondances. Lire Angela Davis, Audre Lorde, Toni Morrison », qui tisse des liens entre les œuvres des trois écrivaines féministes et afro-américaines et une sélection d’artistes contemporains.

L’Arche / Libertalia / Christian Bourgois

L’exposition « Correspondances. Lire Angela Davis, Audre Lorde, Toni Morrison », présentée en partenariat avec le Festival d’automne, et fruit d’un long travail de recherche mené par l’historienne de l’art Elvan Zabunyan, invite le public à plonger dans les archives personnelles des trois autrices. Lettres, poèmes, carnets de notes… ces documents inédits révèlent des facettes intimes de leur engagement politique et intellectuel.

Longtemps éditrice puis professeure de littérature à l’université, Toni Morrison (1931-2019) a publié son premier roman The Bluest Eye (L’Œil le plus bleu) en 1970. Elle reçoit le prix Pulitzer en 1988 pour son roman Beloved et est récompensée en 1993 du prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre. Celle-ci explore les violences racistes subies aux États-Unis, par les femmes en particulier.

Audre Lorde (1934-1992), poète et militante américaine née à Harlem, a marqué la littérature et les luttes féministes par sa voix unique. Ses écrits, profondément personnels, allient poésie et engagement et abordent les intersections du racisme, du sexisme et de l’homophobie. Considérée comme une pionnière de la pensée féministe intersectionnelle, elle a souligné l’importance de reconnaître les multiples oppressions vécues par les femmes. Ses œuvres, comme Zami et Sister Outsider sont des invitations à une réflexion profonde sur l’identité, la différence et la justice sociale.

Angela Davis est née en 1944 à Birmingham dans l’Alabama. Philosophe, enseignante et écrivaine, elle s’est engagée auprès du Black Panther Party et du Parti communiste dès les années 1960. Soupçonnée d’être impliquée dans une prise d’otages menée par des Black Panthers, elle est arrêtée et emprisonnée mais, acquittée, échappe à la peine capitale. Angela Davis est une intellectuelle et militante américaine reconnue mondialement pour ses combats contre le racisme, le sexisme et l’incarcération de masse. C’est une figure majeure du féminisme noir et de la lutte pour les droits civiques, notamment avec ses écrits, tels que Femme, Race, Classe et La prison est-elle obsolète ?, sont des références dans ces domaines. Elle continue à ce jour de s’engager pour une société plus juste et équitable.

L’exposition ne se contente pas de présenter des archives. Elle les met en dialogue avec des œuvres d’artistes comme Joan E. Biren, Krista Franklin ou encore Pope.L, mais aussi Jean Genet ou Céline Sciamma. Ces artistes, à travers leurs propres pratiques, interrogent les notions de race, de genre et d’identité, tout en rendant hommage aux luttes menées par Davis, Lorde et Morrison.

Un projet pédagogique ambitieux

Au cœur de ce projet, on retrouve une dimension pédagogique forte. En effet, des élèves de collèges ont été invités à travailler sur ces archives, donnant lieu à des créations originales qui sont présentées aux côtés des œuvres d’artistes reconnus. Une démarche qui souligne l’importance de transmettre les combats et les idées de ces femmes à de nouvelles générations.

Pour accompagner l’exposition, le Crédac propose un programme d’événements riche et varié : visites guidées, ateliers, lectures, projections… Autant d’occasions de prolonger l’expérience et d’approfondir les thèmes abordés dans l’exposition.

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