Dans l’intimité de Michel Roux-Spitz
Par CVB — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia commons
Sur le quai d’Orsay, à Paris, entre l’esplanade des Invalides et le pont de l’Alma, un immeuble se démarque. Le centre de sa façade est agrémenté d’un bow-window à pans coupés. Michel Roux-Spitz (1888-1957) fut le premier à mettre au point cet élément d’architecture que l’on retrouve dans une série d’immeubles, celle que l’on appellera la « série blanche », bâtis entre 1925 et 1931. Celle-ci comprend, outre celui du quai d’Orsay, la rue Guynemer, l’immeuble du boulevard du Montparnasse et enfin celui du boulevard d’Inkermann à Neuilly-sur-Seine, complété par les immeubles Ford du boulevard des Italiens et Perzel de la rue de la Cité Universitaire. Ce type de fenêtre en encorbellement à trois pans de la façade sur rue sera repris par de nombreux architectes par la suite avec plus ou moins de bonheur.
Michel Roux-Spitz, qui avait obtenu le grand prix de Rome en 1920, se fit remarquer à l’Exposition des arts décoratifs de 1925 en tant que décorateur et créateur de meubles. Tout au long de sa carrière, il défendit la position des architectes modernes mais s’opposa aux principes radicaux du Corbusier et promut une modernité apaisée. On n’est pas surpris d’apprendre, près de soixante-dix ans après sa disparition, qu’il était, certes un homme de goût, mais davantage un grand amateur. Il ne se définit pourtant jamais comme « collectionneur », il vécut sa passion pour l’art discrètement. Il acquit de nombreuses pièces dans l’intimité de son cercle amical. Celles-ci sont signées de ses amis artistes, Alfred Janniot, Joseph Antoine Bernard, Albert Decaris ou encore Charles Dufresne. Des œuvres qui furent conservées dans sa famille depuis toujours et donc inédites en ventes publiques. Des éléments de son ancienne collection, jointe à celle de sa veuve, Jeanne-Claire Escuroux (décédée en 1976), seront mis en vente, les 6 et 19 décembre 2024, à Drouot, par la maison Ferri & Associés. La bibliothèque sera, quant à elle, dispersée en mars 2025.
Si l’on remarque un jade sculpté aux coloquintes de l’époque Qianlong (1735-1796), estimé 80/100 000 €, on se tourne aussi vers l’épreuve bronze intitulé Le Torse de Cécile (h : 124 cm), dont un premier modèle a été réalisé en 1927-1929, par Alfred Janniot (1889-1969). Cette pièce, fondue en 1936, est estimée 30/40 000 €. Cette sculpture apparait sur un cliché pris vers 1924-1925 dans l’appartement de l’architecte situé rue Litolff, dans le XVIᵉ arrondissement de Paris. Michel Roux-Spitz et Alfred Janniot s’étaient rencontrés à la Villa Médicis, durant le passage des épreuves pour le prix de Rome. Ces deux artistes ne pouvaient que s’entendre. Ils collaborèrent sur plusieurs réalisations dont une plus privée. À la demande de Michel, Alfred réalisa, dans les années 40, des décors extérieurs de sa villa personnelle, la villa Greystones, du nom d’une ancienne demeure autrefois construite à son emplacement à Dinard. Selon Michel Roux-Spitz, trois éléments articulent la maison : le jardin, l’escalier intérieur et la fresque.
Référence : AJU016e3