Des femmes célèbres

Publié le 15/07/2021

Jean-Baptiste Tenant de Latour (1779-1862) fut nommé en 1846 bibliothécaire du roi Louis-Philippe Ier, au palais de Compiègne. La somme de ses connaissances a été réunie dans ses Mémoires d’un bibliophile, livre paru en 1861. Cet ouvrage se présente sous forme de lettres à une femme bibliophile (la comtesse de Ranc…[Le Masson de Rancé]), et se compose de nombreuses réflexions sur la bibliophilie, les écrivains et le monde des Lettres. Nous reprenons cet été la publication de la Lettre X consacrée aux « Écrivains du XVIIIe et commencement du XIXe ».

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« Mais je m’aperçois que j’omets deux femmes célèbres qui doivent naturellement être placées ici, et cette distraction s’est produite par deux motifs entièrement opposés. L’une, la marquise d’Autrement, ensuite baronne de Bourdic, et enfin madame Viot, a porté trois noms honorables, mais avant elle tout à fait étrangers aux lettres. Ce triple renouvellement d’existence sociale, pour finir par n’être qu’un poêle agréable et un prosateur ordinaire, avait produit dans mon esprit une demi-confusion qui me faisait oublier de lui rendre la justice qui lui est due.

L’autre, bien autrement remarquable comme écrivain, après avoir entouré de beaucoup de distinction littéraire son nom de famille, en reçut un tellement illustre que sous l’ascendant de ce grand nom, je ne songeais nullement à la citer parmi les personnes de son sexe auxquelles je n’ai jamais, à la vérité, assigné ici une place distincte. Mais là j’avais d’autant plus de tort que celle-ci, à tout le talent d’un homme, joignait tout le charme et toutes les vertus d’une femme : c’est madame Guizot, jadis mademoiselle Pauline de Meulan.

J’ai un volume assez curieux : Essai de poésies, par M. de Clermont-Tonnerre, exemplaire offert à sa femme (la Delphine de ses romances, depuis madame de Talaru) au moyen d’une épître spéciale simulant l’imprimé, avec quelques dessins de l’auteur. J’ai la réimpression in-18 augmentée de ses romances que chantaient nos mères avant 1789. J’ai différentes productions de M. Le Prévost d’Iray, dont la jolie romance : Ô Fontenay qu’embellissent les roses, n’est ni la moins agréable ni la moins connue.

Enfin j’ai, avec les autres ouvrages de Millevoye, le précieux volume de la traduction en vers des Bucoliques de Virgile, couvert de corrections où l’on peut suivre, pas à pas, le travail du traducteur, volume si minutieusement décrit dans les Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, page 295 à 304, par celui-là même qui l’avait formé d’épreuves détachées, Charles Nodier ». (À suivre)

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