Expositions photographiques : le soi et la lutte
Se nommer soi-même
Le portrait, le genre, l’ambiguïté, Léonard Bourgois-Beaulieu en joue et nous interroge. Il nous questionne au sujet de la représentation, au sujet de l’identification que nous avons devant le portrait d’un visage ou d’un corps.
À partir de négatifs de Polaroïd, qu’il triture jusqu’à l’abstraction, Léonard Bourgois-Beaulieu joue donc sur la représentation pour montrer des visages et des corps, tantôt flous, tantôt clairs. Il les recompose, leur donne un autre sens de lecture. Pour ce faire, il utilise des procédés argentiques lui permettant des aléas techniques et chimiques, pour ne pas les figer dans le temps mais les laisser dans l’imprévisibilité. Ses photographies surprennent aussi car, au premier abord, nous pouvons penser qu’il s’agit de dessins à l’encre ou de peintures.
La recherche de Léonard Bourgois-Beaulieu est axée sur l’interrogation de la représentation des personnes qu’il photographie, où l’ambiguïté est voulue. Ses photographies sont-elles objectives, et que désignent-elles ? C’est la question que nous pouvons nous poser devant chaque représentation d’un visage ou d’un corps, quand le genre n’est pas vraiment reconnaissable. Car que souhaite désigner le photographe ? Parfois il y a ambiguïté, volontairement mise en avant par l’artiste, ou il y a détournement, non pour nous tromper mais pour nous interroger. L’ambiguïté peut parfois nous ravir…
Cette question de l’identité est la thématique spécifique de recherche de Léonard Bourgois-Beaulieu. Reconnaître le genre, nous sommes soumis à cela. Et l’ambiguïté du genre s’impose parfois, quand nous sommes face à un portrait photographique, car aujourd’hui, nous pouvons construire et déconstruire l’image d’une personnalité ou en proposer différentes. Sur le miroir, se reconnaît-on vraiment ?
Claudia Andujar, la lutte Yanomami
« Je suis liée aux Indiens, à la terre, à la lutte première. Tout cela me touche profondément. Tout me semble essentiel ». Ces mots résument le parcours de Claudia Andujar et reflètent les deux versants de sa démarche, l’un esthétique, l’autre politique.
Claudia Andujar a rencontré les Indiens Yanomami en 1971. Elle effectuait alors un reportage sur l’Amazonie pour le magazine Realidade. Fascinée, elle a décidé d’entreprendre un travail photographique sur le monde de ce peuple grâce à une bourse de la fondation Guggenheim. Les photographies réalisées à cette époque montrent les diverses techniques qu’elle a expérimentées pour traduire ce qu’elle percevait de l’expérience chamanique des Indiens Yanomami.
Claudia Andujar a aussi réalisé des portraits en noir et blanc pour saisir la noblesse et l’humanité des Yanomami, privilégiant les plans resserrés de visages ou de fragments de corps. Elle a ainsi créé des effets de clair-obscur pour instaurer un sentiment d’intimité et souligner l’intériorité des sujets.