Fernand Léger et ses amis à Biot
Fernand Léger par Eduardo Arroyo, huile sur toile, 2007.
ADAGP, Paris 2019
Quelle belle idée de mettre en scène dans ce magnifique navire de pierre qu’est le musée monographique Fernand Léger à Biot, ces « vis-à-vis » initiés depuis 2017, et dont le troisième volet occupe les murs grâce au partenariat avec la Réunion des musées nationaux – Grand Palais.
L’exposition « Vis-à-vis. Fernand Léger et ses ami.e.s » au musée national Fernand Léger à Biot nous dévoile les « amitiés éclectiques de l’artiste ».
En « vis-à-vis » nous découvrons donc Fernand Léger et Picasso, Brancusi, Dubuffet, Delaunay, et Braque, mais également Fernand Léger et le facétieux Errò, ou Lichtenstein. Et tant d’autres.
« Vis-à-vis » : dialogue entre deux artistes, deux œuvres.
Singularités, analogies, échos, ou simples coïncidences liées à l’air du temps ? La mise en scène muséale prouvant une fois de plus comment, en s’éclairant réciproquement, des œuvres modifient la perception d’une autre.
Ainsi, La Joconde aux clés (1930) est confrontée à l’installation de Robert Filliou, La Joconde est dans les escaliers.
L’un des attraits d’une telle exposition c’est également, au-delà des mises en relation de telle ou telle toile, et avec tel ou tel artiste, redécouvrir des créateurs souvent méconnus du grand public.
On admire la composition signée Marcelle Cahn : Avion. Forme aviatique (1930). L’élève de Léger, livrant avec cette huile ce que les commissaires qualifient de véritable « manifeste pictural ».
Occasion aussi de retrouver Roger de La Fresnaye, peintre original.
Le choix muséal permet de prendre acte des permanences dans le travail de Léger, de son refus d’accéder aux pistes ou techniques prises par d’autres (papiers collés).
L’exposition est d’autant plus réussie qu’elle n’assène ni prétendue vérité, ni jugement, ni classification. À charge pour le visiteur de se faire son opinion, muni des commentaires opérants du commissariat ; d’approfondir les pistes, creuser les liens et les correspondances. Partir ailleurs : par exemple vers Jean Hélion, qui lui-même conduit à Herbin, qui à son tour inviterait à faire un tour du côté de Céret et d’autres cubistes… On n’en finirait pas de ces itinéraires impromptus.
La visite commence en sortant du musée. Opération réussie.
On profitera évidemment de cette exposition temporaire pour accéder aux étages et filer vers la collection permanente, avec notamment la période dite de l’« exil américain » de Fernand Léger.
Prendre alors au passage toute la mesure de l’idée que fut la « couleur en dehors », dont Les Cyclistes est une illustration saisissante.