Feydeau, le roi du vaudeville

Publié le 29/09/2021

Édition originale de La Dame de chez Maxim (1910). Ouvrage relié par Alix, orné par Claude Catulle, véritable exemplaire unique. Estimé 400/500 €.

Ader

Ce soir-là, le 9 janvier 1894, les passants rue de Montpensier, au lieu d’entendre les pas des chevaux tirant carrioles et calèches, furent surpris par des éclats de rire continus. Les portes du théâtre du Palais Royal étaient pourtant bien closes. On jouait une pièce de Georges Feydeau (1861-1922), intitulée : Un fil à la patte. L’intrigue de ce vaudeville qui repose sur un postulat assez simple, Fernand de Bois-d’Enghien déjeune chez sa maîtresse, la diva Lucette Gautier, pour lui annoncer sa rupture et son mariage avec la fille de la baronne Duverger, dont l’annonce est parue dans le carnet du jour du Figaro.

Avec Feydeau, la vie n’est pas simple et tout se complique à cause de quiproquos qui ne cessent de s’accumuler. Un exemplaire de l’édition originale de cette comédie en trois actes (Paris : Librairie Paul Ollendorff, 1899, in-18), reliée à l’époque, en demi-maroquin bleu foncé, dos à nerfs, tête dorée, non rogné, la couverture et le dos conservés, sera mis en vente le 7 octobre prochain à la salle Favart par la maison Ader, assistée par Éric Busser, lors de la dispersion de la collection de Jacques Crépineau, avec une estimation de 300/400 €.

Le spectacle remporta un tel succès qu’il tint l’affiche durant 129 représentations. L’homme, qui était déjà âgé de 33 ans, était un habitué des applaudissements. Sa première pièce, Par la fenêtre, jouée en 1882, alors qu’il n’avait que 19 ans, fut une réussite. Sa première grande pièce, Tailleur pour dames, fut très bien accueillie en 1886 au théâtre de la Renaissance. Pour l’occasion, Eugène Labiche (1815-1888) lui adressa ses encouragements. Après le Tailleur, pourtant, les trois pièces suivantes peinèrent devant le public. Le succès arriva véritablement avec Le Système Ribadier,qui lui valut le titre de « roi du vaudeville ».

Jacques Crépineau (1932-1917), qui fut pendant longtemps le directeur du théâtre de La Michodière, qu’il avait acquis en 1981, surnommé « l’honnête homme du théâtre privé », avait longtemps travaillé dans les théâtres, notamment au Châtelet, à Mogador, aux Folies Bergère et au Casino de Paris. Sans oublier ses émissions de radio consacrées au music-hall… Sa collection d’importance comprenait des dessins et des livrets. De Feydeau, il possédait encore les éditions originales de La Puce à l’oreille et surtout de la Dame de chez Maxim. Son exemplaire, couverture imprimée, relié par Alix, en demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée, non rogné, couverture et dos conservés, dans un étui, est unique, enrichi postérieurement de 7 aquarelles originales de Claude Catulle (né en 1929), plus une photographie originale de la comédienne Armande Cassive, du studio Manuel frères, créatrice du rôle de la môme Crevette dans la pièce, portant sa signature autographe, datée de 1927.

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