Guerre et Thé

Publié le 27/06/2024

Arléa

Si la sagesse de tout l’univers se trouve dans un bol de thé, comme l’annonce l’incipit de l’ouvrage, il faut en cette période anxiogène absolument lire le dernier livre de Cyril Gely afin de retrouver un peu de calme et de poésie.

En effet, Le dernier thé de Maître Sohô, nous transporte dans le Japon d’un autre temps, celui des samouraïs, où ces hommes tenaient le monde au bout de leur sabre…

Mais dans un pays empreint de traditions, le monde change en cette année 1853, les Américains entrent dans la baie d’Edo, le Japon s’ouvre aux étrangers et au commerce international.

Alors qu’un samouraï raccroche son sabre, une petite fille naît dans l’espoir quelques années plus tard, de refuser son destin et de devenir elle aussi samouraï…Ibuki devenue majeure part donc en quête d’Akira Sohô, grand guerrier afin qu’il lui enseigne les préceptes que doit connaître tout bon samouraï.

C’est ce parcours initiatique que nous conte Cyril Gely, en finesse et avec drôlerie, le face-à-face entre la jeune fille pleine d’espoir et le vieux samouraï d’une sagesse infinie, illustre une rencontre entre Japon ancien et moderne, car Maître Sohô va apprendre bien plus à Ibuki que l’art de la guerre. Il va surtout lui inculquer l’art de la paix, de la méditation et des riens insignifiants, où comment boire une tasse de thé peut transporter les hommes sur le chemin de la sagesse.

S’en découle un récit quasi philosophique sur la place des hommes sur la terre et surtout sur le sens de la vie car si « La voie du sabre et la voie du thé ont le même goût, l’un se déroule à l’extérieur. L’autre à l’intérieur. » (p. 49) et c’est cette recherche intérieure qui va unir ce vieil homme revenu de l’enfer à cette jeune fille acharnée qui devra composer avec le changement d’ère que traverse le pays tout en laissant ses illusions sur un champ de bataille, car « Le sabre prend la vie. Le thé, lui, la donne… » (p. 107). Ibuki grandira et découvrira la richesse intérieure et la poésie de l’instant, il faut lire les Jiseiku, poème dans lesquels les samouraïs « livrent leur cœur, comme un dernier battement, une ultime respiration » (p. 120) pour se laisser emporter par une telle beauté et trouver que rien n’est plus beau que l’instant présent avec ceux que l’on aime en partageant un thé.

Courez donc acheter ce magnifique livre de Cyril Gely et si jamais vous passez devant une boutique Mariages frères vous n’en serez que plus heureux encore…

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