Images d’un temps passé
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Dénaturé
À partir de 2013, le travail d’Ali Cherri s’est orienté sur l’objet archéologique, avec sa série Archéologie qui abordait la cartographie et la situation géopolitique du Proche-Orient. En 2016, il s’est s’interrogé, avec la série Egyptian Scale, sur la vision de l’homme occidental au sujet des sites archéologiques. La plupart du temps, en effet, l’autochtone n’apparaît dans le viseur de l’appareil photographique que pour donner la mesure des ruines d’un passé. Puis, plus récemment, Ali Cherri a ciblé l’État islamique qui n’a cessé de violenter et de soustraire de ses lieux d’origine des objets pour les vendre au marché noir. Peu après, une bourse de la Sharjah Art Foundation, en partenariat avec l’Inrap et l’Institut d’archéologie allemande, lui a permis d’améliorer ses recherches.
En 2016, il a montré son installation Fragment au Cape de Bordeaux, proposant un face-à-face avec un amoncellement d’objets archéologiques qu’Ali Cherri a acquis tout au long d’une année. Il n’y avait aucune indication de provenance ou de date, des objets bruts qui nous interpellaient, nous interrogeaient hors de leur contexte. Ce questionnement, Ali Cherri l’a poursuivi avec une vidéo, présentée au musée du Jeu de Paume, où nous le voyons arpenter différents musées parisiens.
Aujourd’hui, la galerie Imane Farès nous propose sa nouvelle exposition Dénaturé. Ali Cherri conçoit le site archéologique comme un espace où les objets anciens et les structures provenant de différents lieux et époques sont enfin libérés. Les objets anciens, restaurés ou quasiment intacts, s’inscrivent culturellement avec le peuple qui les a fabriqué. De nos jours, ils atteignent quelquefois des prix astronomiques quand ils sont mis en vente ou ils prennent place dans les collections des musées. Quand aux objets endommagés, ils sont restaurés, recomposés, traités avec un soin particulier pour leur redonner une vie.
D’autre part, le rôle de l’archéologie est de souligner la relation entre l’objet et le lieu où il a été découvert, et avec les pièces et débris qui lui sont associés. Ali Cherri souligne : « Le terme « objets archéologiques » comprend des « artéfacts » (fabriqués par l’homme) et les « écofacts » (faune, flore, etc.). Lorsque l’on observe les cycles de vie des objets et la complexité de la conservation et la représentation de la matière, nous apercevons les relations qui existent entre l’organique et le synthétique, le figuratif et l’abstrait, l’objet trouvé et l’objet fabriqué.
Réfléchir au-delà de la séparation binaire entre vie et matière, accepter que nous, en tant qu’être humain, ne sommes pas autonomes, mais faisons partie des «matérialités vitales » – cette pensée laisse germer des moments d’enchantement : être enchanté, c’est être subjugué, captivé, sans voix, et assujetti à l’immobilité ».
Images birmanes
Nous pouvons voir, au musée Guimet, une centaine de photographies exceptionnelles de la Birmanie datant de la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est un ensemble qui n’a jamais été exposé. Ces photographies de la Birmanie de la période coloniale britannique nous montrent des monuments, des scènes de la vie quotidienne et de rares témoignages de l’aristocratie. Elles nous montrent, par exemple, que les femmes birmanes étaient très élégantes et la diversité des ethnies de ce pays.
Ces photographies forment un récit aux multiples visages et paysages inattendus. Tout un monde nous est offert, entre mutation et permanence, entre diversité et unité. À côté des photographies de James Jackson (actif en Birmanie de 1871 à 1884), l’un des principaux photographes de ce fonds, il y a l’album de Felice Beato acquis en 2015 ainsi que des épreuves de Philip Adolph Klier, photographe allemand installé à Rangoun dans les années 1870.