La galerie de Margaret Lemon – Seconde partie

Publié le 11/04/2022

Ce dessin est attribué à Peter Lely, d’après un portrait de Margaret Lemon.

Fondation Custodia

En 1646, Wenceslas Hollar publia à Anvers une eau-forte d’après un portrait de Margaret Lemon, par Antoine van Dyck. Selon Susan E. James, autrice de sa notice dans l’Oxford Dictionary of National Biography, ce modèle serait apparu dans une douzaine de peintures de van Dyck. Ce que conteste Oliver Milla, auteur d’un catalogue raisonné qui en a identifié seulement trois à l’huile. Le premier, conservé dans une collection privée new-yorkaise, daté par lui de 1638, est celui qui a inspiré Hollar. La jeune femme est représentée vêtue à la mode d’une dame de la cour. Ses cheveux sont ondulés et bouclés. Elle porte un collier de perles et sa robe est en soie. Ce tableau, dont il existe plusieurs versions, a également inspiré un autre artiste graveur, Jean Morin, qui a inscrit sa figure dans un cadre octogonal, supprimant le bras et la main du modèle. Mais la Fondation Custodia conserve un dessin attribué à Peter Lely, qui montre le bras gauche du modèle la main tendue, comme pour saisir quelque chose. La miniature de Samuel Cooper que nous avons décrite dans un précédent article, montre également la main du modèle « saisissant » le vide.

Ce deuxième portrait, celui qui a inspiré Lely, également de 1638, a été acquis par Charles Ier et a peut-être été peint pour lui. Margaret Lemon a pris la pose de la Venus Pudica, s’inspirant de Titien ; mais au lieu d’une fourrure, elle presse sur son sein un manteau de soie rouge. « Le rouge était associé à un statut élevé, mais c’était aussi la couleur de la passion, et l’écarlate était le symbole de la prostitution », rappelle Hilary Maddicott. Cette composition, qui semble inachevée, est conservée dans la collection royale au château de Hampton.

Il nous reste enfin une dernière toile, Margaret Lemon en Erminia, datée de la fin des années 1630, qui n’est pas sans rappeler la première composition de New York. Le modèle est revêtu d’une curasse et sa main gauche est posée sur un heaume. La main droite, d’un geste délicat, soulève un pan de sa chemise sur son épaule, tandis qu’un cupidon derrière elle lui désigne une « cible » que l’on ne verra pas. Erminia est l’une des héroïnes de Jérusalem délivrée du Tasse. Dans la scène décrite, elle est sur le point de se rendre à Jérusalem dans l’armure de son amie Clorinde, qu’elle lui a volée pour aider Tancrède dont elle est tombée amoureuse.

On ne connaît de Margaret Lemon, alias Lady Butler, qu’un trait de caractère livré en 1644, par Wenceslas Hollar (1607-1677) : « C’était une femme dangereuse, et si jalouse que dans une crise d’hystérie, elle a menacé une fois de mordre le pouce droit de son amant van Dyck pour ruiner sa carrière ». Hilary Maddicott ajoute peu de foi à cette remarque. Il est certain, en revanche, que Margaret avait beaucoup d’admirateurs sinon amants.

• Fondation Custodia, 121 rue de Lille, 75007 Paris.

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