L’art de l’abstraction

Publié le 29/09/2016

František Kupka, l’art abstrait devient concret

Frantiaek Kupka, Quatre histoires de blanc et noir, étude, circa 1925, bois gravé rehaussé de gouache, signé en bas au milieu, 26,5 x 20,5 cm.

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La galerie Antoine Laurentin présente un ensemble composé d’une trentaine de dessins sur papier, que František Kupka réalisa entre les années 1910 et 1930. Ces dessins résument bien ses recherches sur l’abstraction, et ils sont exceptionnels en ce sens qu’ils nous montrent sa réflexion sur les formes géométriques et les ébauches de couleurs qu’il employa pour ses peintures.

František Kupka naquit en 1871 en Bohème orientale, et il s’installa à Paris en 1896. Dans les années 1907 et 1908, il s’interrogea sur la lumière, le mouvement et la couleur puis, à partir de 1911, il se concentra sur les verticales et les horizontales. À partir de 1920, il changea l’orientation de sa recherche en réalisant la série des « Machines » et en se passionnant pour le jazz.

František Kupka portera ainsi son intérêt et son orientation de travail sur cette musique nouvelle et le monde industriel. Puis il entreprit, au début des années 1930, des recherches géométriques sur les surfaces, les lignes droites et les courbes, et sur l’agencement de figures en couleurs.

Dans la galerie du quai Voltaire, nous découvrons ses pastels colorés des années 1920, ses gouaches et ses bois gravés en noir et blanc (bels exemples du modernisme), et les « Cercles et lignes » des années 1930. Cet ensemble est un intéressant condensé de la recherche et de l’esprit artistique de cette époque.

Jérôme Borel, abstraction et figuration

Jérôme Borel, Plan de campagne, 2014, 130 x 162 cm.

Jérôme Borel

Il y a une particularité dans le travail de Jérôme Borel : il suggère plus qu’il ne montre. Il souhaite, nous pouvons le penser, que le spectateur poursuive ses histoires. Elles semblent en effet en attente d’être complétées.

Chaque histoire est comme un rêve qui s’est arrêté brusquement, car nous le savons, nous ne connaissons jamais la fin de nos rêves. Ils sont des réalités sans en être vraiment, tant ils sont insaisissables, déroutants, à la frontière, à la limite d’un temps et d’un espace qui nous dépassent. Il y a aussi le silence qui imprègne les peintures de Jérôme Borel, une atmosphère qui nous aspire dans des recoins impénétrables du monde. Nous sommes entre le rêve et la réalité, entre l’abstrait et le figuratif, sur un point, sur une ligne où tout se brouille, où tout est incertain.

Jérôme Borel nous place dans l’embarras avec ses images où nous pouvons perdre pied, si nous n’imaginons pas des éléments pour prolonger chacune de ses histoires. De ses aplats émergent des formes aux contours imprécis, la matière picturale est rendue floue, comme sur un cliché photographique quand on a bougé en appuyant sur le déclic. Cette matière est sensible, résultat d’une superposition de couches de couleurs sur un dessin préalable qui a disparu.

LPA 29 Sep. 2016, n° 120q3, p.24

Référence : LPA 29 Sep. 2016, n° 120q3, p.24

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