Le duc d’Aumale en Orient

Publié le 01/04/2022

Toile de Decamps.

Château de Chantilly – Cabinet d’arts graphiques

L’orientalisme a pris une importance nouvelle dans les années 1830, avec l’arrivée des Français dans l’ancienne Barbarie, inféodée aux Ottomans. Très vite, des peintres qui avaient déjà circulé en Égypte, en Grèce et en Turquie, prirent leur boîte de couleurs, leurs pinceaux et des toiles afin de découvrir les paysages et les teintes de cette contrée encore peu connue, sinon des chrétiens réduits en esclavage par les Barbaresques. Tous ces artistes qu’aucune école n’avait réunis, furent qualifiés d’orientalistes. Depuis Ingres qui n’a jamais franchi la Méditerranée jusqu’à Fromentin, qui séjourna un temps certain en Algérie, en passant par Horace Vernet, Théodore Chassériau, et naturellement Eugène Delacroix ; tous ont été étiquetés orientalistes.

Parmi eux, nous pouvons citer Alexandre-Gabriel Decamps, qui exposa au Salon de 1827, avant même d’être allé en Orient, un Soldat de la garde du Vizir, aujourd’hui conservé à Londres à la Wallace Collection. Il se rattrapa dès l’année suivante, en Grèce, au moment de la guerre d’indépendance contre les Turcs, puis alla découvrir Constantinople, se fixa à Smyrne, rentra en France. Il en rapporta notamment Cavaliers turcs à l’abreuvoir et Les mendiants (Salon de 1833), puis Corps de garde sur la route de Smyrne (Salon de 1834). Ce serait grâce à lui que le public découvrit l’Orient du quotidien. Delacroix, qui effectua son voyage en 1831, qualifia Decamps de « père fondateur de l’orientalisme ». De Decamps, un Paysage de montagne d’Afrique du Nord (fusain et craie blanche) a été vendu 3 200 €, à l’Espace Tajan, le 11 février dernier.

Le duc d’Aumale (Henri d’Orléans) découvrit l’Algérie en 1841. On se souvient que deux ans plus tard, il prenait la smala de l’émir Abdel Khader. Ce grand amateur d’art ne pouvait que s’intéresser à la peinture orientaliste, qui lui rappelait ses séjours guerriers peut-être, mais davantage les émotions que les paysages lui procurèrent. À l’occasion de la célébration de son bicentenaire, le château de Chantilly organise une exposition consacrée aux « Dessins orientalistes » du musée. Decamps figure en bonne place, avec notamment la Marche de bachi-bouzouks, et aussi des œuvres sur papier d’Amadeo Preziosi, de Prosper Marilhat, Edward Lear, Adrien Dauzats, Félix Philippoteaux, Horace Vernet. Du même Vernet, Une Scène de la campagne d’Algérie, scène guère glorieuse, avait été vendue 1 450 €, à Drouot, par la maison Art Richelieu. Une épreuve sur vélin, d’après un dessin du carnet de Delacroix conservé au musée Condé, Juive d’Alger, a trouvé preneur à 400 €, à Drouot, chez Brunel – Dejean de La Bâtie. La collection orientaliste du duc d’Aumale, constituée essentiellement durant son exil en Angleterre, est encore à la fois un hommage à son frère et à ses souvenirs heureux lorsqu’il vivait en Algérie avec sa femme et son fils.

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