Le retour des élégances masculines

Ce n’est pas si loin. C’était à la terrasse du Café de Flore. Un homme au style italien écrivait quelques lignes sur le thème de la sprezzaturra en sirotant un Martini. Si on avait su on aurait été encore plus insouciants. La période de crise sanitaire mondiale a réduit considérablement les occasions de mettre en scène les élégances masculines. Elles sont devenues moins voyantes. Heureusement des livres, des clips et documentaires confectionnés par des passionnés de l’art sartorial ont permis de patienter en attendant le retour annoncé sur les terrasses et d’approfondir les mystères, car il y en a, de ces élégances.

Icônes. Cela fait très longtemps qu’Alexander V.G. Kraft promène sa silhouette impeccable de mannequin (et d’homme d’affaires, PDG de la branche Sotheby’s Immobilier). Les années semblent glisser sur cet élégant raffiné qui est l’icône notamment de la maison Cifonelli qui apprécie le style Riviera ou French Style. Il a ouvert les portes de sa villa (de prestige) dans 7 épisodes que l’on peut visionner sur internet via The Rake Online. Le voyage, car c’en est un, vaut le détour. Fin 2020, il a lancé sa propre collection « Alexander Kraft-Monte Carlo ». Par ailleurs, la chaîne « Discussions Sartoriales » consacre une de ses conférences sur « Les icônes du style masculin » à renfort d’extraits de films et d’anecdotes sur le savoir s’habiller.

Discussions sartoriales. Hugo Jacomet, connu déjà pour avoir publié deux livres sommets du style masculin The Parisian Gentleman et The Italian Gentlemen est le passeur de l’art sartorial dont il parle excellement dans de nombreux clips et interviews (voir celle avec l’élégantissime Lorenzo Cifonelli ou du non moins précieux Gaetano Aloisio) que diffuse la chaîne « Parisian Gentleman » et les chaînes YouTube associées « Discussions Sartoriales » (en français) et « Sartorial Talks » (en anglais). Hugo Jacomet est le militant des élégances et sait ce dont il parle, se mettant lui-même en scène pour exposer ce qu’est la demi-mesure, comment porter le costume croisé ou noir, comment s’habiller après 40 ans ou tout savoir sur les Richelieu. Les chaînes font une très large part au savoir-faire (le bottier Stéphane Gimenez, le lunetier Bonnet, le chausseur Pierre Corthay éminemment sympathique et au parcours assez fabuleux). Le savoir-faire n’étant jamais dissocié du savoir-être, on s’y instruit avec le sentiment de devenir un initié.

Spots. Les élégances masculines ont leurs adresses. Les enseignes, les magasins, les sartorie italiennes, mais aussi leurs spots, là où il faut être, se montrer et montrer les marques que l’on incarne. « Le » spot c’est évidemment une fois par an à Florence. C’est le « Pitti Uomo », place forte des défilés et des influenceurs ! Avec son « mur » célèbre où il faut être photographié, mais n’y va pas qui veut. L’endroit est select, rien dans les tenues n’est laissé au hasard, l’art du détail donne de l’allure. Puisqu’on est en Italie, évoquons l’une des interrogations les plus abyssales qui soient : comment reconnait-on une chemise artisanale sartoriale napolitaine avec ses 8 passages cousus mains ? L’humour n’étant pas indifférent à la question, la réponse sérieuse est sur Butticé Paris Naples. Et pour boucler la boucle, pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la sprezzatura, les « Discussions sartoriales » évoquent le sujet ainsi que le clip bien sympathique consacré à « Sprezzatura in Cinema » mis en ligne sur YouTube par Bellis Vintage.