Les combats de Peter Beard par la photo
De Peter Beard, ce portrait d’une femme Darod a trouvé preneur à 29 900 €
Ader
« Une photo réussie est une photo qui attire vite le regard, où l’on comprend immédiatement ce que le photographe a voulu montrer, l’idée qui s’en dégage », disent les manuels de photographie. Est-ce bien certain ? Parmi les grands photographes reconnus, il en est un dont les épreuves atteignent des sommets. Peter Beard (1938-2020), qui, outre sa vie aventureuse en Afrique, notamment dans les pas de Karen Blixen (1885-1962), s’est fait remarquer pour ses images documentaires d’Afrique regroupées dans des collages mêlant peinture, dessin et texte. Installé au Kenya, au début des années 1960, il étudia dans le parc Tsavo, les éléphants, les crocodiles et les hippopotames. Lorsqu’il publia son premier livre en 1965 : The End of the Game, ce fut une surprise. Ses clichés étaient couverts de sang séché, de brins de végétaux, de bouts de tissus et de coupures de presse, et soulignés par des traces de peinture. On baptisa cette manière scrap book.
Un exemplaire de l’édition originale de cet ouvrage qui raconte la disparition des éléphants au Kenya, The end of the game. The old Africa and the new. Text and photographs by Peter H. Beard (The Viking Press, New York, 1965), dans sa reliure éditeur, a été vendu 180 €, salle Favart, le 20 septembre 2022 par ma maison Ader, assistée par Bertrand Hosti. Peter Beard se voulait activiste, dénonçant le naufrage de l’Afrique succombant à l’industrialisation au mépris de la faune. « Le côté sauvage n’existe plus », déclara-t-il, « et nous ne pouvons pas tout prédire. Nous allons en souffrir ». Un lot de quatre clichés, constituant un quadriptyque derrière lequel Peter Beard a écrit le texte qui a été reproduit au complet au dos de chaque œuvre (tirage argentique, pièce unique, 13 x 19,5 cm à vue), a été adjugé 3 000 €, à La Salle, le 26 mars 2021 par la maison Vermot & Associés. Le photographe n’était pas reclus en Afrique, il vivait autant au Kenya qu’à New York. Après avoir étudié l’histoire de l’art à Yale avec le peintre abstrait Josef Albers, il collabora plus tard notamment avec Warhol, Richard Linder et Francis Bacon, Mick Jagger, ou encore Truman Capote ou Jackie Kennedy. Les expositions de ses œuvres se succédèrent à New York comme à Paris.
Son style était devenu immédiatement reconnaissable. Un tirage unique argentique, daté de 1997, Rothschild’s Giraffes from the Uganda Line, 1966-1997, rehaussé à la peinture bleue et dessins à l’encre, signé « Peter Beard Box 4191 Nairobi » sur l’image, avec collages de tirages photographiques, timbre, paquet d’allumettes Camel, sang animalier, plume et collages de techniques mixtes dans la marge, tampon, a été adjugé 80 000 €, à Drouot, le 30 octobre 2024 par la maison Villanfray Pommery. Et l’un de plus célèbres portraits, celui d’une femme Darod, présentée dans des passe-partout ornés d’une manière différente, Fayel Tall. Loiyangalani, El Molo Bay, Lake Rudolf, une épreuve datée de février 1987, signé et dédicacé, a trouvé preneur à 29 900 €, salle Favart, le 8 novembre 2024 par la maison Ader.
Référence : AJU016e5