Les portraits princiers de Rubens

Publié le 21/11/2017

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Figure majeure de l’art de la première moitié du XVIIe siècle, artiste prolifique à l’extraordinaire puissance créatrice, Pierre-Paul Rubens fut, entre autres, un magnifique portraitiste de rois, princes, gentilhommes.

Rarement une exposition n’a été uniquement consacrée à Rubens portraitiste ; ce fut cependant une part importante de sa création. Le musée du Luxembourg comble cette lacune en présentant des portraits avec une place privilégiée donnée à Marie de Médicis, épouse d’Henri IV et mère de Louis XIII.

Entre apparat et sobriété, l’artiste flamand a su tout aussi bien réaliser des œuvres somptueuses, soulignant l’importance des modèles, ou plus sobres, lorsqu’il évoque, par exemple, des princesses entrées en religion.

Rubens n’était pas fils de peintre, fait plutôt rare à son époque ; il a bénéficié d’une excellente éducation et n’a eu par la suite aucune difficulté à côtoyer rois et princes dont il connaissait les codes.

En 1600, il part pour l’Italie où il séjourne 8 ans et découvre les tableaux de Titien notamment. Il est reçu par le duc Vincent de Gonzague, dont il deviendra le peintre officiel à la cour de Mantoue et y exécute de nombreux portraits du prince et de sa famille qui révèlent sa virtuosité à rendre la finesse arachnéenne des fraises entourant les visages, comme les bijoux. Chacun est doté d’une vraie présence. Rubens ne flatte pas ces familles princières, ne fait pas de concession sur leur physique. Peintre baroque, il excelle dans la mise en scène des personnages qui émanent de fonds sombres, rarement ouverts sur un paysage. Seuls deux tableaux sont réalisés avec Jan Brueghel pour la nature.

Rubens revient à Anvers en 1608 rejoindre sa mère malade. Auréolé de sa réputation, il ne tarde pas à être sollicité par l’Archiduc Albert et son épouse régnant en Flandres depuis 1598. Ils le sollicitent pour devenir leur peintre officiel. Là encore, il exécute de nombreux portraits de princes et de la haute société. L’Archiduchesse devenue veuve en 1621 décide d’entrer en religion. Très proche d’elle, Rubens exécute son portrait, en religieuse, tout en sobriété et d’une forte intériorité, avec la même aisance que les portraits d’apparat dans lesquels la lumière illumine les visages et les mains à la carnation transparente.

En pleine gloire, Rubens est appelé à Paris par Marie de Médicis afin d’effectuer la décoration d’une galerie du palais du Luxembourg. La reine-mère (Louis XIII règne alors) souhaite que l’artiste évoque sa vie. Il peint un remarquable ensemble de 24 tableaux qui rendent hommage à la reine. Inauguré en 1625, il révèle les événements historiques mêlant mythologie, allégories et quelques portraits. Sont évoqués aussi les moments difficiles de la vie de la reine, notamment le conflit qui l’a opposée à son fils. Quelques gravures de cette œuvre figurent dans l’exposition.

Nombreux sont les portraits consacrés à cette reine ; ils affirment sa puissance, son rang. On la découvre en robe noire sans bijoux, seuls visages et mains créent la lumière, sans faste. Elle figure également en habits précieux dans une profusion de garnitures de sa robe, de bijoux, elle s’impose.

La puissance créatrice de Rubens demeure ; un impressionnant autoportrait au chapeau noir avec l’aspect velouté des ombres, affirme une réelle présence avec son regard intense.

Diplomate autant que peintre il a joué un rôle dans les diverses cours européennes. En 1628, il retourne en Espagne envoyé par l’archiduchesse Claire Eugénie pour peindre les membres de sa famille ; elle est la fille de Philippe II. On remarque le duc de Lerma à cheval en armure rutilante avec un effet décoratif. Le peintre rencontre Velazquez avec lequel il admire des tableaux de Titien toujours un maître pour lui.

Rubens fut un portraitiste magistral. Il a exprimé le rôle de ses modèles, leur puissance, révélant leurs traits en un style expressif.

 

 

LPA 21 Nov. 2017, n° 131m9, p.16

Référence : LPA 21 Nov. 2017, n° 131m9, p.16

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