Les Tang installés au Guimet
Le cheval, un tapis jeté sur le dos, recouvert d’une selle mais sans mors ni bride, debout, campé sur ses quatre jambes, repose sur une terrasse. Cette terre cuite beige (h : 32,5 cm) à glaçure sancai, tricolore (brun, vert, ocre), provenant de Chine et datée de la dynastie Tang (618-907), a été adjugée 1 000 €, à Drouot, le 8 novembre 2024 par la maison Lynda Trouvé. La plupart des statuettes Tang se reconnaissent grâce à cette glaçure qui leur est caractéristique. Tellement caractéristique qu’un certain nombre des objets présentés dans les ventes sont « dans le style Tang » ou dans le « goût », sans être réellement d’époque. Ce cheval n’est qu’un exemple. Pour les historiens orientaux, « la seule prononciation du nom Tang fait immédiatement surgir des images de splendeur impériale, évoquant le souvenir d’un temps où la Chine était l’une des plaques tournantes du commerce transasiatique, empruntant la route de la soie », explique Michael Höckelmann, professeur d’État et de la société chinoise, à l’université Friedrich Alexander d’Erlangen de Nuremberg et l’un des auteurs du catalogue de l’exposition La Chine des Tang, une dynastie cosmopolite (VIIe-Xe siècle).
Le musée Guimet accueille cette dynastie recomposée grâce à une mise en scène, suffisamment élaborée pour donner une idée de ce qu’elle fut. Plus de 200 pièces réparties dans des « pavillons » consacrés à la vie quotidienne chez Les Tang, au monde des lettrés, à la beauté et la perfection, la navigation dans le monde ou encore au plaisir de vivre dans la capitale Chang’an (aujourd’hui Xi’an). Une courte vidéo transporte le visiteur dans cette cité, qui, avec sa jumelle Luoyang, était autrefois considérée comme étant l’une des plus grandes villes du monde. Un ensemble de huit dames de cour en terre cuite avec des traces de polychromie (H. de 15,5 cm à 16,5 cm), vendu 1 560 €, à Drouot, le 4 octobre 2024 par la maison Giquello, assistée par l’expert Bernard Dulon, peut donner une idée de l’élégance et du raffinement de la population chinoise de l’époque.
Une époque qui vit une bureaucratie exemplaire, un corps législatif qui demeurera la base légale en vigueur jusqu’en 1912. Les Tang contemporains des Carolingiens en France, firent entrer leur pays situé au milieu du monde, dans une forme de modernité permettant de développer une classe moyenne. Ce fut encore au cours de cette dynastie que se développa le livre imprimé et la multiplication des produits de consommations, sans oublier le renouvellement des études classiques. On ne saurait oublier la culture du thé et… de l’alcool. Une peinture murale, découverte dans un tombeau, daté du XIe siècle, figure une « scène de banquet en plein air » et donne autant une idée de la vie des Tang, qu’une autre peinture murale représentant une tour de guet de Chang’An. La richesse des Tang éclate et séduit au musée Guimet. Ce que ne peut présenter les salles des ventes publiques limitées aux figurines et aux animaux vernissés, rarement d’époque. Il reste qu’elles offrent une parcelle de ce qui fut l’âge d’or de la Chine.
Référence : AJU016g1