Les truelles ou les chrysanthèmes

Publié le 14/10/2024

Le Figaro publia dans son numéro du 5 novembre 1901 un long article évoquant un dépôt d’une gerbe de chrysanthèmes au pied d’un monument parisien par le président de la République Émile Loubet (1838-1929). Bien plus tard, le 9 septembre 1965, le général de Gaulle, au cours d’une conférence de presse à l’Élysée, lança cette phrase : « D’ailleurs, qui n’a jamais cru que le général de Gaulle, étant appelé à la barre, devrait se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes ? ». Ce qui déclencha des rires de l’assistance. Il est vrai que les présidents de la IIIe et de la IVe République avaient davantage un pouvoir de représentation que politique. L’expression fit florès et le « chrysanthème » dont le mot signifie étymologiquement « fleur d’or » entra sous les « ors » de la République.

Le président Raymond Poincaré (1860-1934) exerça ainsi cette activité protocolaire de 1913 à 1920. Il fut néanmoins l’un des acteurs centraux de la Première Guerre mondiale, appelant notamment Georges Clemenceau à la présidence du Conseil, en 1917. La guerre terminée, il retourna aux inaugurations. Une truelle en argent, poinçonnée au crabe, dans son écrin d’origine de la Maison Servan gainé de cuir et velours de soie rouge, gravée de la mention : « Pose de la 1re pierre du Monument commémoratif de l’intervention américaine par Mr. Raymond Poincaré Président de la République française / Pointe de Grave / 6 septembre 1919 », sera mise en vente à Drouot, le 16 octobre 2024 par la maison Art Richelieu, Patrick Deburaux étant au marteau, avec une estimation de 1 000/1 500 €.

En souvenir de l’embarquement du général La Fayette, vers l’Amérique, en 1777, et de l’arrivée des troupes américaines venues apporter leur aide durant la Grande Guerre, la France fit dresser un imposant monument aux Américains, aussi appelé Mémorial La Fayette, haut de 75 mètres. Il fut donc inauguré en septembre 1919 et… détruit par les Allemands le 30 mai 1942, sous le prétexte qu’il pouvait servir de point de repère pour les aviateurs alliés.

Au catalogue figure une autre « Truelle et marteau en argent, Poids brut 369 g, poinçon Minerve, gravé « Travaux d’extension du port du Havre, 23 juillet 1913 », inaugurés par le président Raymond Poincaré, fichés dans des manches en ébène incrustés d’argent aux armes de la ville du Havre. Ils seront mis en vente dans leur écrin d’origine de la Maison Rieul au Havre en cuir rouge et velours de soie crème, monogrammé R.P. aux initiales du président de la République française, et Le Havre 23 juillet 1913 », avec une estimation de 1 000/1 200 €.

Le président pouvait recevoir aussi des présents comme ce coffret (L 35 cm – 43 cm) contenant un « Fragment d’obus et bloc de béton provenant du Fort de Loncin offerts par les membres du Comité exécutif pour l’érection d’un monument aux « Glorieux Défenseurs du Fort de Loncin, janvier 1920 ». Avec sa plaque gravée explicative et ses rubans tricolores, il est estimé 2 000/ 3 000 €.

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