Parménide
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Jean Bouchart d’Orval nous donne avec ce livre une nouvelle traduction du poème de Parménide, De la nature, mettant en avant son sens spirituel et l’aspect d’éveil qu’il porte.
Parménide naquit à Élée à la fin du VIe siècle avant notre ère et il mourut au milieu du Ve siècle avant notre ère. Il était le fils de Pyrès (ou Pyrrhès), issu d’une riche famille. D’après Théophraste, il aurait été le disciple d’Anaximandre et de Proclos dit Le pythagoricien. Il aurait eu 65 ans quand il vint à Athènes, et il aurait rencontré le jeune Socrate, alors âgé de 20 ou 25 ans. Dans son Parménide, Platon dit qu’il était un « vieillard honorable ». Selon Diogène, la maturité de Parménide se situerait autour de 500 avant notre ère ; il serait ainsi contemporain d’Héraclite. Mais il semble y avoir des incertitudes.
Parménide divisait la connaissance en deux parties, deux voies de pensée : la vérité et l’opinion. Ces opposés, il les résuma ainsi dans son poème, chargé de signification et de mystère : « Apprends donc toutes choses,/ Et aussi bien le cœur exempt de tremblement/ Propre à la vérité à l’orbe pur,/ Que les opinions des mortels, dans lesquelles/ Il n’est rien qui soit vrai ni digne de crédit ». Il est considéré comme le père de la philosophie de l’Être. Dans le Parménide, Platon traite la question de l’Être, dont Parménide répétait inlassablement qu’il est, alors que le Non-Être n’est pas.
Parménide vécut dans cette région du sud de l’Italie que les anciens appelaient la Grande Grèce. C’était un initié, un sage, un guérisseur, un poète. Il était un héritier d’une tradition spirituelle remontant à la nuit des temps. Son poème, De la nature, influença la pensée de son époque, mais il nous reste seulement 152 vers, répartis sur 18 fragments. Ce poème raconte son initiation par la Déesse, le nom de celle-ci n’étant jamais mentionné. Jean Bouchart d’Orval dit : « Cette révélation tourne autour de ce constat fondamental “il y a”, qu’on pourrait aussi formuler “il n’y a pas rien” ». Et plus loin il dit aussi : « Le cœur de la révélation de la Déesse à Parménide échappe au monde de l’opinion et du point de vue : ce n’est pas matière à discussion, mais à réalisation ». Dans le poème, nous lisons : « Vois néanmoins ce qui est absent comme une présence avérée pour la faculté de perception. Car celle-ci n’empêchera pas “il y a” de se référer à “il y a”, ni en se dispersant totalement dans l’univers ni en étant rassemblé ».
Au sujet du poème, Jean Bouchart d’Orval souligne : « Parménide a choisi de composer son poème en hexamètres dactyliques, comme le fut Empédocle avec son poème sur la nature. C’est également cette forme de mètre que les grands poètes archaïques employèrent, notamment Homère, avec l’Iliade et l’Odyssée, et Hésiode, avec la Théogonie et les Travaux et les Jours. Or nous disposons maintenant de preuves scientifiques que l’hexamètre dactylique a un effet physiologique bénéfique certain… Certains prétendent que les anciens poètes grecs ont appris cette métrique en écoutant les oiseaux chanter ».
Dans son livre, Jean Bouchart d’Orval dit l’importance de la Grèce archaïque, que nous aurions tendance à oublier, voire à minimiser. Il écrit : « L’étincelante lumière spirituelle de la Grèce archaïque s’est ternie et fut passablement voilée par la dialectique, le rationalisme et l’humanisme de la période dite classique. Ce que nous a légué cette période classique demeure unique et magnifique à plusieurs égards, bien sûr, mais face à la lumière fulgurante de la révélation directe, celle qui donnait le ton durant la période archaïque, ce que nous appelons aujourd’hui « philosophie » dispense aussi peu de lumière qu’une bougie devant le soleil ».