Paul Valéry en son cimetière

Publié le 20/04/2022

La sépulture de Paul Valéry dans le cimetière marin à Sète, baptisé ainsi en hommage au poète.

BGF

« Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière, fragment terrestre offert à la lumière, ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, composé d’or, de pierre et d’arbres sombres, où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres, la mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! ». Lire Le Cimetière marin de Paul Valéry, c’est imaginer un tombeau solitaire blotti sous les pins, dominant la mer, protégé des embruns. Dans le cimetière de Sète, nommé « Saint-Charles » avant d’être baptisé du nom du titre du poème, la sépulture du poète est bien protégée par des conifères, mais elle ne voit la mer que de côté, parmi un amoncellement d’autres tombes. Un banc lui fait face comme une invitation à la méditation poétique et l’on peut y réciter la dernière strophe : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! L’air immense ouvre et referme mon livre, la vague en poudre ose jaillir des rocs ! Envolez-vous, pages tout éblouies ! Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies, ce toit tranquille où picoraient des focs ! ».

Un exemplaire de l’édition originale du Cimetière marin, a été adjugé 280 € à Drouot, le 24 mars dernier par la maison De Baecque & Associés. Celui-ci, broché, est l’un des 556 numérotés, le n° 138, justifié à l’encre bleu sur vélin Mittineague-Mill. Un autre exemplaire broché a trouvé preneur à 340 €, lors d’une vente organisée le 4 février 2022 par la maison Ader.

Paul Valéry a commencé en 1917 la rédaction de son poème le plus célèbre, au moment où il travaillait à La Jeune Parque. Ce recueil, qu’il considéra comme un « exercice », une application de sa méthode intellectuelle, fut achevé plus tard et publié en 1925 également par les Éditions Émile-Paul Frères. Un original, un des 25 sur Japon, a été vendu 497 €, à Drouot, le 16 mars 2022 par la maison Thierry de Maigret. Sans le succès qui entoura cette Jeune Parque, Paul Valéry aurait-il persévéré dans le métier d’écrivain ? Quant au texte du Cimetière, après sa première publication de 1920, il a été recueilli dans Charmes, ou poèmes (Paris, NRF, 1922), une édition en partie originale. Un exemplaire broché (papier jauni), comportant un envoi autographe signé de Paul Valéry sans nom de destinataire, a été vendu 150 € à Drouot, le 11 mars 2022 par la maison Kâ-Mondo.

Célèbre pour son hermétisme, Le Cimetière marin a fait l’objet de nombreuses exégèses. Malgré tout, Paul Valéry a précisé qu’il était le seul parmi ses poèmes comportant des souvenirs de choses vues. Il s’agit en réalité d’une « méditation ardente sur la condition humaine », selon le mot du critique Paul Surer.

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