Planète Gainsbourg

Publié le 13/12/2017

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Rue de Verneuil, le livre, enfin !

On est tous passé rue de Verneuil. On y a pris et on s’est pris en photo devant les graffitis et les tags magnifiques. Chez Artling, pas très loin, rue des Saints-Pères une photo en noir et blanc met en scène un mannequin devant le mythique 5bis. Mais personne ou presque n’y est jamais entré depuis la mort de Serge Gainsbourg.

Dans le très réussi Gainsbourg vie héroïque Joann Sfarr avait reconstitué l’ambiance. Quel plaisir désormais de voir s’ouvrir les portes et les pièces grâce à la parution de Gainsbourg 5bis rue de Verneuil avec des photographies superbes de Toni Frank et préfacé par Charlotte Gainsbourg qui évoque cette maison « des années de famille ».

En tournant les pages, découvrant l’univers de l’artiste et du collectionneur, on est piégé par la présence qui se dégage de ces lieux, ému par tout ce que l’on voit, happé par la pensée qu’on aurait bien aimé vivre ici, quelques jours. Le temps de tutoyer à notre tour L’Écorché et L’homme à tête de choux, de regarder tous ces objets, se balader pieds nus en sentant la chaleur de la moquette qui mène à l’étage, sourire à Brigitte Bardot qui trône dans le grand cadre. Et puis se mettre au piano. Si on savait en jouer…

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Rest, le nouvel album de Charlotte Gainsbourg

Charlotte sort son 4ème album. Elle prend son temps, celui des douleurs que l’on digère, des libérations qui se font, le dernier datait de 2011.

Les thèmes de Rest sont graves. Efficace, mélodique, énergique il évoque l’enfance (Deadly Valentine, Rest), les adieux et la mort  Lying With You). Au-delà de l’écoute pure, il ne faut pas manquer de « regarder » cet album mis en scène dans des clips tournés par Charlotte Gainsbourg elle-même. Ils en disent long sur elle et sur ce qu’elle souhaite nous dire. C’est parfois violent. Ses chansons sont un retour et un passage.

Pour Lying, tourné justement rue de Verneuil, cette maison qui pourrait être un musée et dont on redoute tant qu’il le devienne, Charlotte a raconté comment elle était entrée dans l’appartement comme elle y entre dans le clip : comme l’enfant qu’elle fut et dont elle se souvient.

Dans Ring a ring O’Roses elle met en scène à son tour (comme son père le fit avec elle, comme Yvan Attal l’invita dans Ma femme est une actrice) ses enfants.

Planète Gainsbourg, une histoire d’arts et de famille, qui ne cesse de s’épanouir. Rest est plutôt inclassable (alternative, rock, électro ?) on ne s’en plaindra pas !

Chanteuse, réalisatrice, ajoutons que Charlotte a écrit l’intégralité des paroles sauf «Songbird in a cage », dont Paul McCartney sur un thème musical plutôt envoûtant mais loin d’être immortel signe les mots. Des types de haute couture comme Sebastian, Connan Mockasin ou Guy-Manuel de Homem-Christo (Daft Punk) ont composé les autres morceaux d’un CD dont on ne réussira pas à se souvenir d’une mélodie mais qui par les nappes et l’ambiance musicales qu’il dégage est assez captivant.

Les promesses de l’aube

Romain Gary est depuis quelques temps à la mode. Récemment on a écrit sur son mariage en douce avec Jean Seberg. Le doué François-Henri Désérable est parti à la recherche d’un certain Monsieur Piekielny dont on ne saura jamais s’il a existé (NDLR : v. C. Slobodansky, La promesse de l’autre, LPA du 28 nov. 2017, n°131s7). Avec Les promesses de l’aube Éric Barbier signe un film d’après le roman éponyme de Gary. On ne sera pas obligé de partager, selon la bande annonce du film, l’idée que ce roman est un chef d’œuvre pour apprécier le film. Charlotte Gainsbourg, vieillie, avec une pointe d’accent qui lui rappelle ses propres racines, y joue Mina la mère de Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew.

LPA 13 Déc. 2017, n° 131w8, p.23

Référence : LPA 13 Déc. 2017, n° 131w8, p.23

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