Un lit de princesse polonaise

Publié le 06/01/2025

Ce lit la polonaise estampillé de G. Jacob, daté vers 1780-1785, a été adjugé 50 000 €

Fraysse & Associés

Toutes les petites filles en rêvent : dormir dans un lit à baldaquin, comme les princesses d’un autre temps. Cela leur donne l’impression de pénétrer dans des contes, d’être choyées et d’imaginer qu’un prince les attend avec son carrosse pour les emmener dans un château merveilleux. Quitte à les décevoir, ces demoiselles doivent apprendre à faire un choix entre le baldaquin et le lit à la polonaise. Le premier se dit aussi lit à colonnes, car ces quatre structures, généralement directement intégrées au lit, occupent toute la longueur et s’appuient au mur par le petit côté. Elles servent à porter les voiles ou rideaux qui entourent ce lit. Ces rideaux avaient pour but de protéger du froid en hiver et aussi l’intimité des couples, lorsque plusieurs personnes dormaient dans la même chambre. Et pourquoi « baldaquin » ? Le mot est issu de l’italien « Baldacco » puis « baldacchino » signifiant petit Bagdad d’où venaient les toiles tissées dans cette région. Un lit double à baldaquin en chêne à quatre colonnes, celles de devant tournées (les parties anciennes remontées, 215 x 200 x 144 cm (intérieur)), a été adjugé 1 187 €, à Drouot, le 12 octobre 2024, par la maison Beaussant Lefèvre & Associés, lors de la dispersion du manoir de Kerleguen.

Quant au lit dit à la polonaise, plus fin et plus élégant, il est en réalité un petit lit à baldaquin plus étroit que la couche, disposant de deux dossiers identiques. Apparus au XVIIIe siècle, provenant sans doute de Pologne, ils étaient réservés aux pièces privées, c’est-à-dire les chambres. Ce qui explique qu’il était, à l’origine monté sur des roulettes et pouvait être facilement tiré par des poignées fixées sur ses deux montants avant. Ces lits à la polonaise sont relativement fréquents à être soumis aux enchères. Comme celui estampillé de G. Jacob, (Georges Jacob, 1739-1814, reçu maître en 1765), daté vers 1780-1785, qui a été adjugé 50 000 €, à Drouot, le 4 décembre 2024 par la maison Fraysse & Associés. Ce meuble (Hauteur : 349 cm – Largeur : 200 cm – Profondeur : 163 cm), qui repose sur des roulettes en bronze, a été repolychromé, et le ciel de lit probablement rapporté.

Qualifié de « tout à fait spectaculaire » par les experts du Cabinet Martel et Lencquesaing, il est un des plus remarquables de l’époque Louis XVI et appartint à cette époque au Garde-Meuble Royal. « Nous ne connaissons que peu d’exemples de lits de cette qualité de la fin du XVIIIe siècle », poursuivent Carl de Lencquesaing et Paul-Marie Martel. Nous pouvons citer le somptueux lit de l’actrice Gilda Darthy (1878-1952), aujourd’hui conservé dans les collections du Musée J. Paul Getty, après avoir appartenu à Karl Lagerfeld. On cite encore un autre lit donné à Georges Jacob, aujourd’hui conservé au Musée Cognacq-Jay. Celui-là est emblématique de la période Louis XVI. Lui aussi est placé sur roulettes et dispose de poignées en bronze permettant de le déplacer facilement. Provenant des collections du comte de Vaudreuil, il a été connu à Versailles et aux Tuileries.

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