Un officier n’est jamais en retard

Publié le 22/11/2024

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Montre au poignet, téléphone portable, horloges murales, les instruments qui nous donnent l’heure officielle sont si nombreux qu’il devrait être impossible d’être en retard dans sa vie quotidienne. Et pourtant ! Il est vrai que quelques ingénieurs bien intentionnés proposent aux populations de fixer l’heure en fonction d’impératifs politiques et économiques, ce qui a le don perturber les enfants, les vieillards et les animaux. Quoi de plus agréable que d’entendre dans la journée la cloche de l’église d’un village sonner les heures ! Dans certaines maisons, chaque pièce est ornée d’une pendule. Si celles-ci, la plupart du temps, demeurent muettes, d’autres sont régulièrement remontées et sonnent à l’heure dite. Gare à la cacophonie si elles ne sont pas réglées « pile à l’heure ». Pour notre part, nous préférons la pendulette en laiton, le plus souvent, au cadran blanc posé sur le bureau. On la nomme « pendule d’officier. »

Un modèle signé Giteau, élève de Breguet dans son coffret avec clé, a été adjugé 220 €, salle Rossini, le 14 février 2024. Comme ses sœurs, elle est caractérisée par son élégance et sa sobriété. « La pendulette d’officier est une pendule compacte, haute d’une vingtaine de centimètres, en général en laiton et rectangulaire, avec ou sans mouvement apparent, mécanique ou à quartz. Elle a toujours un cadran blanc très lisible et parfois propose aussi les phases de lune. Elle arrive qu’elle soit également dotée d’une sonnerie » précise un expert en horlogerie. Il convient de préciser, en outre, que les cadrans peuvent être aussi en laiton ou en bronze comme cet autre modèle, dans sa boîte de transport en maroquin rouge, vendu 239 €, à Versailles, le 3 novembre 2024 par la maison Osenat, Aubin Leclerc étant au marteau. Celle-ci a précisé qu’elle était pourvue de sa clef, mais que le mouvement était à restaurer, et qu’elle était marquée par de petits accidents, notamment au verre (biseauté). Il est vrai que ces « pendules à poser » ont été tellement manipulées que si elles n’ont pas été régulièrement entretenues, elles sont souvent défectueuses.

Devrait-on en tenir rigueur aux officiers ? On rapporte que l’empereur Napoléon ayant failli perdre une bataille par suite du retard de l’un de ses officiers, exigea qu’ils emportassent partout avec eux une pendule de voyage. Bonaparte, général mais pas encore Premier Consul, ni empereur, avant de partir pour l’Égypte, demanda donc à l’horloger le plus fameux de son temps, Abraham Louis Bréguet (1747-1823), de concevoir ce type de pendule. Ce fut une prouesse. Il fallait, en défiant les lois de la gravité, réduire la taille des mécanismes. Ces pendules étaient protégées par une boîte rembourrée ; elles disposaient parfois d’une sonnerie à répétition ainsi que d’un mouvement mécanique et devaient être remontées et fréquemment entretenues. Les commandes aux différents maîtres-horlogers indiquaient toujours dans leur libellé « une pendule pour officier ». C’est ainsi que le nom s’affirma.

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