Une fratrie

Qu’est-ce qu’une fratrie ? Koffi Agbenoto s’intéressait déjà à cette notion juridique dans un article mis en ligne le 20 décembre dernier sur Actu-juridique.

Les relations intrafamiliales sont souvent sources de joies, mais également de peines. Entre guerres picrocholines et non-dits, il est parfois difficile de trouver sa place dans une fratrie.

Clara Dupont-Monod, dans son dernier roman S’adapter, paru aux éditions Stock, prend le contrepied du récit familial. La fratrie est révélée par les pierres de la maison familiale, comme dans un conte, ce sont elles les témoins de cette touchante histoire de filiation.

Ces pierres vivent, autour et avec, les parents et les enfants. Ils se côtoient, elles peuvent ainsi raconter ce qui se passe entre les murs… Lorsqu’un enfant inadapté, mot pudique pour dire handicapé, fait irruption dans la maisonnée.

Que se passe-t-il pour des enfants, les frères et les sœurs de cet enfant ?

Comment se construit-on autour du handicap, comment la vie présente et future peut-elle être impactée ? Comment s’adapte-t-on ? Car là est bien la trame du récit ; chacun des enfants va s’adapter à cet autre, cet inconnu, qui ne parle pas, qui ne bouge pas, mais qui fait quand bien même partie d’eux, du tout que constitue la cellule familiale…

Comme dans tout conte, l’histoire commence simplement avec la naissance d’un beau bébé.

Mais quelque chose se trame… Des indices imperceptibles laissent penser que cet enfant est différent, alors la mère place une orange devant l’enfant. Cette scène racontée par les différents protagonistes nous interpelle, tant la simplicité des gestes et des mots fait basculer un univers entier en un instant. Les oranges auront désormais un goût amer pour toute la famille.

Ce très beau roman, pur et plein d’amour, nous touche en donnant la parole à chacun des enfants, il permet d’exprimer toute une palette de sentiments : du désarroi à la solitude, de la colère à l’amour, face à un être singulier mais qui a résolument sa place au cœur de cette famille.

Les enfants vont ainsi prendre la parole tour à tour pour évoquer leur frère, pudiquement mais sans pudibonderie, avec les détails du quotidien, la maladie, les odeurs, la souffrance…

Ce court récit nous transporte sans pathos mais avec beaucoup d’humilité au cœur d’une famille où chacun tente d’exister.