« Une histoire des images » : David Hockney–Martin Gayford

Publié le 14/08/2017

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Unique, l’œuvre de David Hockney par sa manière de « rendre » les images du quotidien. Ironique, sarcastique parfois, il peint son environnement, sa famille et la nature avec une rare fraîcheur et une palette où la couleur est expression.

Diverse est sa création ; la rétrospective du Centre Pompidou réunit un ensemble de l’œuvre de ce peintre, également dessinateur et graveur. Une possibilité de retrouver le parcours de cet artiste anglais, né en 1937, de voir son évolution depuis le Pop Art jusqu’aux mediums les plus contemporains, toujours en quête de renouveau de son expression.

Attiré par la Californie, il s’installe à Los Angeles en 1964. Dans les œuvres de cette période, il ajoute volontiers à ses peintures et dessins des papiers collés ou vignettes publicitaires. Puis il évolue et quelques années plus tard, il confère une place importante au graphisme autant qu’à la couleur. Son art devient plus intimiste, c’est l’époque des piscines aux eaux claires délicatement bleutées, peuplées de baigneurs, ainsi que celle des jardins. David Hockney aime la rigueur de la construction dont il s’évade vers 1980, où l’écriture devient plus ample dans des compositions toujours hautes en couleurs : verts, rouges, bleus forts.

Après cette période où il connaît le succès, il s’interroge sur son art et utilise moyens et supports nouveaux dans des tableaux où se confirme le bonheur de la contemplation de la nature : cela se ressent notamment dans Le Grand Canyon, largement traité en couleurs chaudes. Son art reprend toujours le thème du quotidien qu’il s’approprie et réinvente, toujours soucieux de l’image et des interrogations qu’elle suscite. C’est ainsi qu’il a partagé sa réflexion sur ce sujet avec le critique d’art Martin Gayford, dans un important ouvrage accompagné d’une superbe iconographie et qui vient de paraître à l’occasion de la rétrospective.

Il s’agit d’un dialogue passionnant qui explore le rôle de l’image depuis les dessins rupestres et tout au long des siècles, jusqu’à aujourd’hui où elles peuvent être captées par photographie, ordinateur, vidéo, téléphone. Les auteurs partent du postulat que « toute image est le récit d’un regard posé sur quelque chose ». Comment représenter le temps et l’espace en deux dimensions : les images, tableaux notamment, sont bien le résultat de cette observation du monde permettant de mieux le comprendre. Leur discussion s’appuie sur deux traditions pour expliquer l’histoire des images, celle du monde occidental, Europe, Égypte, États-Unis et celle, orientale, de la Chine et du Japon.

David Hockney et Martin Gayford font la différence entre l’histoire de l’art à travers les représentations multiples en peinture, dessin, gravure et autres mediums contemporains et l’histoire des images qui concerne le cinéma, la photographie et les nouveaux moyens d’aujourd’hui qu’utilise parfois David Hockney. Au fil des pages, on découvre des rapprochements surprenants, ainsi La Madeleine pénitente, les yeux expressifs tournés vers le ciel implorant le pardon, représentée par Titien et Ingrid Bergman dans Casablanca avec son regard lumineux intensifié par l’éclairage cinématographique ; deux moyens artistiques différents pour représenter une expression…

Les propos échangés entre les amis témoignent d’une réflexion en profondeur et la lecture en est fort enrichissante.

LPA 14 Août. 2017, n° 128w6, p.14

Référence : LPA 14 Août. 2017, n° 128w6, p.14

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