David Hockney, peintre du plaisir

Publié le 09/06/2017

D. Hockney, A bigger splash, 1967.

David Hockney. Centre Pompidou

L’œuvre de David Hockney est une œuvre intimement liée à sa vie : portraits de ses parents, de ses amis, de ses amours, les paysages du Yorkshire où il est né, les piscines californiennes. Ces thèmes composent l’essentiel de son iconographie. L’œuvre de David Hockney est autobiographique, et son parcours est celui d’un « peintre du plaisir ». Mais est-ce seulement cela ? Le commissaire de cette rétrospective, Didier Ottinger, souligne que « dès les années 1960, ses sujets sont abordés en regard d’une réflexion constante sur la redéfinition possible des lois de l’optique et du réalisme. Il ne cesse de réfléchir à la nature des principes représentatifs qu’il met en œuvre dans ses tableaux. »

David Hockney a appris le dessin à l’école d’art de Bradford. Nous sommes en 1953. Son travail d’alors est marqué par la peinture de Walter Sickert, de Stanley Spencer et par le Réalisme de son professeur Derek Stafford. Ce dernier était proche du Kitchen Sink, un mouvement d’après-guerre, considéré comme une réponse anglaise au Réalisme soviétique. Puis David Hockney a poursuivi son apprentissage, à partir de 1959, au Royal College of Art de Londres. Au cours de cette période, il a découvert l’art de Jean Dubuffet, de Francis Bacon et de Richard Smith, et il s’est intéressé à l’abstraction d’Alan Davie, défenseur de l’Expressionnisme abstrait américain. Son vrai choc toutefois, sera la rétrospective Picasso, au cours de l’été 1960, de la Tate Gallery de Londres. Ce qui l’a alors fasciné chez Picasso était sa maîtrise de nombreux styles. Cependant nous remarquerons qu’il y a dans les peintures de David Hockney deux influences marquantes : Matisse et le Réalisme américain.

À ce moment-là, ses Love Paintings ont fait clairement référence à son homosexualité. En parallèle, David Hockney a peaufiné un look de dandy, et il réalisera seize gravures de son cycle Rake’s Progress, inspiré d’une suite de peintures et de chalcographies de William Hogarth (1697-1764). En 1964, il a fui Londres et sa grisaille pour le soleil de la Californie. Sa rencontre avec une atmosphère plus ensoleillée lui inspirera des peintures hédonistes, aux tonalités pop, le plus souvent réalisées à partir de photographies. Avec ces réalisations, une reconnaissance internationale a été immédiate.

À Los Angeles, David Hockney a découvert le Polaroid et la peinture à l’acrylique. Avec cette technique, il réalisera des œuvres lumineuses et structurées aux lignes pures, aux volumes simples, aux aplats colorés, proches du photoréalisme. La légende dit qu’Andy Warhol lui suggéra l’idée des Piscines quand il vint lui rendre visite à Los Angeles.

David Hockney a aussi poursuivi ses recherches sur l’optique et la perspective centrée ou inversée. En 1984, il a entrepris une série d’autoportraits réalisés de façon systématique : chaque matin au réveil il a fixé, de jour en jour, les ravages du temps. À cette époque, il s’est intéressé à la question de la reproduction technique de ses œuvres, et, adepte des nouvelles technologies, il a utilisé l’iPhone et l’iPad. L’écran est devenu son carnet de dessins. Il a reproduit, de cette façon, des centaines de dessins, des paysages, des natures mortes et des portraits, pour les imprimer ensuite.

LPA 09 Juin. 2017, n° 127f7, p.29

Référence : LPA 09 Juin. 2017, n° 127f7, p.29

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