Une vanité fleurie

Publié le 18/11/2024
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux (Anvers 1573-1621 La Haye) Tulipes, iris, rose et muguet dans un römer posé sur un entablement
Ambrosius BOSSCHAERT le vieux (Anvers 1573-1621 La Haye)
Tulipes, iris, rose et muguet dans un römer posé sur un entablement

Ambrosius Bosschaert le Vieux (1573-1621) est, dit-on, le premier peintre à s’être consacré entièrement aux bouquets de fleurs. On sait que c’est à Utrecht entre 1616 et 1619 qu’il réalisa dans une niche ses premiers arrangements floraux. Il n’eut guère le temps de poursuivre ses recherches en la matière, car mort trop tôt sans atteindre son cinquantième anniversaire. Il composait ses tableaux, mélangeant les fleurs sans s’occuper de la réalité des différentes saisons de floraison des espèces représentées. Ces compositions étaient toutefois très appréciées en son temps. Le peintre était davantage inspiré par la beauté et la fugacité. Il aurait peint seulement une soixantaine de tableaux. L’un de ceux-là, sur cuivre, représentant des Tulipes, iris, rose et muguet dans un römer posé sur un entablement, sera mis en vente le 27 novembre 2024, par la maison Fraysse, en collaboration avec Bonhams Cornette de Saint Cyr, avec une estimation de 250 000 à 350 000 €, lors de la dispersion des collections Virginie Beytout et Jacqueline Beytout. Cette dernière qui fut propriétaire et P.-D.G. du journal Les Échos, disparue en 2006, à l’âge de 88 ans, était une femme d’influence et aussi amatrice d’art. « Cette collection ressemble à la femme hors du commun qui l’a constituée, dit le commissaire-priseur, Vincent Fraysse. Jacqueline Beytout était une femme visionnaire à la personnalité hors du commun qui fut propriétaire d’un grand titre de presse devenu incontournable. Elle fut une femme engagée, profondément humaniste, philanthrope et indépendante. Son goût éclectique et sa passion pour l’universalité la caractérisaient. »

Ambrosius Bosschaert était donc l’un des pionniers de l’histoire de la nature morte. Il commença sa formation à Anvers, mais ses parents durent fuir les persécutions religieuses, et comme de nombreux protestants émigrèrent en Hollande. Ils s’installèrent à Middelburg en Zélande vers 1587. Âgé seulement de 21 ans, il fut admis au sein de la Guilde de Saint-Luc de cette ville et en devint, plus tard, le doyen. Il signait de son monogramme AB (le B dans le A). Il ne signa qu’un tableau en toutes lettres, Bouquet de fleurs dans une arcature de pierre s’ouvrant sur un paysage. Considérant le tableau mis en vente, l’expert Éric Turquin considère que « Cette vanité, représentée sous la forme d’une nature morte, reprend différents éléments symboliques dont l’association évoque le caractère éphémère de la vie et la fragilité des choses matérielles. La vanité transmet un message moral ou spirituel à l’observateur qui est invité à renoncer aux plaisirs existentiels et à modérer ses passions. »

Il reste qu’Ambrosius Bosschaert ne cessa jamais de modifier et parfaire ses compositions. Il accompagna peu à peu ses bouquets et ses natures mortes, de fruits de coquillages et de lépidoptères. Son style sera poursuivi par ses trois fils Ambrosius II (1609-1645), Johannes (v. 1610-v. 1650) et Abraham (1613-1643), tous devenus des peintres de compositions florales, ainsi que par son beau-frère Balthasar van der Ast qui aura lui-même un atelier et plusieurs élèves.

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