65 degrés

Publié le 30/07/2019

Thon mi-cuit.

DR

Récemment ouvert en septembre 2018, le restaurant gastronomique 65 degrés fait travailler des adultes trisomiques ou autistes sous la direction d’un chef de cuisine et d’un chef de salle qui, eux, ne sont pas en situation de handicap.

Voilà une belle initiative pour une partie de la population souvent inemployée. D’une part, l’accueil par les sourires révèle un réel bonheur de travailler. Le concept est d’être un restaurant de qualité et gastronomique, là où quelques autres et louables initiatives en France telles que « Café Joyeux » se positionnent sur du « prêt à emporter » simple ou sur une formule « quiche, salade, cookie » pour le déjeuner. Exclue l’idée de venir ici par « charité » ou « condescendance » : l’établissement est gastronomique, le service soigné et le but est que le client revienne par plaisir et non par souci éthico-responsable afin de se donner une quelconque bonne conscience.

Le choix est court avec une carte à 3 plats pour 39 € (2 options à chaque fois), dont un beau mi-cuit de thon aux betteraves dans un bouillon dashi (parfaite cuisson du poisson qui a gardé sa tendresse sans être néanmoins saignant). Suivait un suprême de volaille aux morilles et vin jaune, afin de faire un petit voyage des sens en Franche-Comté, et une marquise au chocolat déroutante par sa longue forme en cigare, mais excellente car sublimée par un croustillant praliné. À associer avec un vin blanc d’Alsace, un Kaefferkopf grand cru 2016 à 7 € le verre ou 39 € la bouteille, ou un vin rouge, le Crozes Hermitage Domaine Entrefaux 2017 à 8 € le verre et 45 € la bouteille ; l’eau locale étant la Bru pétillante ou plate à 6 €.

Centre belge de la bande dessinée.

TADOR – CC By SA

Visite du berceau de l’Art nouveau à Bruxelles

Éclectique, Bruxelles séduit par la diversité de son patrimoine. Au-delà du traditionnel centre-ville, partez à la découverte de l’Art Nouveau qui naît ici fin XIXe siècle et témoigne de sa magnificence dans de nombreux bâtiments de la capitale belge.

L’Art nouveau est un mouvement architectural et artistique qui puise ses fondements dans l’univers du végétal pour ses formes, ses lignes, ses couleurs, ses luminosités. La rupture avec les styles antérieurs est radicale et la bourgeoisie issue de développement industriel de la fin du XIXe siècle s’entiche de balustrades, de rampes d’escalier, de portes, de carrelages, de vitraux, de mosaïques, de luminaires, de mobiliers aux formes singulières et harmonieuses. Les matériaux utilisés pour l’Art nouveau, tant à l’extérieur sur les façades qu’à l’intérieur des maisons sont le fer forgé, les bois précieux, le marbre et le verre. Épicentre de cet art qui dura de 1887 environ à 1910, Bruxelles fit des émules à Paris (Guimard), à Barcelone (Gaudi), à Glasgow (Mackintosh), à Vienne (Olbrich) avec toujours le même but : être au plus près d’une nature épanouie et épanouissante.

Victor Horta, Paul Hankar : les deux architectes pionniers de l’Art nouveau

Mondialement connu, Victor Horta (1861-1947) s’est imposé par ses lignes organiques comme le père et maître de l’Art nouveau. Il redessine le bâti extérieur par l’utilisation de l’acier visible en façade ; révolutionne l’espace, la lumière et le confort à l’intérieur des bâtiments.

Influencé par son père tailleur de pierres, Paul Hankar (1859-1901) s’est fait remarquer par l’aspect décoratif des façades extérieures en un style géométrique, sans se soucier de réinventer l’architecture intérieure. C’est aussi lui qui introduisit le japonisme, un art qui utilise des formes et des représentations artistiques du Japon : arbres, fleurs et plantes stylisés…

Aux courbes et contre-courbes, aux inspirations florales et aux jeux de lumière d’Horta s’opposent une conception et une expression beaucoup plus graphique et colorée d’Hankar.

Voici un parcours aux quatre coins de la ville, car il est difficile de donner un parcours « Art nouveau ». En effet, les habitations de ce style sont disséminées dans toute l’agglomération et sa périphérie. Heureusement, la plupart des architectures sont visibles de l’extérieur ; mais fort peu de maisons hélas sont ouvertes au public de manière permanente.

La maison Autrique

Premier édifice marquant d’Horta, cette maison de 1893 est un élément majeur du patrimoine Art nouveau bruxellois ; d’autant plus qu’elle vient de faire l’objet de restaurations et que l’intérieur se visite des caves aux combles.

Y aller donc pour les petits détails (rampe d’escalier, vitraux) ; la façade est un plus pauvre que d’autres en éléments architecturaux du style nouille.

• 266 chaussée de Haecht, Bruxelles.

Le MIM

Plus communément appelé l’immeuble Old England (c’était le grand magasin anglais d’antan) ; le musée des instruments de musique a été conçu en 1899 par l’architecte Paul Saintenoy. La structure repose sur des colonnes et des poutrelles métalliques ; chaque niveau s’ouvre sur de grandes baies vitrées, le but étant une belle clarté afin que le client puisse embrasser du regard tous les articles à acheter.

Ne pas oublier de monter au 10e étage pour admirer la lanterne à dôme et la vue sur la ville.

• 2 Montagne de la Cour, Bruxelles.

Le musée Horta

Sur deux parcelles de terrain achetées, l’architecte établit sa maison personnelle et son atelier en 1898 et 1901. L’Art nouveau y atteint son apogée via la richesse des vitraux, des mosaïques et des peintures murales.

En rupture totale avec le passé, Horta met à nu les structures en rendant apparentes les poutrelles métalliques et en employant du fer forgé et de la fonte.

Afin de bénéficier d’un maximum de lumière pour son atelier de dessin, Horta ouvre de larges baies, crée l’espace et rompt pour ses pièces de réception avec le modèle classique d’antan en enfilade des salons. Les différences de niveaux créent des effets de perspectives et dans le salon la cage d’escalier inonde l’ensemble de sa luminosité.

Les visites sont uniquement certains après-midis ; mais des détails vous amuseront : volée d’escalier, colonne de radiateur au rez-de-chaussée, lampadaires, miroirs aux reflets infinis, urinoir caché dans la chambre à coucher…

• 27 rue Américaine, Saint Gilles.

Les magasins Waucquez 

Tout comme La Maison du Peuple hélas détruite, cette construction est un chef-d’œuvre d’Horta sur la commande de Charles Waucquez, un homme politique et industriel qui voulait installer, entre le quartier royal et celui des grands magasins, son magasin de textiles, symbole du mariage idéal de l’art et la nouvelle société de consommation.

La façade a des allures de palais baroque et l’intérieur est un squelette d’acier qui découvre un hall gigantesque et sa verrière lumineuse, un lampadaire majestueux et un grand escalier en pierre.

La fermeture des magasins Waucquez en 1970 entraîne le bâtiment à sa ruine. Il faut attendre quelques années pour que les planches à l’effigie de Tintin, les statues de Lucky Luke et de Jolly Jumper remplacent les rouleaux de tissus et les fripes…

Aujourd’hui, les espaces accueillent l’univers très prolifique en Belgique de la bande dessinée. Et le jeune public n’est sont pas le seul à avoir les yeux brillants de bonheur en déambulant dans cette ludique scénographie !

• 20 rue des Sables, Bruxelles.

LPA 30 Juil. 2019, n° 145p8, p.23

Référence : LPA 30 Juil. 2019, n° 145p8, p.23

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