Fellini à Paris
La Cinémathèque Française
Federico Fellini, hasard ou coïncidence, est en vedette parisienne depuis quelques semaines. Inspirant le théâtre, il partage l’affiche à la Cinémathèque, le temps d’une exposition surprenante…
Fellini et Mastroianni au théâtre du Vieux Colombier. On est en 1965. Fellini a déjà tourné La Dolce Vita. Il vient de sortir Huit et demi et Juliette des esprits. Il cherche désormais à écrire et tourner un film sur l’au-delà. Cela s’appellera Le voyage de Mastorna. Sauf qu’il ne finira jamais l’ouvrage.
On se dispute encore de savoir les vraies raisons de son abandon. La veille de sa mort, il se résout à convertir le propos en bande dessinée sous les crayons du grand Milo Manara. De cette épure bien mystérieuse est née la pièce du même nom. Marie Rémond, la metteuse en scène, explique qu’elle n’a pas voulu tourner le film que Fellini n’a pu faire.
La pièce, dans cette atypique scène qu’est celle du Vieux Colombier, se concentre sur la difficulté de filmer, de mettre en scène. C’est aussi l’histoire des coulisses d’un tournage et des affres de la création.
Dans une seconde partie le propos devient plus métaphysique écho à la Divine Comédie de Dante, censé avoir inspiré dès son plus jeune âge ce thème à Fellini comme l’explique Aldo Tassone. Les acteurs sont efficaces et brillants. Laurent Lafitte campe un Mastroianni et Mastorna docile puis révolté. Fellini est véritablement incarné par Serge Bagdassarian.
Quand Fellini rêvait de Picasso. Quelle drôle d’idée qu’associer ces deux géants ? Ils ne se sont jamais rencontrés, à peine se sont-ils croisés, sans se dire un mot, au Festival de Cannes.
Rien, a priori, ne prédisposant à une exposition tricotant et tournant autour de ces deux figures artistiques. Et pourtant… Il y a d’abord cette photo derrière Fellini qui représente Picasso. Et surtout, il y a les rêves de Fellini, rêves à l’occasion desquels Picasso revient fréquemment.
Quelle signification, quel sens donner à cette présence ? Quelle prégnance et qui sait quelle influence Picasso a-t-il eu sur l’écriture et l’art de Fellini ? Quels liens établir entre les deux artistes et leurs deux univers ?
À travers les thèmes du cirque, des voyages antiques, des femmes, de la danse et de la corrida, des mythes en action, c’est à ce pari audacieux que l’exposition organisée à la Cinémathèque de Paris s’est livrée, sous la houlette de la commissaire et historienne d’art Audrey Nurcia (Matthieu Orléan en est le commissaire associé).
L’excitation du visiteur est à la hauteur de l’attente. Le pari est relevé. Et remarquablement réussi !