Jean-Michel Bernard plays Lalo Schifrin

Publié le 20/11/2018

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Il y a des concerts discrets mais qu’il ne fallait surtout pas manquer !

C’était un dimanche de novembre, dans la salle intime du Cri du Port à Marseille. Sur la scène, un piano, un orgue Rhodes aussi. Bientôt quatre musiciens allaient rejoindre Jean-Michel Bernard pour rendre hommage au grand Lalo Schifrin.

Piano solo. Jean-Michel Bernard, dit « JMB », est une pointure. Il a joué avec Schifrin et accompagné pendant plus de trois ans Ray Charles. Il offrira dans cette première partie de concert, en solo, un medley en hommage à Ray.

Après avoir commencé par du Chopin, manière de rappeler pour Lalo – comme pour lui sans doute également – qu’il n’y a pas de frontières entre les musiques, suivront une version du thème de Mission Impossible, un hommage à Francis Lai version JMB, une version de la musique du Kid de Cincinnati ; manière, au passage, de se souvenir des grands films et des acteurs mythiques, tels Steve McQueen et Paul Newman. Les plages les plus techniques, comme le Tiger Rag de Tatum, sont abordées avec une facilité confondante et originalité.

JMB joue sur tous les registres et les rythmes. Plaquant quelques commentaires au fur et à mesure des morceaux, le plaisir des anecdotes s’ajoute à celui de la musique.

Schifrin par Bernard & Co. Ses quatre comparses – ils travaillent depuis plus d’un an ensemble et cela se ressent – rejoignent le pianiste. Devant un mur de vidéos déroulant les génériques de films ou de séries, dont la musique fut signée Schifrin, ils vont partir pour un voyage réussi et endiablé.

Ce sont des musiciens de très haut niveau et comme les grands ils savent rester à leur place, n’en faisant pas trop. Ils jouent juste, facile, et complices de JMB qui passe du piano au Rhodes, transmettent le plaisir qu’ils ont d’être ensemble. On ne saurait ne pas les citer : Éric Giosserand, au jeu sophistiqué et pur à la trompette, Pierre Boussaguet (qui a signé deux albums avec Ray Brown, dont « Two Basses ») est rayonnant, François Laizeau, à la batterie, fait mieux qu’assurer. Soulignons le travail colossal et efficace de Daniel Ciampolini, aux percussions et au vibraphone (aussi au triangle, au wood-block, et au tambourin ; un vrai magasin de musique à lui tout seul !).

Avec JMB, ils enchaînent les versions musicales de Mannix, Luke la main froide, Les Félins, Magnum Force. Kimiko Ono viendra chanter sur deux morceaux. Le concert s’est terminé avec du Fats Waller, Satin Droll – jeu de mots lié aux amis Pierre Richard et Schifrin – puis un blues qui a fait se déhancher la salle.

JMB plays with Schifrin. Sorti en 2018, on retrouvera l’hommage à Lalo sur l’album, dont trois duos de piano ont été enregistrés au Capitol Studios, avec en guest stars Lalo Schiffrin lui-même et Kyle Eastwood sur « The Dirty Harry Suite » ; on adore le clin d’œil !

La London Jazz Review l’a classé meilleur album de l’année. On comprend pourquoi.

LPA 20 Nov. 2018, n° 140p8, p.14

Référence : LPA 20 Nov. 2018, n° 140p8, p.14

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