La fission
Albin Michel
10 décembre 1946, Stockholm, Grand Hôtel, Otto Hahn se prépare avant de recevoir le prix Nobel de chimie.
L’homme, vieillissant, patiente tranquillement dans la suite 301 en relisant son discours.
Il s’apprête enfin à connaître le succès pour ses découvertes sur la fission de l’atome, et compte bien profiter de ces honneurs pour en tirer les bénéfices qui viendront récompenser toute une vie de recherches.
Oui mais voilà, cette journée ne va pas vraiment se passer comme il l’attendait.
La visite surprise de son ancienne collaboratrice, Lise Meitner, va le mettre à rude épreuve…
Pourra-t-il encore aller récupérer son prix après leur entrevue ?
Le Prix de Cyril Gely relate ce huis clos, cette explication, entre un homme et une femme, collaborateurs pendant plus de 30 ans. Un chimiste et une physicienne, qui, tous les deux, ensemble, ont tenté d’élucider le mystère de la fission de l’atome et dont un seul se voit, en ce jour de décembre 1946, récompensé.
Les protagonistes fument cigarettes sur cigarettes pour l’une, et cigares sur cigares pour l’autre. L’ambiance est tour à tour aux souvenirs, aux reproches, à la haine, à la colère, elle attend des explications, elle veut la vérité, mais lui, lui révèle sa vérité !
Elle est tournée vers le passé, alors que lui, malgré son grand âge, songe à l’avenir.
La confrontation est forte, tendue : toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?
Le face-à-face entre ces deux personnages historiques, qui mettent cartes sur table, est un petit bijou.
La confrontation est menée tambour battant, le récit est rythmé, et si les personnages ne voient pas le temps filer, le lecteur non plus ne verra pas les pages défiler.
Ce livre est à lire pour connaître cette réalité historique, mais aussi pour en savoir plus sur la vie d’une femme chercheuse dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, qui plus est juive…
Le lecteur attentif comprendra mieux les ressorts de l’histoire et la course à l’armement qui régnait dans le monde à cette époque-là, mais aussi les détails sur la découverte scientifique qui permit, non sans dégâts, de mettre un terme à la Seconde Guerre mondiale.
L’heure est au règlement de comptes. Qui avait raison, qui avait tort ? Nous laisserons aux lecteurs le soin d’en juger. Mais une chose est sûre : ce livre mérite une adaptation théâtrale, tant les personnages sont bien campés et prennent vie devant vous à la lecture du livre.
Cyril Gely, déjà auteur de théâtre avec sa pièce Diplomatie, qui fut par la suite adaptée à l’écran, est, à n’en pas douter, un écrivain dont les personnages ne demandent qu’à prendre vie sur scène.