Les relations police-population
Le numéro 97 de la revue Droit & Société qui vient de paraître consacre son dossier aux relations « police-population ». Les questions de la relation police-population et des réformes susceptibles d’améliorer ce lien revêtent, aujourd’hui en France, une brûlante actualité. En effet, on assiste, depuis plusieurs années, à un accroissement des tensions entre les forces de sécurité intérieure et certaines catégories de population. Les modes de gestion de l’action policière mis en place depuis les années 2000 ont globalement eu pour effet de diminuer la proximité entre les services de police et les habitants de leurs territoires d’intervention, ainsi que de réduire l’importance accordée par les organisations policières au traitement des problèmes quotidiens de tranquillité publique qui constituent la principale source d’insécurité pour la population. L’un des principaux objectifs du projet de l’actuel gouvernement visant à créer une « police du quotidien » est précisément de restaurer ou de renforcer les liens de confiance et de coopération entre les forces de sécurité intérieures et leurs publics. Les inquiétudes relatives à la détérioration des relations police-population ne sont pas nouvelles. L’analyse des tensions police-population se situe même au cœur des premiers travaux sociologiques sur le travail policier. La critique de la « culture policière » qui caractérise les études pionnières a peu à peu laissé la place à des analyses plus nuancées, qui font apparaître un pluralisme du milieu professionnel policier quant aux types de rapports noués avec les administrés. C’est dans cette perspective pluraliste que s’inscrivent les articles du dossier.
Avec la contribution de Marie Morelle, sur la manière dont les policiers « produisent » leurs territoires d’action ; Jacques de Maillard et Matthieu Zagrodzki, sur les pratiques de contrôle d’identité dans deux villes françaises ; Christian Mouhanna, sur le nouveau Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale, adopté en 2014 et le problème de la clarification des attitudes et comportements attendus de la part des agents travaillant au contact du public ; Anne Wuilleumier, sur l’intervention de policiers-éducateurs en milieu scolaire pour y déployer une « pédagogie engagée du droit » ; Thierry Delpeuch et Jacqueline Ross, sur le lien existant entre, d’une part, les instruments qu’utilisent les organisations policières pour connaître leur environnement d’action et, d’autre part, les philosophies des rapports police-population que ces organisations mettent en pratique.