Sauvages : l’art animalier contemporain

Publié le 22/11/2018

L’atelier Grognard à Rueil-Malmaison propose de très intéressantes expositions d’art moderne et contemporain. Celui-ci est situé dans une ancienne fabrique de plaques pour la réalisation de gravures en taille-douce notamment. Transformé en 2001 en espace culturel de 650 m2, il y règne une atmosphère particulière où les œuvres trouvent parfaitement leur place.

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Actuellement, onze peintres et sculpteurs contemporains témoignent de la vitalité du thème animalier, très en vogue depuis le XVIIe siècle, et que l’on pouvait penser un peu oublié. Il n’en est rien. L’exposition Sauvages offre un panorama divers de cet art créé aujourd’hui et qui va souvent au-delà du réalisme.

Le sculpteur Pierre Yermia ouvre le parcours avec des bronzes soulignant la précarité de l’équilibre, tel ce Cerf aux pattes étirées et fragiles dans une vision plus aérienne que monumentale. Il crée une tension entre puissance et fragilité ; lorsqu’il sculpte un taureau, il lui confère une certaine élégance.

Bien différente est la démarche de Michel Bassompierre, qui synthétise les volumes réalisés en une matière lisse, propice à la caresse, sur laquelle coule la lumière. Il évoque des oursons souvent facétieux dans leurs jeux ; ils se mordent les pattes, font le dos rond et autres amusements. Très proche des animaux, l’artiste les observe au zoo, capte attitudes et expressions qu’il rend avec humour ; singes, éléphants, chevaux et autres bêtes retiennent aussi son attention.

Amoureux de la nature dans son ensemble, Bernard Frigière réalise et sculpte des animaux marins en majorité. Il présente des bronzes aux formes pures et animées, traités dans la douceur des courbes, la limpidité des lignes associées à une invention parée de rêve.

Plus nombreux, les peintres dévoilent différentes approches : on passe du réalisme à une expression très personnelle, sous-tendue parfois du souci de la préservation des animaux. C’est ainsi la démarche d’Hélène Legrand, qui à travers son œuvre animalière, se bat pour défendre et transmettre l’art pictural, avec ses émotions et ses sensations. Qu’elle évoque des méduses à l’encre de Chine ou d’autres animaux, elle exprime la vie, le mouvement, la vérité… On apprécie la précision avec laquelle Patrick François peint des chevaux : il aime s’attarder sur une partie du corps qu’il peint sous la lumière dans la vérité du dessin, le rendu du pelage. Paisible, Ninouk, un ours blanc endormi, semble avoir séduit Rémi Bourquin ; il le peint en petites touches sur un fond travaillé. Force et fragilité s’unissent dans ses représentations animales.

Avec minutie, Franz Bodo révèle les moindres détails d’un hérisson, tandis que François Blin sublime les plumes d’un pélican. Ces peintres naturalistes, observateurs et attentifs affirment la sympathique rusticité de l’animal et la grâce sous la lumière. Philippe Tallis aime le contact direct avec l’animal. Dans une matière travaillée en de grands formats, il évoque une autruche expressive et au graphisme léger. Les félins ont la préférence de Danielle Beck : chacune de ses compositions raconte une histoire et souligne l’admiration de l’artiste pour ces animaux. Elle traduit la texture des fourrures, la fidélité des expressions de ces êtres vivants et laisse une certaine place au rêve.

Un photographe, Michel d’Outremont, présente des œuvres presque diaphanes, parfois évoquant oiseaux et mammifères sauvages. Une grande douceur émane de ces clichés lumineux.

Le regard de ces artistes contemporains diffère souvent de celui de leurs aînés ; avec leurs sculptures et leurs peintures, ils dévoilent leur véritable personnalité.

LPA 22 Nov. 2018, n° 140m1, p.16

Référence : LPA 22 Nov. 2018, n° 140m1, p.16

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