Ultra moderne solitude
Julliard
Marie est chaudronnière… enfin, elle a un bac chaudronnerie en poche…
Au Havre, cela peut servir !
Oui mais voilà, elle voulait voir du monde, bouger, faire des rencontres.
Alors à 23 ans elle est serveuse, dans un bar. Pas n’importe quel bar – un café plutôt – où elle voit passer du monde dans la journée. Car ses soirées sont libres pour s’occuper de son père, chômeur et malade chronique.
Elle rêve, Marie. De pas grand-chose, des rêves à sa portée, de nouvelles baskets, et de l’amour…
L’amour, elle croit l’avoir rencontré avec Alexandre, mais quand elle voit dans son regard du mépris face à son ignorance, elle devient folle, une furie. Un acte de colère, qui va la pousser tout droit au tribunal, en comparution immédiate…
Premier délit, première inculpation. Ce sera du sursis, « le sursis n’est pas une non-punition », mais elle va devoir se tenir à carreaux et éponger ses dettes… et c’est pour éponger cette dette qu’elle devient le chauffeur du juge Doutremont.
La cohabitation entre ces deux-là dans la Ford Fiesta ne va pas être simple, mais petit à petit, l’un et l’autre vont se dévoiler, laissant tomber leur armure pour se découvrir.
Une envie d’apprendre pour elle, une envie de transmettre pour lui.
Faire face à leur solitude pour mieux écouter l’autre.
Murielle Magellan nous raconte, dans ce cinquième roman, avec un style direct et impétueux, comment les rencontres changent une vie, comment on peut sortir de sa condition, de sa solitude, pour devenir la même, mais en mieux.
Une confrontation entre Doutremont, ce juge certain de son « bon droit », qui juge en pater familias et distribue des articles du code comme des maximes de vie – comme si toutes les réponses se cachaient dans ce livre – et Marie qui, elle, accepte son sort sans trop se poser de questions, mais qui à son contact apprend, vite, très vite, et se mue petit à petit en actrice de sa propre vie, alors que jusqu’à présent elle se laissait porter par les événements.
Ce roman d’apprentissage passe par l’enseignement du droit et un juge, mais cela pourrait également passer par la découverte de soi dans un corps qui n’est pas le sien, comme c’est le cas pour Charlie, ou par l’amour des bonsaïs…
Alors que d’autres sont condamnés à rester tels qu’ils sont, car ils ne risquent rien, ne tentent rien ou n’osent pas prendre d’autres voies, d’autres chemins, détourner le sens des rivières que celles déjà toutes tracées par eux, et pour eux !
Une belle fable des temps modernes qui nous enchante.