Hommage au professeur Pierre Crocq

Publié le 09/08/2019

Pierre Crocq, avant d’être un collègue, était un merveilleux ami, rencontré lors du DEA de droit privé général de Paris 2 alors qu’il arrivait de Caen. De cette année intense et joyeuse, animée par des discussions toujours denses et stimulantes en compagnie de Dominique Heintz et Olivier Ribadeau Dumas, naquit une amitié pour la vie, amitié très vite partagée avec son épouse Dominique que nous voulons associer à cet hommage car, en l’épousant, Dominique avait également épousé la vocation universitaire de Pierre qu’elle a soutenue à chaque instant.

Pierre, en embrassant la carrière universitaire, avait mis toute sa personne au service de l’Université sans jamais compter son temps et il l’a, comme professeur, particulièrement honorée.

Pierre s’est dévoué bien sûr pour ses étudiants, toujours attentif à leurs attentes et soucieux d’améliorer et de moderniser leurs conditions d’études (il avait, par exemple, contribuer au développement de l’Université numérique en mettant en ligne deux MOOCs sur la justice). En retour, il a eu la grande joie de les voir réussir et s’épanouir, certains d’entre eux ayant d’ailleurs choisi de marcher dans ses pas en empruntant, à leur tour, la voie universitaire. L’engagement de Pierre s’est spécialement exprimé à travers les nombreuses charges qu’il a assumées avec toute la compétence, la rigueur et l’excellence que nous lui connaissions. Il a ainsi été directeur du Centre Assas, directeur du Collège de droit et responsable de plusieurs formations à Paris 2, dont deux masters 2 en formation continue, en droit notarial et en droit et fiscalité de l’entreprise. Pierre, enfin, s’était tout particulièrement investi au sein des instituts d’études judicaires, celui d’Angers d’abord, qu’il continuera à diriger, avec le sens du service qui le caractérisait, plusieurs années après qu’il avait été nommé à Paris 2, celui de Paris 2 ensuite, mettant alors son expérience et sa force de travail à disposition de tous en acceptant également la présidence de l’Association des directeurs d’IEJ.

Outre ses fonctions pédagogiques et administratives, Pierre a fait œuvre de doctrine. Chacun connaît sa thèse de doctorat, Propriété et garantie, sous la direction du professeur Michèle Gobert, publiée à la LGDJ en 1995, son ouvrage de droit des sûretés avec Laurent Aynès et ses responsabilités scientifiques au Lamy droit des sûretés mais aussi ses chroniques et sommaires, tenus de longue date, en droit des sûretés à la Revue trimestrielle de droit civil et, en droit des procédures collectives, à la revue Droit et procédures.

Rayonnant tout autant au plan international, ses écrits lui valurent, entre autres, d’animer le groupe d’experts chargé de la réforme du droit des sûretés en droit de l’OHADA. Ses liens étroits avec le Japon, pays qu’il affectionnait tout particulièrement, ont par ailleurs permis d’établir une coopération durable entre l’université Panthéon-Assas (Paris 2) et la faculté de droit de l’université de Tokyo.

Dans tout ce qu’il aura entrepris et ce, jusqu’à son dernier souffle puisqu’il était encore tout récemment sur la brèche à propos du projet de réforme des voies d’accès à la haute fonction publique, Pierre aura mis son énergie à défendre la place de l’Université. L’importante communauté de juristes présente aux côtés de sa famille le 10 juillet dernier à l’église Saint François-Xavier, collègues universitaires, magistrats, avocats et étudiants unis par cette alma mater au-delà de leurs différences personnelles et professionnelles, rendait hommage à ce qu’incarnait Pierre : la quintessence de ce qu’il y a de mieux dans notre université, alliant intelligence et dévouement. Pierre avait en plus la bonté.

LPA 09 Août. 2019, n° 147f0, p.20

Référence : LPA 09 Août. 2019, n° 147f0, p.20

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