Ile-de-France (75)

Sélim Brihi : « Nous donnons la parole à ceux qui ont des revendications juridiques »

Publié le 29/03/2022
Sélim Brihi : « Nous donnons la parole à ceux qui ont des revendications juridiques »
Logo de l’Observatoire de la justice pénale

Avocat au barreau de Paris, Sélim Brihi exerce principalement en contentieux, en droit pénal des affaires et en droit pénal.  Il préside depuis janvier 2021 l’Observatoire de la justice pénale situé à Paris (75), qui se veut un agitateur d’idées sur différents sujets de société liés au monde pénal. Rencontre.

Actu-juridique : Qu’est-ce que l’Observatoire de la justice pénale ?

Sélim Brihi : L’Observatoire de la justice pénale est un think tank, consacré exclusivement à la matière pénale et à ses ramifications : de la procédure pénale au droit carcéral en passant par le droit pénal du travail, le droit pénal financier, le droit pénal de l’environnement, etc.  Il a vu le jour en 2016, peu après la promulgation de l’État d’urgence, et est en prise depuis lors avec ce contexte de restriction des libertés collectives et de rassemblement qui s’est accru avec la pandémie. L’OJP souhaite réunir tous les amoureux de la matière pénale. Il a pour but de permettre une rencontre entre les étudiants, le barreau et les différents acteurs du monde pénal  : le surveillant pénitentiaire, l’enquêteur, le criminologue, l’universitaire, le militant, le responsable associatif, les élus etc. Confronter les points de vue d’un juriste, d’un enquêteur, d’un journaliste ou d’un écrivain est d’une grande richesse. L’OJP tente de favoriser cette rencontre des expériences et des expertises pour en extraire le meilleur. Nos contributeurs s’expriment sous différentes formes : tribune, article sur une question académique, interviews de magistrats et de professionnels du droit. Parmi nos dernières publications : un rapport sur la rencontre entre la matière pénale et le métaverse, un travail de long terme sur les prisons ouvertes réalisé par des personnes spécialisées dans le droit carcéral, la tribune d’un contributeur qui plaide pour l’abolition du délit d’outrage vis-à-vis des forces de l’ordre… Nous sommes là pour relayer des points de vue juridiques et ainsi participer à l’expression de la matière pénale.

AJ : Qui peut écrire dans vos colonnes ?

S.B. : Les personnes qui nous contactent apportent en permanence une once d’originalité dans les sujets choisis, et c’est ce qui nous plaît. On voit que cette proposition d’alliage entre technicité, innovation et actualité séduit dans le monde des pénalistes. L’Observatoire est toujours ouvert à de nouveaux contributeurs. Il suffit d’écrire à l’adresse indiquée sur le site pour proposer un projet. Certains nous contactent avec une idée très arrêtée et la volonté ferme de défendre une position. D’autres souhaitent écrire, sans savoir sur quoi. Dans ce cas, nous les accompagnons, délimitons avec elles le sujet et son champ d’application.

AJ : Que représente l’OJP pour les étudiants ?

S.B. : Le droit pénal est une matière irriguée par plusieurs spécialités, dans laquelle on apprend constamment. Elle offre une résonance entre droits fondamentaux et aspects procéduraux. Pour cette raison, elle est pour moi la matière la plus riche, tant sur la forme que sur le fond.  Elle fait rêver beaucoup d’étudiants. Ces derniers, en plein apprentissage de la matière pénale et des procédures, ont souvent des choses très pertinentes à dire. Leur point de vue est parfois même plus complet que celui des praticiens aguerris ! Ils ont envie de pouvoir s’exprimer dans un registre autre que celui, académique, des dissertations, des commentaires d’arrêt ou des notes pour chargés travaux dirigés. À l’OJP, ils peuvent choisir leur sujet, et prendre des positions parfois assez franches. Nous faisons des relectures de forme mais nous ne censurons rien. Cette liberté dans l’écriture est rare et séduisante quand on est étudiant. Toutes les personnes qui contribuent à l’Observatoire expriment leurs idées comme elles le souhaitent.

AJ : Qu’est-ce que le prix René Floriot ?

S.B. : Nous avons créé ce prix en 2021. Ce prix avait pour but de récompenser les meilleurs mémoires d’étudiants en Master 2.  Il a rencontré un succès intense : nous avons eu plus de cinquante candidatures. Le jury a réuni des professeurs – Haritini Matsopoulou, Philippe Bonfils, Élisabeth Fortis, Jean-Christophe Saint-Pau, Édouard Verny et Jocelyne Leblois-Happe – et des avocats – Me François Saint-Pierre, Me Géraud Mégret et Me Robin Binsard. Le prix René Floriot étant une édition unique 2021, l’OJP est actuellement en train de solliciter des avis externes pour l’organisation d’un événement en 2022 réunissant plusieurs acteurs du droit pénal.

AJ : Vous dites vouloir faire bouger les lignes. Dans quel sens ?

S.B. : Faire bouger les lignes, pour nous, c’est d’abord rappeler la place des droits fondamentaux dans notre société. C’est donner l’impulsion nécessaire pour sensibiliser le plus grand nombre aux questions pénales, en les rendant plus lisibles, et rendre aux citoyens ces problématiques primordiales pour l’avenir de la démocratie et de l’État de droit. C’est aussi donner la parole aux personnes qui ont des revendications, non pas politiques – nous sommes apartisans – mais juridiques, à l’instar des prisons ouvertes, un sujet trop peu abordé. Dans l’imaginaire collectif, les prisons ouvertes sont vues comme une utopie,  alors que, comme le souligne le rapport publié sur notre site, les acteurs de premiers plans nous montrent que c’est une solution pérenne pour prévenir la récidive. Sur tous ces sujets, nous voulons apporter l’éclairage du pénaliste, fondamental pour la société.

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