Noisy-le-Grand accueille une nouvelle structure d’accompagnement vers la sortie
À Noisy-le-Grand, une nouvelle structure d’accompagnement vers la sortie a été inaugurée en mai dernier. Les premiers détenus sont arrivés cet été dans ce « parti pris architectural ».
La nouvelle structure d’accompagnement vers la sortie (SAS) de Noisy-le-Grand (93) faisait partie du programme 15 000 places lancé en 2018 par le ministère de la Justice. L’Agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ) explique que le concept de SAS « se distingue par des caractéristiques architecturales et fonctionnelles affirmant l’image d’une structure de transition entre la vie carcérale et la vie civile ». Pour la construction de ce nouvel établissement, un cahier des charges avait été fixé avec des principes communs aux quatorze autres structures du territoire : aménagement des espaces intérieurs, traitement des enjeux de sécurité ou encore d’intégration urbaine. L’APIJ ajoute que « ces prescriptions architecturales répondent à un double souci d’intégration des SAS à leur environnement et d’apaisement de la vie en détention tout en garantissant un niveau de sûreté ».
Un concept architectural
C’est le cabinet Champenois Architectes qui a eu la charge de la maîtrise d’œuvre, avec pour mandataire Bouygues Bâtiment Île-de-France. Sur leur site, les architectes expliquent leurs intentions : « Nous avons interprété cette fonction du bâtiment au travers des thématiques du seuil, de la limite, du franchissement, du rapport entre intérieur et extérieur, et des actions qu’elles suscitent de la part des détenus. » Ils poursuivent : « Dans les enclos on se sent à l’extérieur du quadrilatère contrairement aux patios qui sont à l’intérieur de la composition. Ou encore le passage quotidien par la circulation principale qui pourrait être intérieure mais qui est à l’air libre et qui est agrémentée de jardins d’ornement : une autre situation pour ressentir le dedans/dehors. » Leur proposition a été, « par l’usage de ce bâtiment, d’expérimenter physiquement le franchissement entre différents milieux, comme une préparation quotidienne et progressive au dernier franchissement de la porte d’entrée principale ».
L’architecte Pierre Champenois complète : « Le parvis est structuré par une première série d’arcades, qui délimitent un espace construit de qualité, dont la vocation est de rassurer et de protéger les visiteurs. L’agencement des espaces intérieurs respecte aussi cette idée de la progressivité, avec une gradation dans l’entrée en détention, depuis la première cour bordée d’arcades jusqu’au fond de la parcelle, fermée par un mur de quatre mètres de hauteur, et inversement dans le sens de la sortie. » « Il n’en demeure pas moins que le niveau de sûreté est garanti par le déploiement de dispositifs de détection active : caméras de vidéosurveillance, gestion centralisée des contrôles d’accès, et permanence continue des personnels devant les écrans du poste protégé de la porte d’entrée principale. La présence des personnels pénitentiaires au sein de la zone en détention est par ailleurs assurée avec la mise en œuvre de surveillance par îlotage », peut-on lire dans le dossier de presse.
Inauguration en mai 2024
Alors que les travaux de la SAS de Noisy-le-Grand ont débuté en mai 2022, ils se sont terminés en deux ans, avec une inauguration en mai 2024. La SAS est dotée de 120 places, dont 30 sont destinées au quartier de semi-liberté. Ravi d’inaugurer la SAS, le garde des Sceaux de l’l’époque, Éric Dupond-Moretti, s’était rendu sur place le 2 mai dernier. Aux micros des journalistes il s’est dit « toujours content d’inaugurer », car « c’est le signe que les choses bougent ». Ce n’était pas le cas de la maire de Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny (LR), absente et opposée à ce projet depuis le début. « Après avoir lancé une pétition, j’ai toujours exprimé mon inquiétude quant à l’implantation d’une telle structure à proximité d’établissements scolaires et universitaires, soulignait l’élue auprès d’Écho d’Île-de-France. En effet, les détenus étant, pour une grande part, en régime de semi-liberté, cette situation suscite depuis le départ l’inquiétude des habitants qui ne souhaitent pas voir s’implanter cette structure sur la ville. » Éric Dupond-Moretti a répondu en assurant que « les abords d’un établissement pénitentiaire sont le lieu le plus sécurisé, grâce à la présence constante des forces de l’ordre ».
Réhabiliter et lutter contre la récidive
Les SAS ont vocation à accueillir les personnes condamnées majeures, homme ou femme, dont le reliquat de peine est inférieur ou égal à deux ans, écrouées principalement en maison d’arrêt. L’orientation des personnes détenues pouvant intégrer une SAS est établie après une évaluation par les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) et l’établissement pénitentiaire. Lors de l’inauguration, le ministre de la Justice a considéré ce nouvel établissement comme « un lieu de passage et de transition pour les détenus », avec pour objectif de revoir « les codes pénitentiaires traditionnels afin d’intégrer le bâtiment dans le tissu urbain avec l’objectif d’optimiser les partenariats avec le monde civil ». « Ces SAS visent à favoriser l’autonomisation et la responsabilisation des personnes condamnées ; elles ont pour fonction, grâce à la prise en charge proposée en ce sens, de renforcer le sens et l’utilité des courtes peines mais également d’aider à la préparation de la sortie des personnes condamnées à des moyennes et longues peines. Tous les dispositifs y sont mis en place pour favoriser la réinsertion des personnes détenues et mieux prévenir la récidive », ajoute le ministère de la Justice. Des intervenants et intervenantes sont « attendus dans le cadre des projets individuels de réinsertion des personnes détenues » et des formations seront dispensées en interne ou avec des partenaires (acteurs institutionnels et associatifs du champ culturel, de l’insertion professionnelle, de la citoyenneté, de la prévention routière ou des conduites addictives, etc.)
La prise en charge a démarré dès l’arrivée des premières personnes détenues en juillet dernier. « Par ailleurs, les personnes détenues en SAS ont accès à la plateforme de préparation à la sortie qui regroupe l’intervention des différents services compétents permettant l’accès des personnes détenues aux droits sociaux, au logement et à l’emploi (Caisse primaire d’assurance maladie, Caisses d’allocations familiales, Pôle emploi, associations…) », précise le ministère. Sur place, ce sont sept membres du personnel du SPIP (4 conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) et 1 coordinateur culturel et d’activité) et treize membres du personnel de surveillance qui sont mobilisés, en plus du personnel administratif. Selon le ministère de la Justice, cette SAS est « basée sur la responsabilisation », offrant « aux personnes détenues la possibilité d’accéder à une plus grande autonomie ». « Alors qu’en centre pénitentiaire, elles sont systématiquement accompagnées dans tous leurs déplacements, nous dit-on, elles bénéficient dans la SAS d’une liberté relative de circulation. Par exemple, dans le respect des horaires fixés par la direction, les personnes détenues peuvent entrer et sortir librement de leur cellule, se rendre dans la cour de promenade ou s’inscrire aux différentes activités mises en place par le SPIP et les personnels de surveillance. Les personnes détenues peuvent également rencontrer le personnel médical selon leurs besoins. L’accès aux autres secteurs de la SAS est soumis à un contrôle d’accès individualisé, grâce à un badge paramétré en fonction des marges de manœuvre qui leur sont octroyées par leur projet individuel de réinsertion. »
Le département de la Seine-Saint-Denis accueillera un autre établissement pénitentiaire d’ici 2027 : une maison d’arrêt de 705 places à Tremblay-en-France. Pour le reste des SAS prévues, deux autres centres devraient ouvrir cette année, à Colmar et Toulon.
Référence : AJU015b8