Hauts-de-Seine : Meudon innove pour adapter la ville au changement climatique

Publié le 18/12/2024
Hauts-de-Seine : Meudon innove pour adapter la ville au changement climatique
Félix Potuit, Public domain, via Wikimedia Commons

Pour mieux identifier les îlots de chaleurs urbains sur son territoire et leur évolution, la ville de Meudon table sur une technologie radicalement innovante.

Le changement climatique renforce la nécessité de mieux identifier localement dans les grandes agglomérations les zones les plus sujettes à l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU), facteur aggravant lors d’une vague de chaleur.

L’ICU, un phénomène climatique

Phénomène climatique, l’îlot de chaleur urbain se caractérise par des différences de températures : ces températures sont plus élevées en milieu urbain que dans les zones rurales environnantes. L’îlot de chaleur urbain est engendré par la ville, sa morphologie, ses matériaux, ses conditions naturelles, climatiques, météorologiques, ses activités. En retour, il influence le climat de la ville (températures, précipitations), les taux et la répartition des polluants, le confort des citadins, les éléments naturels des villes. L’îlot de chaleur urbain est un facteur aggravant des vagues de chaleur et en particulier des épisodes de canicule. Or avec le dérèglement climatique, les vagues de chaleur et épisodes de canicule tendent à se multiplier. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain vient amplifier ces épisodes climatiques, notamment la nuit, en limitant le refroidissement nocturne en ville. On peut ainsi observer des écarts importants de température entre Paris et les zones rurales : jusqu’à 10 °C lors de la canicule exceptionnelle de 2003.

Un enjeu dans les Hauts-de-Seine

C’est donc une donnée urbaine stratégique à prendre en compte dans la conception et la gestion de la ville. Très urbanisée, la région francilienne est particulièrement vulnérable à ce phénomène. D’après les chiffres de l’Institut Paris Région, plus de 3 685 000 Franciliens, soit 31 % de la population régionale, résident dans des îlots considérés comme fortement vulnérables à la chaleur, dont 845 000 personnes particulièrement sensibles à ce phénomène en raison de leur âge : enfants de moins de 5 ans et personnes âgées de plus de 65 ans. Dans les Hauts-de-Seine, la cartographie des îlots de chaleur et des îlots de fraîcheur (IFU), dressée par le département R&D de Verdi Ingénierie montrent de grandes disparités entre les différentes communes du département. Ainsi, 92 % des habitants de Levallois-Perret, comptant près de 68 000 habitants avec une densité de près de 28 000 habitants/km2, résident dans des ICU. En revanche, à Asnieres-sur-Seine, comptant 88 500 habitants et affichant une densité de 18 300 habitants au km2, le taux de bâtiments exposés est moindre, affectant tout de même 71 % de la population. Le territoire présente donc de fortes disparités au sein des villes densément peuplées, essentiellement causées par des taux de végétalisation très différents. Ces disparités sont encore plus marquées pour les communes dont la densité urbaine est plus faible. Chatenay-Malabry, Chaville, Clamart, Garches, Le Plessis-Robinson, Marnes-La-Coquette, Meudon, Rueil-Malmaison, Saint-Cloud, Sceaux, Sèvres, Vaucresson, Ville d’Avray se singularisent par la présence marquée d’îlots de fraîcheur, parfois très étendus. En revanche, des villes comme Levallois-Perret, Vanves, Puteaux, Montrouge, Malakoff, La Garenne-Colombe, Issy-Les-Moulineaux, Courbevoie, Clichy, Boulogne-Billancourt présente des surfaces nombreuses et étendues d’îlot de chaleurs urbains et trop peu de zones d’îlots de fraîcheur.

Meudon une ville engagée dans la transition climatique

La cartographie de ces ICU et IFU est un outil essentiel pour piloter une lutte efficace contre le réchauffement climatique en milieu urbain. C’est le pari commencé par la ville de Meudon, qui utilise la technologie de simulation pour identifier les îlots de chaleur urbains (ICU) présents sur son territoire. Cette expérience inédite est fixée à l’agenda de la ville depuis septembre 2024. Il s’inscrit dans la politique environnementale d’une commune résolument engagée dans la transition climatique. La ville fait évoluer son territoire en réduisant son empreinte carbone. Elle affiche la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité comme ses priorités. À cet effet, Meudon multiplie les opérations de désimperméabilisation de l’espace public. Depuis 2019, 20 000m² ont été désimperméabilisés

Favoriser le développement d’îlots de fraîcheurs urbains

Non seulement cette politique permet de favoriser l’infiltration des eaux de pluie, mais elle permet également de réduire les îlots de chaleur et donc de gagner jusqu’à 5° C en période de canicule. La place Rabelais et ses fosses végétalisées qui relient les pieds d’arbres illustrent cette politique. Cette lutte contre l’artificialisation des sols s’applique aussi dans les cimetières municipaux, espaces traditionnellement très minéraux. La ville y engazonne les allées, végétalise les murs et plante des arbres. En parallèle, d’ambitieux projets de transformation des espaces minéraux en îlots de verdure sont menés. En cours ou à venir, la végétalisation des places Tony de Graaff et Simone Veil, et du parvis du Centre d’art et de culture témoigne de l’engagement de la ville. La lutte contre les îlots de chaleur se mène aussi dans les écoles. Chaque année, deux cours d’école sont végétalisées pour offrir aux enfants un environnement plus agréable. Avec 8 000 arbres recensés, dont 400 plantés en 2023 et 200 arbres remarquables, la ville dispose d’un patrimoine naturel très riche. Il est le résultat d’une politique volontariste de préservation et d’adaptation de la végétation. Ce patrimoine vert favorise le développement d’îlots de fraîcheurs urbains.

Monitorer l’évolution des îlots de chaleur urbains

Grâce à son partenariat avec Dassault Systèmes, Meudon utilise la technologie de simulation pour créer le jumeau virtuel de trois espaces publics, où des projets d’aménagement sont en cours en vue de les transformer en espaces plus verts. Les simulations visent à calculer et évaluer la circulation d’air et la température dans ces trois sites. Elles prennent en compte différentes conditions météorologiques à différents moments de la journée en intégrant les bâtiments, les arbres, les routes, le sol, le vent, la lumière du soleil et d’autres facteurs dans le jumeau virtuel. Ces simulations permettront d’éclairer, à l’aune de la science, les orientations d’aménagements futurs des espaces publics de la ville, le tout en fournissant aux responsables municipaux des indications concernant l’atténuation de ces phénomènes d’îlots de chaleur. En ville, la chaleur stockée est plus importante. Le modèle d’urbanisation, les revêtements des sols, la carence de végétalisation ou d’eau dans les espaces publics sont autant de facteurs qui empêchent l’espace urbain de se refroidir. Les hauts immeubles et la densité des murs freinent la circulation de l’air, et le bâti emmagasine la chaleur. Des matériaux de construction comme le béton, la brique ou la pierre captent aisément la chaleur le jour, par le rayonnement solaire, et la restituent progressivement dans l’atmosphère la nuit, empêchant l’air de se refroidir, soulignent les experts de Météo-France…

Le département mise sur des îlots verts

Afin de lutter contre les îlots de chaleur, le département réaménage progressivement les cours des collèges publics. Plus vertes et plus accueillantes, les cours nouvelle génération participent aussi à l’amélioration du cadre de travail des 74 000 collégiens altoséquanais. Ce projet ambitieux est inscrit dans l’Agenda 2030 du département.

40 millions d’euros, c’est le budget investit par le département des Hauts-de-Seine pour son programme de végétalisation des cours de collèges. Lancé en 2022, suite à une concertation avec les collégiens, ce dispositif vise à la fois à améliorer le quotidien des élèves, offrir des zones de détente aux enseignants et personnels logés sur place et s’adapter aux enjeux environnementaux. En effet, il est une réponse performante à la lutte contre les îlots de chaleur urbains et à la réduction des apports d’eaux pluviales au réseau d’assainissement. Établissement pilote, le collège Jean-Macé à Clichy-la-Garenne a inauguré son îlot vert fin 2021. D’ici 2027, 38 collèges publics des Hauts-de-Seine seront réaménagés.

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