L’agglomération de Saint-Germain Boucles de Seine s’engage pour la protection de la biodiversité en forêt
Forts de leur premier partenariat, les élus de la l’agglomération de Saint-Germain Boucles de Seine et les équipes de l’agence ONF Île-de-France Ouest ont construit une nouvelle convention pour l’entretien des forêts de Saint-Germain et Marly gérées par l’ONF, avec comme objectif principal : renforcer la biodiversité.
La perte de biodiversité s’intensifie à l’échelle mondiale, conduisant à l’extinction rapide de nombreuses espèces animales et végétales.
Financement de la protection de la biodiversité : les acteurs publics en première ligne
La COP16 qui s’est tenue à Cali (Colombie), du 21 octobre au 1er novembre 2024, a permis certaines avancées, mais a échoué à parvenir à un accord global sur le financement de la protection de la biodiversité. La question du financement est en effet cruciale pour protéger efficacement la biodiversité. En France, les opérateurs de l’État, sont les premiers financeurs de la biodiversité. Selon un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) de novembre 2022 sur le financement de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) pour 2030, on recense près de 4,7 milliards d’euros de dépenses publiques directement favorables ou en lien avec la biodiversité. Ces financements proviennent en majorité de l’État et de ses opérateurs (57 %), des collectivités (40 %) et des fonds européens (3 %). De plus en plus de collectivités locales intègrent la protection de la biodiversité comme une priorité dans leur budget.
L’exemple de l’agglomération de Saint-Germain Boucles de Seine
Le département des Yvelines (78) a gardé, en dehors de certaines zones urbanisées, un caractère rural et préservé ce qui en fait un réservoir de biodiversité en Île-de-France. L’agriculture occupe près de la moitié de la surface et les bois environ 30 %, avec notamment de grands massifs forestiers issus des anciennes forêts royales de Marly et Saint-Germain-en-Laye. En Île-de-France, ces espaces forestiers représentent des espaces de reproduction, de nidification ou encore de réservoir de nourriture indispensables à la faune sauvage. Depuis 2019, ces forêts de Marly-le-Roi et de Saint-Germain-en-Laye font l’objet d’un programme de préservation mené par l’agglomération de Saint-Germain Boucles de Seine et l’ONF. L’agglomération de Saint-Germain-en-Laye qui regroupe 19 communes, s’apprête à verser 400 000 euros pour protéger la biodiversité dans les forêts de Saint-Germain en-Laye et Marly-le-Roi dans le cadre de sa nouvelle convention 2024-2027 signée avec l’Office national des forêts, (ONF), gestionnaire des sites. L’ONF abondera de 100 000 euros cette opération.
Des massifs forestiers réservoirs de biodiversité
À 20 km à l’ouest de Paris, la forêt de Marly est insérée dans un paysage urbain entre Saint-Germain-en-Laye et Versailles. Ce massif de 1 749 hectares est composé presque exclusivement de feuillus, où chênes et châtaigniers dominent. Cette forêt domaniale abrite une cinquantaine de mares offrant des conditions favorables à la présence d’une flore et d’une faune très riches : salamandre tachetée, libellules, triton alpestre, grenouille rieuse… Classé ZNIEFF (Zone d’Intérêt Écologique Faunistique Floristique et paysager) sur l’ensemble de sa surface, ce massif forestier abrite plus de 80 espèces d’oiseaux. Dans la forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye, le chêne et le hêtre, les deux essences principales, sont complétés par d’autres essences : charme, châtaignier, érables, bouleau, arbres fruitiers… Ce massif forestier abrite une faune (bécasse des bois, bondrée apivore, faucon hobereau, blongios nain…, et une flore très riches. Les milieux ouverts (ancien champ de tir, ancien hippodrome) et les points d’eau (étang du Corra) jouent un rôle très important dans le maintien de la diversité des espèces. La totalité de la forêt est classée ZNIEFF. Le corridor écologique entre les deux forêts de Marly et Saint-Germain permet aux populations de chevreuils et de sangliers de circuler entre ces deux massifs forestiers.
Protéger le patrimoine forestier
Un budget de travaux de 500 000 euros est prévu sur quatre ans pour cette nouvelle convention. Cette dernière se donne pour objectif de restaurer les milieux ouverts : ces milieux sont particulièrement rares en Île-de-France et pourtant ils abritent une richesse inestimable. Grâce à la convention, les forestiers de l’ONF vont pouvoir mettre en œuvre le plan de gestion favorable à cette typologie de milieu : fauchage tardif, création d’une prairie fleurie, plantation de fruitiers, lutte contre les espèces invasives envahissantes dont le cerisier tardif, qui étouffe une partie de ces écosystèmes. La châtaigneraie historique de Marly est un héritage du roi Louis XIV qui ordonna la plantation de ces châtaigniers afin de nourrir la population en période de famine. À la suite d’une étude paysagère, d’un inventaire et d’un diagnostic phytosanitaire des châtaigniers, ces arbres encore sur pied et dont certains ont plus de 300 ans vont bénéficier de travaux de sécurisation et de paysage afin de mettre en lumière ce patrimoine historique.
Valoriser les milieux humides
Il est également prévu d’accorder une attention particulière aux milieux humides, nombreux dans ces massifs, en établissant un plan de gestion des mares : il s’agit de mieux connaître ces milieux en réalisant des études et inventaires de la faune et de réaliser les travaux nécessaires à leur maintien dans l’environnement forestier. Au sein du massif de Marly, la convention va permettre de poursuivre les travaux d’entretien, de curage et de mise en lumière préconisés par le plan de gestion des mares, avec en parallèle des suivis écologiques (analyse ADN environnemental, suivi amphibiens et faune) pour une vingtaine de mares aux enjeux écologiques forts. Le trafic routier dans le massif forestier de Saint-Germain-en-Laye rend difficile certains mouvements de la biodiversité telle que la migration des amphibiens. L’ONF va réaliser une étude afin de comprendre ce flux migratoire et mettre en place les actions nécessaires pour limiter le phénomène (installation de gîtes terrestres). Enfin, afin de faire de l’étang du Corra un site résilient au changement climatique, l’ONF prévoit de fermer l’un des deux parkings permettant de garantir une certaine quiétude du lieu. La plantation d’essences adaptées au réchauffement climatique là où la forêt n’arrive plus à s’implanter est également au programme. Des travaux de protection seront mis en œuvre afin de préserver les berges de l’étang et de favoriser la nidification des oiseaux : l’étang du Corra est un site emblématique de la forêt, plébiscité par le public, mais aussi un lieu à haute valeur écologique puisqu’il s’agit d’une réserve ornithologique.
Référence : AJU016m6