Le rôle stratégique de l’OFB dans la protection de la biodiversité
Acteur-clé dans la stratégie nationale de préservation de la biodiversité, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) vient de terminer sa campagne nationale de contrôle destinée à prévenir les atteintes à la biodiversité et sensibiliser les usagers aux enjeux écologiques dans ces espaces naturels protégés.
La France possède un patrimoine naturel exceptionnel : avec la métropole et les territoires d’outre-mer, elle est présente sur deux continents et dans tous les océans, sauf l’Arctique. C’est le deuxième espace maritime du monde avec plus de 10 millions de km2. Plus de 180 000 espèces sont recensées en métropole et outre-mer, soit 10 % de la biodiversité mondiale ou diversité biologique, qui est composée de l’ensemble du vivant existant à la surface de notre planète. Elle abrite plus de 21 000 espèces endémiques, principalement en outre-mer selon l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).
La notion de biodiversité
Le concept de biodiversité est récent. Il est utilisé pour la première fois en 1985, lors de la préparation du Forum américain sur la diversité biologique, et est repris dans le titre du compte rendu de ce forum, en 1988. Lors du Sommet de la terre de Rio de Janeiro, en 1992, avec la mise en place de la Convention internationale sur la diversité biologique (CDB), le terme de biodiversité est consacré. Il recouvre tout à la fois l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.) ainsi que toutes les relations et interactions qui peuvent exister, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes et d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Environ 1,8 million d’espèces différentes ont été décrites sur notre planète, dont 280 000 dans les mers et les océans. Les spécialistes estiment que 5 à 100 millions d’espèces peuplent la Terre alors qu’ils décrivent, chaque année, environ 15 000 espèces nouvelles. Et leur travail de recensement est loin d’être terminé.
Sixième extinction de masse
Depuis le début du XVIe siècle, plus de 320 espèces se sont éteintes. La population des espèces restantes a diminué de 25 %. Les activités humaines entraînent des conséquences dramatiques sur la biodiversité. Les experts estiment que le rythme actuel de disparition des espèces est 100 à 1 000 fois supérieurs au taux naturel d’extinction. Environ 1 million d’espèces seraient menacées. De nombreux scientifiques évoquent d’ailleurs une sixième extinction de masse des espèces, la dernière en date étant celle des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Mais la crise actuelle qui menace la biodiversité est beaucoup plus rapide et elle est quasi exclusivement liée aux activités humaines. Et la première cartographie de l’état de la biodiversité, réalisée par l’Unesco en août 2023, met en évidence l’impact du réchauffement climatique sur les espèces. Chaque augmentation d’un degré Celsius de la température mondiale double le nombre d’espèces menacées. D’autres facteurs comme la pollution des eaux, l’artificialisation des terres, le réchauffement climatique constituent également une menace pour la biodiversité.
La biodiversité s’érode en France
En dépit des politiques et des actions entreprises pour préserver la biodiversité, celle-ci s’érode en France. Sur l’ensemble du territoire national, environ 590 000 ha de milieux naturels et de terrains agricoles ont été artificialisés entre 2006 et 2015. Cela équivaut à la superficie d’un département comme la Seine-et-Marne. La France se situe parmi les dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées selon la Liste rouge des espèces menacées 2018. La dégradation de la biodiversité aura un impact négatif sur l’activité économique. L’effondrement des principaux écosystèmes coûtera d’ici à 2030, 2 700 milliards de dollars chaque année à l’économie mondiales, soit 2,3 % du PIB mondial, d’après une étude publiée en 2021 par la Banque mondiale.
Protéger la biodiversité
La 15e conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15), qui s’est tenue à Montréal, en 2022, a défini un nouveau cadre mondial pour avancer sur la voie de la régénération de la biodiversité. Son objectif consiste à restaurer au moins 30 % des écosystèmes dégradés d’ici à 2030. La COP 16 qui s’est tenue à Cali (Colombie), du 21 octobre au 1er novembre 2024, a échoué à parvenir à un accord global sur le financement de la protection de la biodiversité. La question du financement est en effet cruciale pour protéger efficacement la biodiversité. En France, les opérateurs de l’État, sont les premiers financeurs de la biodiversité. Selon un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) de novembre 2022 sur le financement de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) pour 2030, on recense près de 4,7 milliards d’euros de dépenses publiques directement favorables ou en lien avec la biodiversité. Ces financements proviennent en majorité de l’État et de ses opérateurs (57 %), des collectivités (40 %) et des fonds européens (3 %).
La stratégie nationale pour la biodiversité
La richesse du patrimoine naturel français et les menaces qui pèsent sur son devenir confèrent à la France une responsabilité particulière en matière de biodiversité. La stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) est la concrétisation de l’engagement français au titre de la Convention sur la diversité biologique. Après la loi relative à la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été promulguée le 9 août 2016. Elle a inscrit dans le droit français une vision dynamique et renouvelée de la biodiversité qui vise à protéger les espèces en danger, les espaces sensibles et la qualité de notre environnement, tout en faisant de la biodiversité un levier de développement économique. La gestion et la protection des milieux naturels, de la flore et de la faune reposent sur un large éventail d’outils qui permettent d’adapter les réponses à la diversité des enjeux et des problématiques rencontrés sur le terrain et peuvent s’articuler pour renforcer l’efficacité de la gestion et de la protection. La création d’une aire protégée, la délimitation d’une zone d’inventaire ou encore l’acquisition d’espaces naturels à gérer relèvent, en fonction de l’outil considéré, de l’État ou d’une collectivité territoriale.
Le rôle stratégique de l’OFB
Établissement public dédié à la sauvegarde de la biodiversité, l’Office français de la biodiversité (OFB) est chargé de la protection et la restauration de la biodiversité, en métropole et dans les Outre-mer. Créé au 1er janvier 2020 par la loi n° 2019-773 du 24 juillet 2019, l’OFB est sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques et du ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Il a pour missions la surveillance, la préservation, la gestion et la restauration de la biodiversité terrestre, aquatique et marine, ainsi que la gestion équilibrée et durable de l’eau, dans l’Hexagone et les Outre-mer. Il est chargé de développer la connaissance scientifique et technique des espèces, des milieux et de leurs usages, de surveiller et de contrôler les atteintes à l’environnement, de gérer des espaces protégés, d’appuyer la mise en œuvre des politiques publiques, et de mobiliser l’ensemble de la société, acteurs socio-économiques comme citoyens. En 2019, le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a identifié 5 causes majeures du déclin de la biodiversité : la destruction et la fragmentation des milieux naturels ; la surexploitation des ressources naturelles (surpêche, déforestation, etc.) ; le changement climatique ; les pollutions de l’air, de l’eau et des sols ; l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Lutte contre les pollutions de l’eau, protection des Posidonies en Méditerranée, des tortues marines en Guyane ou du poulpe à Mayotte, gestion de la sécheresse, préservation des haies…, les agents de l’OFB agissent au quotidien sur ces 5 facteurs d’érosion de la biodiversité.
Des actions de terrain
Face aux enjeux de biodiversité, l’Office français de la biodiversité a pour mission d’agir pour la préservation du vivant, en s’appuyant sur l’expertise de plus de 3 000 agents, dont les 2/3 évoluent sur le terrain avec, notamment, 1 700 inspecteurs de l’environnement. Les équipes de l’OFB interviennent chaque jour au cœur des territoires pour prévenir et lutter contre les atteintes à la biodiversité, mais aussi mieux appréhender les écosystèmes, comprendre leur fonctionnement et leur adaptation face aux pressions qui les entoure. Pour remplir ses missions, l’Office s’appuie sur des équipes pluridisciplinaires réparties sur tout le territoire national, dans l’hexagone et dans les Outre-mer : inspecteurs de l’environnement, officiers de police judiciaire, inspecteurs du permis de chasser, ingénieurs, experts, spécialistes, vétérinaires, techniciens, personnels scientifiques, techniques et administratifs, etc.
Bilan de la nouvelle campagne nationale de contrôles
Du 1er mai au 1er juin 2025, l’Office français de la biodiversité a mené une opération nationale de prévention et de contrôle dans les espaces naturels protégés. Il s’agissait d’une part de prévenir les atteintes à la biodiversité commises dans des territoires soumis à des règles particulières et contrôler les activités de loisir dans ces espaces naturels protégés et d’autre part de sensibiliser les usagers aux enjeux écologiques. Au total, 1 781 opérations qui ont été menées par les agents de l’OFB, soit plus de 17 118 contrôles répartis sur tout le territoire : sur les plages du littoral comme en forêt, en mer comme en montagne ou le long des cours d’eau de l’hexagone et des outre-mer. Ce nombre de contrôles est supérieur à celui de la campagne réalisée en 2024 (14 777 contrôles sur 7 semaines) et traduit la forte mobilisation des services de l’OFB. Le nombre d’infractions a lui aussi augmenté, avec 878 infractions relevées lors de cette campagne 2025. Cette augmentation s’explique notamment par le nombre plus élevé de contrôles. Pour 2025, « année de la mer », les actions de police ont été renforcées sur les littoraux et en mer, tout particulièrement au sein des parcs naturels marins. Les 1 150 contrôles menés par les services littoraux l’OFB ont porté sur le respect des règles de navigation (zones de mouillage, limitation de vitesse) afin de protéger les herbiers de zostères et limiter les nuisances. Les équipes ont également veillé à prévenir le dérangement de la faune, comme les phoques en baie de Somme. Des vérifications ont également été effectuées auprès des pêcheurs de loisir pour s’assurer du respect des tailles minimales de capture et des quotas. Au total, 356 infractions ont été relevées en milieu marin. L’opération nationale sera reconduite l’année prochaine avec les mêmes objectifs de sensibilisation et de contrôles des usages de la nature dans les espaces protégés.
Référence : AJU017n6
