Le Val-de-Marne s’engage pour la protection de la biodiversité

Publié le 03/10/2023
Le Val-de-Marne s’engage pour la protection de la biodiversité
hassan bensliman/AdobeStock

Les milieux naturels jouent un rôle primordial dans le département du Val-de-Marne, ce qui en fait un acteur stratégique dans la lutte pour la préservation de la biodiversité en Île-de-France.

La France héberge environ 10 % de la biodiversité mondiale. Elle abrite notamment plus de 21 000 espèces endémiques, principalement en outre-mer selon l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Mais elle figure aussi dans la liste des dix pays abritant le plus grand nombre d’espèces menacées à l’échelle mondiale, d’après les chiffres du ministère de l’Écologie, soit 1 301 espèces. La liste rouge de ces espèces menacées répertoriées par l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN) totalise 14 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens, 32 % des oiseaux nicheurs, 19 % des poissons d’eau douce et 28 % des crustacés d’eau douce présents en France. La première cartographie de l’état de la biodiversité de l’Unesco, publiée en août 2023, souligne la menace que constitue le réchauffement climatique pour la biodiversité. Chaque augmentation d’un degré de la température mondiale double le nombre d’espèces menacées. Dans une hypothèse d’une augmentation de la température de quatre degrés, c’est plus de 60 % des espèces qui se verraient exposées à des conditions climatiques dangereuses.

Un phénomène encore plus préoccupant en Île-de-France

En Île-de-France, le constat est encore plus préoccupant que dans le reste de la France notamment pour l’avifaune. Entre 2004 et 2017, la population d’espèces d’oiseaux vivant en milieu agricole, telles que le bruant jaune, a chuté de 44 %, plus encore qu’au niveau national (– 33 %) d’après les chiffres de l’Agence régionale de la biodiversité d’Île-de-France. À Paris, une espèce pourtant considérée encore récemment comme « commune » telle que le moineau a chuté de 73 % entre 2013 et 2016, toujours selon les chiffres de l’Agence régionale de la biodiversité d’Île-de-France. L’activité humaine est identifiée comme principale responsable de cette perte de biodiversité via l’urbanisation, l’imperméabilisation des sols, la déforestation, la destruction des habitats des différentes espèces, l’utilisation généralisée de pesticides, la pollution de l’air et des cours d’eau et le déclin des zones humides. Cela est d’autant plus vrai dans l’Île-de-France qui a 23 % de son territoire urbanisé et abrite près de 20 % de la population française pour environ 2 % du territoire. 53 % du territoire francilien est composé de milieux ouverts, en grande majorité cultivés (47 %). Ce phénomène est mondial au point qu’on parle désormais de sixième extinction de masse. D’après l’UICN, les activités humaines ont causé la destruction de 892 espèces au cours des cinq derniers siècles.

Avancer sur la voie de la régénération, une priorité pour le Val-de-Marne

Les engagements de l’accord de Kunming-Montréal, signé en décembre 2022 à la COP15 sur la biodiversité, organisée dans le cadre de la Convention pour la diversité biologique (CDB) mise en place lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, ont défini un nouveau cadre mondial pour avancer sur la voie de la régénération prévoient notamment de restaurer, d’ici à 2030, au moins 30 % des écosystèmes terrestres, côtiers et marins dégradés. Il appartient donc à l’ensemble des acteurs publics de se mobiliser pour parvenir à remplir ces objectifs ambitieux. Les milieux naturels jouent un rôle primordial en Val-de-Marne, département traversé par la Seine, la Marne ainsi que de nombreuses rivières. De même, les 2 600 ha d’espaces verts et naturels accessibles, soit 22m² par habitant, participent à la richesse de sa biodiversité. Cependant, la forte urbanisation des départements de petite couronne pousse le conseil départemental à adopter une approche globale dans sa politique de préservation des ressources.

Le rôle stratégique des espaces naturels sensibles (ENS)

La création des espaces naturels sensibles (ENS) vise à préserver, reconquérir et valoriser des sites qui présentent un intérêt écologique et/ou paysager remarquables et/ou menacés ou bien encore des champs naturels d’expansion des crues. Un espace naturel sensible val-de-marnais est un espace vulnérable protégé, propice au développement de la biodiversité, et répondant à des enjeux écologiques, paysagers et sociaux. Cet espace doit être préservé par une gestion appropriée ou restauré en vue d’accueillir du public. La liste de ces espaces comprend notamment 4 îles de la Marne. Elles offrent à de nombreuses espèces végétales et animales un habitat pour vivre et se reproduire ainsi qu’un asile aux oiseaux migrateurs. Des espèces remarquables arrivent à s’y développer en débit du caractère fortement urbanisé du développement. Ainsi la présence de plusieurs espèces protégées, comme la cuscute d’Europe, la cardamine impatiente ou le martin-pêcheur d’Europe, a entraîné la création d’un arrêté préfectoral de protection de biotope des îles de la Marne présentes sur la boucle de Saint-Maur-des-Fossés. En 2021, l’assemblée départementale a validé la création de cinq nouveaux espaces naturels sensibles (ENS). Le classement de ces 61,77 hectares supplémentaires permet de sauvegarder la biodiversité de ces sites naturels.

Renforcer la végétalisation du territoire

Avec le Plan 50 000 arbres pour le Val-de-Marne, le département s’engage à préserver le patrimoine arboré existant d’une part, et à planter 50 000 arbres sur le territoire d’ici à 2028. Des essences d’arbres nobles et locales et/ou résilientes au changement climatique sont privilégiées pour ces plantations : l’érable, le marronnier à fleurs rouges, l’amélanchier de Lamarck, le platane, le chêne, le tilleul, etc. À l’occasion de l’inauguration de l’opération, un arbre mascotte a été planté au parc de la Plage-Bleue : un chêne chevelu de Bourgogne. Le plan a pour ambition de renforcer la couverture arborée (canopée) et la végétalisation du territoire (autres dispositifs de plantations tels que les arbustes) ce qui permet notamment de favoriser le développement de la biodiversité.

Le département se mobilise également pour améliorer la qualité des milieux aquatiques val-de-marnais et atteindre les objectifs fixés par la directive-cadre européenne sur l’eau, d’ici 2027. Il assure un suivi de la qualité des cours d’eau, plans d’eau et eaux souterraines du territoire. Le département a réuni plus de quarante maîtres d’ouvrage concernés pour s’engager dans la reconquête de la qualité du fleuve en Essonne et dans le Val-de-Marne à travers le « Contrat de Bassin Seine parisienne amont 2012-2016 ».

La Bièvre : renaissance d’un cours d’eau emblématique

Depuis près de 20 ans, collectivités locales, syndicats de rivières, établissements publics territoriaux et associations s’activent à faire renaître la Bièvre, un cours d’eau de 36 km. Il s’agit de lui permettre de retrouver une bonne qualité des eaux, un lit de rivière propice à la biodiversité et de recréer une zone naturelle préservée et accessible aux habitants, permettant notamment de lutter contre les îlots de chaleur urbains en périodes de canicule, du fait du rafraîchissement procuré par l’évaporation de l’eau. La rivière de la Bièvre, affluente de la Seine, prend sa source à Guyancourt, traverse cinq départements (Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Paris) et seize communes. La Bièvre, très polluée par les activités industrielles qui s’y sont développées, a progressivement été couverte par un ouvrage en béton. En avril 2022, elle a été réhabilitée sur 600 mètres à Arcueil et Gentilly dans le département du Val-de-Marne, à l’issue d’un chantier de 27 mois. Le projet a été mené par le conseil départemental, en partenariat avec l’Établissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre, le Syndicat mixte du bassin-versant de la Bièvre et les deux municipalités. Les travaux, d’un montant de 10 millions d’euros, ont été financés par le département du Val-de-Marne, la Métropole du Grand Paris, l’Agence de l’Eau Seine Normandie et la Région Île-de-France. Cette réouverture s’accompagne d’un dispositif de renaturation du site avec notamment la plantation de 213 arbres et 220 baliveaux. En avril 2023, la Métropole du Grand Paris a annoncé qu’elle financerait la réouverture de La Bièvre à Paris dans trois communes du Val-de-Marne (L’Haÿ-les-Roses, Gentilly et Cachan) ainsi que dans une commune des Hauts-de-Seine (Anthony).

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