Les enjeux de la lutte contre la précarité énergétique dans le département des Yvelines

Publié le 04/10/2024
Les enjeux de la lutte contre la précarité énergétique dans le département des Yvelines
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La précarité énergétique n’épargne pas le département des Yvelines dont une partie du parc immobilier est ancien et bâti avant la mise en place des réglementations thermiques. La rénovation énergétique des logements qui s’inscrit dans la lutte contre la transition climatique permet d’améliorer le confort de vie des habitants et d’abaisser leur facture énergétique.

Le secteur du bâtiment a un rôle central à jouer dans l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. En France, il constitue le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et près de 45 % de la consommation d’énergie finale d’après les chiffres du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. La rénovation énergétique des logements constitue donc une priorité nationale. Rénover l’ensemble du parc résidentiel au niveau BBC pour 2050 correspond à un effort de massification de grande ampleur. « Or, les ménages n’ont pas tous les mêmes capacités financières à engager des travaux, et certains ont basculé dans la précarité énergétique », souligne une étude récente de L’Institut Paris Région (L’Institut Paris Région, Rénovation énergétique des logements : pourquoi ça patine ? avril 2023).

La vulnérabilité énergétique en France

En France, environ 3,4 millions de ménages, soit 11,7 % des ménages, sont touchés par la précarité énergétique selon l’observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Prêts et aides financières pour réaliser des travaux améliorant la performance énergétique de ces logements : afin d’enrayer ce phénomène, les collectivités publiques se mobilisent. Tout en agissant concrètement pour le climat, la réalisation de travaux de rénovation énergétique permet d’améliorer le confort des logements et de réduire la facture énergétique de leurs administrés. Selon les chiffres de l’Insee, pour 7,5 % des ménages franciliens, la facture de chauffage représente plus de 8 % du revenu. Cette vulnérabilité énergétique touche deux fois moins de ménages qu’au niveau national du fait de revenus plus élevés et de logements plus petits en Île-de-France. Néanmoins, le parc de logements y est particulièrement énergivore. Les ménages vulnérables vivent majoritairement sous le seuil de pauvreté et occupent le plus souvent des logements considérés comme des passoires thermiques. Rappelons que deux résidences franciliennes sur trois sont énergivores (étiquette E) ou très énergivores (étiquette F ou G) d’après les chiffres de l’Insee. Les deux tiers des logements les plus énergivores sont situés à Paris et dans la petite couronne. Il s’agit le plus généralement de logements anciens construits avant 1974, avant les premières réglementations thermiques.

Un enjeu pour le département des Yvelines

La grande couronne n’est pas épargnée par ces difficultés. Pour le département des Yvelines, le sujet est stratégique. Le parc immobilier y est relativement contrasté. Au nord-est, le département est très urbanisé. Au sud-ouest, il est plus rural et boisé. D’après les chiffres de la plateforme de rénovation énergétique HEERO le parc de logement est composé de 22 % de logements économes, contre 12 % de passoires énergétiques. Ces dernières se concentrent plutôt sur la partie rurale du département. La présence d’entreprises labellisées RGE, habilitée à mener des travaux de rénovation énergétique y est plus éparse. Ces dernières, qui représentent seulement 3 % de l’ensemble des artisans du département, sont en effet plutôt localisées au nord est du département (Saint-Germain-en-Laye, Versailles, Sartrouville, etc.). Les communes comportant de nombreux logements énergivores (Lommoye, Favrieux, Orsonville, etc.), se situent plutôt à l’ouest du département. Et même au nord-est du département, certaines villes dont le bâti est très ancien et difficile à rénover en raison de ses caractéristiques architecturales et patrimoniales peuvent comporter de nombreuses passoires thermiques. C’est notamment le cas de la ville de Versailles. D’après une étude réalisée par la plateforme Hello Watt, une start-up spécialisée dans l’accompagnement à la rénovation énergétique réalisée avec des données ADEME 2021, c’est-à-dire postérieures à la réforme du diagnostic de performance énergétique (DPE), cette dernière affiche un taux de 32 % de passoires thermiques, ce qui la fait entrer dans le classement des dix villes comprenant le plus grand nombre de passoires thermiques en France, derrière des villes comme Vincennes (44 %), Colombes (43 %), Paris (42 %), Saint-Maur-des-Fossés (41 %), Asnières (35 %), Levallois Perret (35 %).

Se mobiliser contre la précarité énergétique

On considère généralement qu’un ménage est en précarité énergétique à partir du moment où la part du budget qu’il consacre à l’énergie représente au moins 10 % de ses revenus. Pour sa part le législateur considère que la situation de précarité énergétique est caractérisée lorsqu’une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat. On estime que dans les Yvelines, plus de 60 000 foyers sont estimés en précarité énergétique. Avec une part de logements très anciens, en milieu rural, et des zones urbaines nées des programmes de construction d’après-guerre, non soumis aux réglementations thermiques, les difficultés à assurer ses besoins en chauffage augmentent, à mesure qu’une part des bâtiments vieillit et que les coûts contraints (essence, nourriture, …) augmentent. La récente augmentation des coûts de l’énergie de ces deux dernières années a encore avivé ce phénomène.

Un service d’accompagnement dédié

Le département des Yvelines se mobilise pour y faire face. Depuis plus de 10 ans, le département est engagé dans le programme Habiter Mieux, aux côtés de l’Anah, l’Agence nationale de l’habitat, afin de lutter contre la précarité énergétique en accompagnant les ménages modestes et très modestes dans des travaux de rénovation de leur logement. Plus de 5 000 propriétaires yvelinois en ont bénéficié. Avec le Service d’accompagnement à la rénovation énergétique (SARE), il propose désormais un accompagnement à l’ensemble des ménages yvelinois, quelles que soient leurs conditions de ressources.

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